Eric Clapton, ses blues au cœur

À 75 ans, le «Dieu» du blues se dit aujourd'hui serein, après de nombreux déboires © Isopix

Ce vendredi à 22h25 sur Arte, le documentaire «Eric Clapton : la vie en blues» brosse un portrait sans complaisance du dieu vivant de la guitare et de ses blessures.

À 75 ans, Clapton est remarié à Melia McEnery, de trente-et-un ans sa cadette et mère de ses trois derniers enfants (Sophie, Ella et Julie). Malgré un problème de surdité, le guitariste de légende mène une vie épanouie à Hurtwood Edge dans le Surrey, propriété qu’il a achetée fin des années 60.

Sur base d’archives privées, le film «Eric Clapton : la vie en blues», raconté par le principal intéressé, retrace sa vie jalonnée de tragédies personnelles et de fabuleux morceaux de blues.

Sa «maman» est sa Mamie

La première partie revient sur sa terrible blessure d’enfance (celle qu’il avait toujours appelée maman était en réalité sa grand-mère, Rose Clapp), sa virtuosité repérée avant ses 18 ans, son ascension au sein de différents groupes (Yardbirds, John Mayall et les Heartbreakers, Cream…) jusqu’à son statut de «God» au milieu des années 60, donné par un graffiti sur un mur de Londres («Clapton is God»).

«J’ai découvert le blues à la radio. Je ne savais pas que c’était de la musique noire. En tout cas, elle a apaisé ma douleur. Le jour où j’ai appris que la personne présentée comme ma sœur était en réalité ma mère, j’étais en colère. C’était comme si toute ma vie avait été un mensonge.» Sa mère ne voudra jamais de lui. Il a alors 9 ans et insiste pour avoir une guitare…

La trahison de Harrison

Cette partie se clôture sur sa passion pour Pattie Boyd, alors épouse de son ami George Harrison. «Je savais que c’était mal, George était mon meilleur ami, mais c’était plus fort que moi.» Il s’achète la propriété de Hurtwood Edge dans le Surrey, voisine des Harrison. La fête y sera permanente, avec beaucoup de cocaïne, LSD, mescaline, marijuana…

Si Pattie l’obsède, Eric accompagne George sur son premier album solo. «C’est à ce moment-là que je suis parti vraiment en vrille avec la drogue.»

Son retour sur scène en 1974 est une catastrophe. Il est alors héroïnomane. «J’ai dit des choses impardonnables sur scène. J’avais honte de moi. Je devenais fasciste et je tenais des propos racistes. Cela n’avait pas de sens. Je détestais tout, tout.»

Il finit par épouser Pattie cinq ans plus tard. Elle lui inspire l’un de ses chefs-d’œuvre, «Layla». Après une cure dans la meilleure clinique du monde, il rechute.

Déchéance et renaissance

Le doc de deux heures se poursuit sur ses addictions aux drogues et ensuite, à l’alcool. «Je n’étais pas fiable.» La naissance de Conor, son fils qu’il a avec un mannequin italien, le remet enfin sur pied. «Sa naissance m’a touché au plus profond de mon être. Il fallait que j’arrête les conneries. Je n’avais pas le droit d’abîmer quelque chose de si beau.» Il se fait soigner à nouveau dans le Minnesota. Et cela fonctionne.

Conor, 4 ans, chute d’un building

Mais le 20 mars 1991, le petit garçon de 4 ans tombe du 53e étage d’un immeuble new-yorkais. Clapton parvient à rester abstinent et se réfugie une nouvelle fois dans la musique. «Désormais, j’allais vivre pour honorer sa mémoire. Je jouais toute la journée parce que j’allais horriblement mal».

À sa mémoire, il compose et chante alors le magnifique «Tears in Heaven». Son album «Unplugged» est couronné de trois Grammy Awards. Il a vendu plus tard sa collection de guitares pour ériger un centre de désintoxication à Antigua «pour tous le gens qui n’ont pas les moyens de se soigner». «J’ai fondé aussi une famille et je suis comblé», conclut-il.

Cet article est paru dans le magazine Télépro du 31/12/2020

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici