Le chef rebelle angolais Jonas Savimbi dans « Call of Duty »: la justice française saisie

Le chef rebelle angolais Jonas Savimbi dans "Call of Duty": la justice française saisie
AFP

Un jeu vidéo peut-il porter atteinte à l’honneur d’une personnalité historique? La famille de l’ancien chef rebelle angolais Jonas Savimbi, estimant qu’il apparaît comme un « barbare » dans le jeu à succès « Call of Duty », a saisi la justice française pour « atteinte à l’honneur », a-t-on appris de son avocate.

La filiale française de l’éditeur du jeu de tir violent, Activision Blizzard, basée à Levallois-Perret (Hauts-de-Seine), est poursuivie devant le tribunal de grande instance de Nanterre pour « diffamation », une première en France pour un jeu vidéo selon les avocats des parties.

Trois des enfants Savimbi, qui vivent en région parisienne, réclament 1 million d’euros de dommages et intérêts et le retrait de la version du jeu incriminée. Les juges civils examineront l’affaire le 3 février.

Seigneur de guerre aussi charismatique que controversé, Jonas Savimbi a pris la tête de la rébellion de l’Union nationale pour l’indépendance totale de l’Angola (Unita), lors de la guerre civile qui a ravagé l’ancienne colonie portugaise à partir de 1975. De formation maoïste mais longtemps allié des Etats-Unis contre le régime procommuniste du MPLA, il était presque toujours vêtu de son uniforme, revolver à la hanche. Sa mort en 2002 avait finalement mis un terme au conflit.

Jonas Savimbi, alors président angolais de l'Unita, le 15 avril 1995 à Gbadolite, au Zaïre

Plus de dix ans après, ses enfants découvrent le visage de leur père, en allié du héros de « Call of Duty », Alex Mason, et dans son propre rôle de chef de guerre face au MPLA, dans l’opus « Black Ops II » sorti en 2012. Mais sa représentation leur déplaît: il apparaît comme un « gros bêtasson qui veut tuer tout le monde », une image « outrancière » qui ne correspond pas à sa personnalité de « leader politique » et de « stratège », selon Me Carole Enfert.

Caricatural? L’éditeur du jeu réfute. Il estime avoir représenté Savimbi « pour ce qu’il était »: « un personnage de l’histoire angolaise, un chef de guérilla qui combat le MPLA », argumente Me Etienne Kowalski, d’autant, relève-t-il, que le jeu le montre sous un jour « plutôt favorable », en « gentil qui vient en aide au héros ».

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