Ouh les menteurs : de petits arrangements avec la réalité

As du skateboard ? Que nenni ! Sadie Sink (21 ans) a bien «roulé» les producteurs... © Isopix

Pour obtenir le grand jeu, il faut parfois passer par quelques arrangements avec la réalité. Plusieurs célébrités n’ont pas hésité à travestir la vérité afin d’obtenir un rôle…

Mentir, simuler des émotions font partie des capacités des actrices et acteurs qui s’en servent de temps à autre dans les castings. Ce n’est pas bien méchant. Et terriblement amusant !

Menteur, menteur

Hollywood le sait et a produit des récits où le protagoniste bluffe avec brio. Jusqu’au jour où il se fait pincer. Dans «Tootsie» (1982), Dustin Hoffman incarne un artiste au chômage qui exaspère par son perfectionnisme. Il n’a d’autre solution que de se grimer en femme. Les soucis surviennent quand le menteur tombe amoureux de sa partenaire ! «Menteur, menteur» (1997) aborde le même thème, avec un Jim Carrey en robe d’avocat adepte du mensonge. Son fils formule le vœu qu’il dise uniquement la vérité durant une journée. Le sort en est jeté. Le père devient trop franc au tribunal. Mais prend conscience de l’importance de l’éthique et de la sincérité.

Comme sur des roulettes

En est-il de même, dans la vie, quand les comédiens bluffent, mus par l’ardent souhait d’être engagés ? Visiblement, oui. Puisqu’ils ont ensuite osé passer aux aveux…

Les mensonges les plus fréquents naissent lorsque les artistes doivent assurer des cascades. Sadie Sink, le garçon manqué de «Stranger Things», a roulé des mécaniques lors des auditions. La production cherchait une actrice capable de faire du skateboard. Sadie a assuré pouvoir en faire. «Ça n’a été qu’un tout petit mensonge car j’avais fait du roller, mais longtemps auparavant», dit-elle. «J’ai quand même eu des sueurs froides. Finalement, je n’ai pas dû faire de démonstrations !»

Liam Hemsworth a, lui, saisi maladroitement la balle au bond pour tourner dans «La Dernière chanson» (2010) : «J’ai menti sur ma capacité à jouer au volleyball. Et de simples figurants m’ont fait passer pour un amateur. C’est la chose la plus difficile que j’aie jamais eu à faire !»

Au grand galop

Devoir monter à cheval est en revanche très concret. Et mentir à propos de sa monture peut être casse-gueule… Frimeur, Eddie Redmayne s’est présenté tel un expert en équitation au directeur de casting de la minisérie «Elizabeth I» (2005), alors qu’il avait une formation basique. «Quand le réalisateur Tom Hooper a crié : “Ça tourne !“, mon cheval s’est emballé. J’ai failli y passer, tout comme la moitié de l’équipe près de moi», raconte Eddie. «Le cinéaste m’a lancé avec son porte-voix : “T’es un sacré menteur, mon grand !“»

Daniel Craig a aussi joué au spécialiste ès équidés. Et s’en est tiré sans ecchymose jusqu’au tournage du western de science-fiction «Cowboys & Aliens» en 2011. Sa maladresse y a été percée à jour, le forçant à prendre enfin des leçons d’équitation. Et de modestie.

Cauchemars

Même blâme pour Rachel McAdams, acceptée à l’affiche d’«À la merveille» (2012), et Anne Hathaway , bien décidée à jouer dans «Brokeback Mountain» (2005). «Mes parents m’ont toujours dit : si on te demande si tu peux faire quelque chose, dis oui !», raconte la star. «Je me suis donc autoproclamée grande cavalière. Mais à la répétition, en présence de trois cents figurants aguerris, mon cheval n’a pas obéi ! Il m’a fait tomber devant tout le monde.» Des cours ont été nécessaires. Phoebe Dynevor a aussi affronté cette sanction pour la série Netflix «La Chronique des Bridgerton» : «Maintenant, j’adore l’équitation. Mais auparavant, j’évitais les chevaux qui me faisaient carrément peur !» Communiquer avec les animaux est complexe. Parler une langue étrangère l’est davantage. Laura Fraser, alias Lydia dans la série «Breaking Bad», a eu le rôle car les producteurs l’ont crue parfaitement bilingue dans la langue de Goethe. «Ils m’ont dit : vous parlez allemand ? J’ai utilisé mes quelques rudiments pour répondre “Ich heiße Laura“ (Je m’appelle Laura). Mais le script contenait du vocabulaire de haut niveau. Un vrai cauchemar !»

À quelques chiffres près

Tricher sur son âge a ouvert les portes à de jeunes comédiennes, dont Mila Kunis qui a démarré grâce à la série «That ’70s Show» (1998). Aux auditions, la débutante de 14 ans a dit en avoir 18 : «Ce n’était pas vraiment mentir puisque j’allais bien finir par les avoir, ces 18 piges !» Quant à Hilary Duff, elle a jadis utilisé la carte d’identité d’une autre pour accéder à des soirées interdites aux mineurs. Le bluff est aussi utile côté taille : Chris Hemsworth, 1m90, inquiet à l’idée d’être trop grand, a falsifié sa fiche d’acteur à ses débuts.

Ils sont fous, ces Anglais !

À la recherche de nouveaux rôles, après être apparu dans «Harry Potter et la Coupe de feu» (2005), le Britannique Robert Pattinson a tenté d’effacer son accent anglais : «J’ai fait semblant d’être américain pendant un moment. Quand « Twilight » est sorti, j’essayais encore et toujours de bluffer, mais les gens pensaient que j’étais fou. Alors, j’ai arrêté.» Son compatriote Idris Elba a lui aussi cru que cela l’aiderait à être embauché dans la série dramatique «Sur écoute». Vite démasqué, le sex-symbol a tout de même décroché le rôle de Stringer Bell. «Oui, j’ai menti et ça n’a pas marché», a-t-il admis. Ah, l’honnêteté, il n’y a que ça de vrai !

Mensonges, «mode d’emploi»

Peut-on bluffer sans se faire pincer ? Deux fins observateurs disent toute la vérité.

«Mentir est le reflet des capacités biologiques d’un individu, de l’endroit où il est, de son apprentissage et du potentiel de succès de ses mystifications», explique le docteur belge en neuropsychologie, Xavier Seron. «Les mensonges sont des actions développées avec un but : si l’on veut nuire, ils seront antisociaux, si l’on souhaite ménager autrui, ils seront prosociaux.»

Franchise ou roublardise ?

Mais parfois, ceux-ci sont détectables : «Le comportement non verbal d’un menteur peut être éloquent : il fixera son interlocuteur, alors qu’un sujet honnête aura plutôt un regard en mouvement. Il reste néanmoins un facteur difficile à cerner : l’émotion. Un menteur la maîtrise souvent mieux qu’un individu franc. Et si ce dernier est très émotif, on peut le voir, à tort, comme un malhonnête ! En sciences, aucun circuit cérébral en imagerie n’est lié spécifiquement au mensonge. Rien ne permet donc de trancher.» Le célèbre mentaliste français Viktor Vincent appuie ces dires avec un exemple et une astuce : «Quand Jérôme Cahuzac (ex-ministre français du Budget embourbé dans un scandale financier) a affirmé ne pas avoir de comptes à l’étranger, j’ai vu qu’il mentait. Un menteur vous regarde droit dans les yeux. Et une personne qui raconte une vérité va baisser le regard et avoir des clignements, car elle repasse dans son esprit les informations liées à une situation avérée !»

Cet article est paru dans le Télépro du 4/05/2023.

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