Gautier Capuçon : «Recréer un lien fort»

Un documentaire lui est consacré ce mardi sur France 2, dans la foulée de «Prodiges» © France 2

Après avoir passé l’été sur les routes, le célèbre musicien va désigner le ou la «Prodige 2020», ce 8 décembre à 21h05 sur France 2.

Mardi, France 2 diffuse la finale de «Prodiges», présentée par Marie-Sophie Lacarrau. Le jury – la soprano Julie Fuchs, la danseuse étoile Marie-Claude Pietragalla et le violoncelliste Gautier Capuçon – aura la lourde tâche de départager neuf virtuoses pour le titre de «Prodige 2020».

Le divertissement sera suivi, à 0h35, du documentaire «Gautier Capuçon, sa tournée exceptionnelle «Un été en France»». Les caméras ont suivi le célèbre musicien à bord de son van au cours de l’été 2020… Confidences.

Au bout de sept ans, ressentez-vous toujours autant de plaisir à participer à «Prodiges» ?

Oui, sinon j’aurais arrêté ! (Rire) Cette émission m’offre un moment unique en compagnie de gamins émerveillés de partager leurs talents. Ce divertissement est aussi l’occasion de rappeler que l’éducation musicale et artistique est importante dans le développement d’un enfant. Lui donner la possibilité d’y accéder est une chance folle. Raison pour laquelle je suis ambassadeur de l’association Orchestre à l’École qui, dans le système scolaire, aide 40.000 enfants en leur distribuant des instruments.

Un candidat vous a-t-il particulièrement marqué ?

D’une année à l’autre, les candidats sont très différents. Mais tous, et pas uniquement les gagnants, m’ont marqué pour des raisons diverses. J’ai gardé le souvenir de plusieurs d’entre eux et je continue à en suivre quelques-uns. La plupart des enfants qui se sont rencontrés sur l’émission sont restés en contact et envisagent souvent des projets ensemble. C’est vraiment beau de constater que la musique peut rassembler, jusqu’à susciter des amitiés extraordinaires.

Au fil des années, le niveau des candidats a-t-il progressé ?

Absolument ! Dans ma catégorie («Instrument», ndlr), le niveau est tellement que fort j’ai vraiment éprouvé des difficultés à les départager. C’est toujours un challenge de juger et de comparer des enfants, avec des âges et des instruments différents. Au-delà de la dimension technique et instrumentale, il y a aussi la capacité et le talent du musicien à susciter l’émotion à travers le langage musical. Je suis fasciné de les voir entrer sur scène, pétrifiés par le trac, mais oublier le stress dès les premières notes au point d’embarquer le public dans leur univers.

A-t-il été facile d’intégrer la soprano Julie Fuchs dans le jury ?

Cette artiste, que je connais depuis très longtemps, que j’admire beaucoup et avec laquelle j’ai une grande complicité, est une musicienne extraordinaire. Nous avons déjà eu l’occasion de partager la scène et j’étais absolument ravi qu’elle se joigne à nous de manière naturelle.

En tant que juré, est-ce facile d’avoir un regard sur les autres disciplines ?

Non, il n’est pas simple de porter un avis sur des disciplines qui ne relèvent pas de son domaine. Mais la dimension émotionnelle est commune à tous les artistes car sur scène, il faut surtout être capable de transmettre son ressenti personnel. En outre, découvrir de façon précoce ces jeunes talents est une opportunité pour repérer les grands artistes de demain.

Avez-vous toujours désigné chaque lauréat à l’unanimité ?

Même s’il est arrivé d’exprimer quelque doute, il n’y a jamais eu de discussion houleuse. Depuis la création de l’émission, avant toute décision et en concertation avec le référent de la discipline, nous nous consultons toujours de façon collégiale et nous sommes toujours tombés d’accord sur le choix du gagnant de chaque catégorie.

Pourquoi êtes-vous animé par l’envie de transmettre votre savoir ?

À un moment donné de sa vie, on se doit de redonner le savoir qu’on a eu la chance de recevoir. J’ai eu des maîtres extraordinaires qui, pendant des années, ont consacré beaucoup de temps et de patience à s’occuper de moi. Aujourd’hui, il me semble normal de suivre leur exemple. Cet enseignement dépasse largement le cadre d’une simple relation maître-élève, c’est aussi un échange humain extraordinaire. La musique, c’est avant tout la recherche d’une émotion qui rendra l’œuvre étudiée plus forte.

L’émission sera suivie d’un documentaire sur votre tournée estivale. Pourquoi, à la fin du confinement, êtes-vous parti avec votre famille sur les routes de France pour jouer gratuitement ?

Durant le premier confinement, tous les concerts ont été annulés. Nous étions dans l’angoisse d’un avenir incertain. Pendant cette période d’inactivité forcée, j’ai imaginé le projet d’aller à la rencontre de gens au hasard des villes ou des villages afin de recréer ce lien fort dont nous avons tous besoin. Durant ce périple, j’ai fait des rencontres bouleversantes et ressenti des émotions incroyables. À travers cette tournée hors des sentiers battus, j’ai vécu des moments émouvants en échangeant avec des personnes qui n’avaient jamais assisté à un concert de musique classique.

Avez-vous toujours voulu être violoncelliste ?

J’ai toujours été convaincu que je serais musicien. Mes parents ont découvert la musique classique en assistant à des concerts gratuits et j’avais à peine 4 ans et demi lorsque j’ai ressenti un véritable coup de foudre pour mon premier violoncelle. Sans avoir aucune idée de mon avenir, dès que j’ai eu ce violoncelle entre les mains, je savais que j’allais passer ma vie avec cet instrument et dans l’univers musical. J’ai eu la chance que mon rêve se réalise.

Retrouvez-vous votre regard d’enfant, rempli d’étoiles, à travers les candidats de «Prodiges» ?

Je n’ai pas participé à ce genre d’émission, mais dans le regard brillant de bonheur des candidats, je retrouve celui du petit garçon que j’étais. Pour les gamins de «Prodiges», ce moment est encore plus magique car, pour la première fois, ils se produisent sur scène, accompagnés par un orchestre symphonique et devant des milliers de téléspectateurs.

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