Marius Colucci : «De gauche comme de droite, tous craignaient Coluche»

Le fils cadet de Coluche a aujourd'hui 43 ans © Isopix
David Barbet Animateur

Le fils de Coluche est l’invité de notre podcast #TéléproLive, à écouter au bas de cet article.

À l’occasion de la sortie en librairies de «Rigolez pas, c’est avec votre pognon !», un recueil des pensées politiques de l’humoriste disparu en 1986, Marius Colucci évoque pour nous la mémoire et le parcours de son illustre paternel.

Est-ce que cela vous surprend qu’on en parle encore aujourd’hui ?

Non pas vraiment, je suis content qu’on en parle. J’aime bien Coluche et il y a pire comme enseignement pour les jeunes. 

Pourquoi Coluche avait-il choisi d’aller au cinéma ?

Il a toujours voulu être acteur, il avait même demandé à une caissière au cinéma comment faire pour tourner dans un film. Après, s’il avait voulu vraiment faire du cinéma, il aurait pu en faire plus. 

Il y a aussi un tournant avec l’élection présidentielle de 1981. Il va se présenter et se retirer, comment a-t-il vécu cet épisode ? 

Lui, il le faisait pour foutre la m… Il se faisait censurer sur les plateaux de télévision et il voyait que les politiques pouvaient dire ce qu’ils voulaient sans être censurés donc il a voulu se présenter mais au final ça a été pire. De gauche comme de droite, tous craignaient Coluche et ils ont eu peur qu’il pique des voix. Ils l’ont beaucoup censuré et ça n’a pas du tout marché. Coluche était très vexé. 

Il y a eu des pressions politiques ?

Oui, il y avait les mecs de gauche venaient lui dire « faites attention parce qu’à droite c’est des ordures » et à droite on venait lui dire « attention à gauche c’est des salauds ». Au delà des pressions, il y avait surtout une grosse censure. 

C’est de plus en plus difficile de faire de l’humour en télévision aujourd’hui, on l’a vu avec les cas de Tex et Jean-Marie Bigard. Qu’en pensez-vous ? 

Cela dépend beaucoup de la façon dont on le fait. Quand c’est drôle, on ne peut rien dire. Si c’est gratuit, on ne veut plus de ça en France. L’humour évolue et c’est normal. À l’époque de Coluche, c’était Michel Leeb et Roland Magdane et c’est sûr qu’aujourd’hui, cela ne fonctionnerait plus. Si Coluche était là aujourd’hui, il chercherait à faire chier cette censure et à provoquer parce que c’était ça sa philosophie. 

Pourquoi vous n’avez jamais repris les Restos du cœur ? 

Ma mère s’est attelée un peu de force pour vérifier que l’on utilise à juste titre l’image de Coluche, cela l’a bien rincée. C’est beaucoup de boulot mais on s’y met avec les frangins maintenant qu’on n’a plus mon père et ma mère. Les Restos du cœur, c’est surtout les bénévoles. Concernant le spectacle, je laisse faire parce que ce sont les 30 artistes francophones les plus doués et ça marche. Je ne suis pas là pour dire oui ou non, si dans les coulisses, on trouve qu’un truc n’est pas bien, on peut le dire. 

La mort de Coluche crée des fantasmes, certains pensent à un complot. Qu’en pensez-vous ?

Personne n’aurait pris la responsabilité de faire tuer l’humoriste de France le plus connu. Si un jour, cela se sait, le mec, il est mort politiquement. Quand un type est trop important pour nous, on se dit qu’il y a un truc mais en fait non, c’est juste un accident de la route et je suis vraiment désolé. 

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