«Nico, 1988» : la fin de l’icône Nico

Trine Dyrholm prête ses traits à Nico dans ce biopic réalisé en 2017 © Arte/Dominique Houcmant Goldo

Égérie du Velvet Underground, Nico, superbe top des années 60, voulait être estimée comme une vraie artiste. Son biopic, diffusé ce vendredi sur Arte à 23h30, en témoigne.

Alain Delon n’a jamais reconnu la paternité d’Ari Boulogne, fils de la chanteuse allemande Nico (1938-1988) avec laquelle il a eu une brève liaison dans les années 60. Enfant, Ari a été élevé par la propre maman de la star du 7e art, Édith Boulogne, dont il porte le nom associé à celui de sa maman Päffgen.

En septembre dernier, la justice française s’est déclarée incompétente pour juger la demande de reconnaissance de paternité introduite par Ari. Le fils présumé a fait appel. Depuis sa naissance le 11 août 1962, il cherche à savoir qui il est.

L’héroïne a entraîné sa mère dans la mort en 1988, à Ibiza. Au terme d’une vie d’excès et de six albums solos, la rock star poétesse s’est éteinte à 50 ans. Ari touche alors le fond et fréquente les hôpitaux psychiatriques. Il renaîtra de lui-même et publiera un déchirant récit autobiographique, «L’Amour n’oublie jamais» (Pauvert, 2001).

Dans le biopic consacré à sa mère, «Nico, 1988», Ari apparaît en jeune homme mal dans sa peau. À 24 ans, il est photographe. Sa mère tente de rattraper le temps perdu. Elle l’emmène en tournée à travers l’Europe. Alimenté d’images d’archives, le film retrace les deux dernières années de sa vie, à Manchester.

En 1986, elle souhaite reprendre son vrai prénom, Christa. Elle fume sans cesse, a détruit son image iconique et vieilli prématurément. Pour elle, sa vie n’a débuté qu’après son expérience au sein du Velvet Underground, le rock band produit par Andy Warhol et dont le leader était Lou Reed.

Pas à sa place

Pourtant, vingt ans plus tôt, la presse US a élu ce splendide mannequin «plus belle femme du monde». Nico aligne les covers des magazines, séduit Coco Chanel et joue dans «La Dolce Vita» de Fellini. En 1965, elle se tourne vers la chanson, encouragée par Brian Jones (fondateur des Stones), et sort un premier titre. Charmé par sa voix sépulcrale, Warhol en fait sa muse et l’impose au sein du Velvet.

D’une beauté froide, du haut de son 1,80 m, Nico devient la «Femme fatale» de Lou Reed, l’un de ses célèbres amants avec Jim Morrison, Brian Jones, Iggy Pop, Tim Buckley… Docile, elle chantonne ce qu’on lui écrit et tape sur un tambourin. En réalité, elle n’est pas cette égérie superficielle.

À 24 ans, Nico met au monde Ari qu’elle confie aux parents de Delon. L’enfant grandit entre Bourg-la-Reine, Londres et New York où il croise la faune underground, vide les fonds d’alcool et suce des amphétamines qu’il prend pour des bonbons. Jusqu’au jour où Nico est interdite de visite chez les Boulogne. L’ado fugue pour la rejoindre. Réconciliés, ils partageront les seringues. Ari dira : «C’était une manière d’être ensemble…»

Cet article est paru dans le magazine Télépro du 11/02/2021

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