Passage Nord-Ouest à la rame: Charles Hedrich parti pour les 1000 km

Passage Nord-Ouest à la rame: Charles Hedrich parti pour les 1000 km
AFP

Lancé à l’assaut du Passage du Nord-Ouest en solitaire et à la rame, entre Pacifique et Atlantique, l’aventurier français Charles Hedrich vient de repartir pour les 1000 derniers km d’un défi débuté à l’été 2013 et interrompu par deux fois par le retour des glaces.

« Charles est reparti jeudi vers 12h00 heure locale, de Taloyoak (au coeur du Nunavut canadien, NDLR), et cela fait deux jours qu’il rame maintenant », a expliqué dimanche matin à l’AFP sa femme Patricia: « Il est contre le vent, et la progression est difficile ».

Face à son étrave, il reste quelque 1000 km à parcourir entre les îles du grand Nord canadien pour Charles Hedrich, ex-homme d’affaires reconverti depuis une dizaine d’années en aventurier multicartes.

Soit la 3e et dernière étape d’un pari de 6000 km entamé le 2 juillet 2013 depuis le minuscule village tchouktche de Wales, en Alaska, avec pour objectif de relier la mer de Béring (Pacifique) à la Baie de Baffin (Atlantique), via ce mythique Passage du Nord-Ouest bloqué une bonne partie de l’année par le froid et les glaces. Un exploit jamais réalisé en solitaire à la rame.

La navigatrice bretonne Anne Quéméré a, par deux fois, tenté ce même passage en solitaire, en 2014 et 2015, en kayak. Tout comme l’aventurier suisse Raphaël Domjan cet été. Mais tous deux ont échoué, terrassés par une météo défavorable.

Lors de sa première étape, à l’été 2013, Charles Hedrich avait parcouru près de 3000 km avant de devoir laisser son « rameur des glaces » à l’hivernage, en septembre 2013, à Tuktoyaktuk, dans le grand nord canadien, aux confins du fleuve McKenzie et de la mer de Beaufort. Rebelote l’été 2014: il parcourt quelque 2000 km cette fois, mais c’est à Taloyoak, dans la baie de Rasmussen, qu’il doit une nouvelle fois laisser son bateau à l’abri.

– Un siècle après le Norvégien Amundsen –

« Maintenant, soit je réussis, soit je réussis ! », avait expliqué avec humour ce Lyonnais de 57 ans à l’AFP, à Paris, le 3 août, avant de repartir pour le Canada retrouver son embarcation: « J’en ai tellement bavé, je ferai tout pour boucler le truc cette année ».

Charles Hedrich à son entrée dans la Baie Lady Franklin au Nord du Canada, le 22 juillet 2014

Rameur aguerri, auteur en 2012 du premier aller-retour en solo sur l’Atlantique, en 141 jours, il veut terminer son aventure d’ici un mois au maximum. Après 130 jours d’expédition en 2013 et en 2014, soit environ 45 km par jour en moyenne, il devrait rallier Pond Inlet, dans la baie de Baffin, d’ici la mi-septembre.

D’ici là, il lui faudra cependant choisir son itinéraire. « J’ai deux options », expliquait-il avant le départ: « passer par le Peel Sound, et contourner complètement la péninsule de Boothia et l’Ile Somerset par l’Ouest, le parcours le plus normal, un peu plus long, mais plus naturel ; ou prendre le détroit de Bellot, entre la péninsule et l’île, pour rejoindre directement le Golfe de Boothia, puis le Lancaster Sound. C’est un raccourci, mais les courants peuvent être extrêmement forts et violents ».

S’il arrive à Pond Inlet, Charles Hedrich aura réussi son défi. En trois ans donc. Plus d’un siècle après Roald Amundsen, premier marin à avoir relié Pacifique et Atlantique via le Passage du Nord-Ouest. A bord d’un bateau de pêche, le Gjoa, le Norvégien et son équipage de six hommes avaient eux aussi mis trois ans, de 1903 à 1906, pour boucler leur périple.

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