Fort des succès de leurs précédentes réalisations, le duo Nakache-Toledano présentait «Hors normes» au Festival de Cannes au printemps dernier. Une histoire à nouveau forte et singulière. Télépro a rencontré Éric Toledano à l’occasion de la sortie du film en salles fin octobre.
Vous songez à porter ce sujet à l’écran depuis vingt ans. Pourquoi le faire maintenant ?
Mettre en exergue des gens centrés sur les autres, au moment où la société devient égocentrique, est un bon timing. C’était pareil pour «Intouchables» qui fut d’abord un court métrage, «À la vie, à la mort», au fond d’un tiroir. Puis, Olivier Nakache et moi avons croisé le déclencheur : Omar Sy. Ici, on rêvait de réunir Vincent Cassel et Reda Kateb. Ça a pu se faire. Quant à nous, réalisateurs, avec six fictions au compteur, nous avons osé aborder un film qui fait un peu peur.
Comment avez-vous choisi les acteurs autistes ?
Nous avons auditionné des jeunes ayant déjà une expérience en théâtre ou en impro. Pour des rôles plus importants, nous avons vu des associations qui initient les autistes aux arts du spectacle. Là-bas, il y avait le formidable Benjamin Lesieur, alias Joseph dans le film, qui fait du trapèze, du cirque, de la danse et du théâtre. Il a en lui une grâce et une poésie infinies, et a réussi à fédérer tous les autres comédiens. C’est une jolie mise en abyme de la société inclusive !
Hugo Horiot, Asperger et défenseur de ses pairs, dit que l’autisme n’est pas un handicap, mais une spécificité…
Tout à fait d’accord ! Les autistes ne sont pas des malades. C’est le propos du film ! Il faut revoir les normes. Les soignants joués par Cassel et Kateb l’ont compris : ils accompagnent les cas les plus lourds et les considèrent comme une chance relationnelle. Il est temps d’ôter les étiquettes – noirs, blancs, juifs, musulmans, etc. – et de ne penser qu’à l’humain.
Extrait d’une interview dans Télépro du 17 octobre 2019
Découvrez la bande-annonce du film :
