Princesses : entre traditions et modernité !

Élisabeth de Belgique est aussi une vraie fan de mode. Le magazine Vogue apprécie ses choix féminins et subtils. © GETTYIMAGES

Élégantes, pondérées, dévouées à maintes causes d’envergure, les princesses actuelles n’en oublient pas d’être à la page. Et depuis que certaines de leurs aînées ont ouvert la voie, elles révolutionnent quelque peu leur statut.

Les princesses du XXIe siècle croquent la vie à pleines dents. Bien que leurs privilèges et leurs splendides tenues soient toujours autant admirés, toutes font désormais rêver pour d’autres raisons : leur courage, leur dynamisme, leurs activités multiples. Et leur façon aussi habile que distinguée de dépoussiérer les traditions.

Une carrière à part entière

Être princesse est désormais autant un statut qu’une carrière à part entière. Les descendantes de monarchies ancestrales mènent de front apprentissage du protocole, études, passion pour les arts et les sports, missions protocolaires, initiatives personnelles, rôle d’épouse et de mère. Le Pr Jude Davies, de l’université de Winchester (Royaume-Uni), a étudié l’évolution de la vie «de château», de Diana Spencer à Meghan Markle, explorant ce que signifie être une princesse moderne. Selon lui, le rôle des médias classiques et sociaux ont accéléré la mutation : «Jadis, on ne faisait pas grand cas des faits et gestes de ces femmes. Aujourd’hui, malgré les débordements, la sphère médiatique nous permet de mieux connaître les princesses du monde entier. La communication de masse est le moteur de la modernisation de l’identité. Regardez à quel point les médias ont couvert les efforts humanitaires de la princesse Diana, de sa rencontre avec des malades du sida à sa visite d’un champ de mines. L’objectif de Diana était de modifier la façon dont le peuple la considérait : elle n’était pas qu’une personne riche et inatteignable. Au fond d’elle, c’était une roturière, une femme comme les autres, désireuse de faire progresser le monde, de s’ouvrir à autrui.»

Nouvelle communication

Aujourd’hui, les princesses redéfinissent aussi, chacune à sa manière, ce que représente ce rôle particulier. Au Royaume-Uni, Kate Middleton, première femme sans lignage aristocratique à avoir épousé un héritier du trône britannique en plus de 350 ans, est aussi la première maman royale à prendre des photos officielles de ses enfants. Cette innovation a modifié sa relation avec la presse. Selon l’ancien officier de la protection royale Simon Morgan, cette posture a permis à la duchesse de Cambridge de développer de bonnes relations avec les médias, tout en limitant leur intrusion dans sa vie.

Image et pression

Les héritières se rapprochent aussi des quidams en ce qu’elles ne cachent plus leurs soucis. Ainsi, la princesse Victoria de Suède, 43 ans, n’a-t-elle pas hésité à revenir sur les problèmes d’anorexie qu’elle a connus durant son adolescence, à la fin des années 1990. En 2017, la future reine s’est confiée sans fard au magazine Hello : «J’ai dû lutter avec mon image corporelle. Mes parents m’ont donné le temps et l’opportunité de suivre un traitement. J’avais besoin de cette latitude pour régler mes problèmes et retrouver mon équilibre. J’avais besoin de me connaître, de découvrir mes limites et ne pas constamment me mettre la pression.» C’est d’ailleurs durant sa convalescence que la duchesse de Västergötland a rencontré Daniel Westling, qui allait devenir son époux et le père de leurs deux enfants.

Audace et dévouement

En Suède, vit aussi la princesse Sofia, née Sofia Kristina Hellqvist. Avant d’épouser le prince Carl Philip, frère de la future reine Victoria, en 2015, elle fut mannequin et star de téléréalité. Au contraire de Meghan Markle, elle a montré combien une roturière intégrée à une famille royale pouvait apporter un vent nouveau sans être perturbateur. Aux esprits chagrins qui ont critiqué son passé, la dame a répondu : «Je ne regrette rien. Toutes ces expériences ont fait de moi la personne que je suis et m’ont donné un esprit ouvert.» Dès qu’elle a coiffé la tiare, Sofia a travaillé dur tant aux yeux du public qu’en coulisses pour s’adapter et servir son pays. Cette année, elle s’est portée volontaire à l’hôpital Sophiahemmet, après avoir suivi des cours d’urgence médicale, pour aider le personnel soignant dans la lutte contre la pandémie.

En finir avec les préjugés

La princesse Keisha Omilana, épouse du prince Kunle Omilana du Nigéria, est, pour sa part, top-model et entrepreneure philanthrope. Surnommée «Pantene Girl», car elle a été l’égérie de la marque de shampoing, Keisha a tenu à se construire une réputation de «princesse au travail» ! En Espagne, Letizia Ortiz prouve aussi que l’on peut remplir devoirs royaux et maternels, sans négliger son épanouissement personnel, observer le monde et parler plusieurs langues. Titulaire d’une licence et d’une maîtrise en sciences de l’information, l’ex-reporter parle espagnol, anglais et allemand. Parmi les princesses plus jeunes, Charlotte de Monaco est diplômée de la Sorbonne et a travaillé pour le magazine anglais Above. Quant à Maria Olympia de Grèce et du Danemark (la monarchie en Grèce a été abolie, mais les petits-enfants gardent leurs titres), elle a étudié le graphisme et l’histoire de l’art à New York. Ses plus de 200.000 abonnés suivent sa vie sur les réseaux sociaux. Tout aussi «2.0», Lady Amelia Windsor (petite-fille du prince Edward, duc de Kent, cousin de la reine Élisabeth II) collabore avec de prestigieuses marques de vêtements et de bijoux. En 2016, le magazine Tatler l’a nommée «plus belle femme de la famille royale britannique».

Le charme de l’uniforme

Ces attitudes innovantes n’empêchent pas les princesses de rester fidèles aux traditions, dont celle, militaire, qui les amène à porter l’uniforme. Au Danemark, la princesse Marie porte régulièrement le costume de l’Association danoise de gestion des urgences. Mette-Marit a participé à des exercices de la défense civile norvégienne, la princesse danoise Mary s’est entraînée avec la garde nationale et Victoria de Suède a suivi un stage avec l’armée. En Jordanie, la tradition envoie les jeunes de la famille royale à Sandhurst (Royaume-Uni) pour une formation militaire. Les demoiselles ne font pas exception : la princesse Iman, fille du roi Hussein et de la reine Noor, en est diplômée.

Élisabeth, princesse belge bien dans son époque

Chez nous, la rentrée a été marquée par l’intégration de la princesse Élisabeth, 18 ans, à l’École Royale Militaire de Bruxelles, après deux ans de formation au United World College of the Atlantic (Pays de Galles) avec, notamment, une formation à «la paix par l’éducation». La duchesse de Brabant passera cette année académique exceptionnelle en internat, dans la 160e promotion en Sciences sociales et militaires qui compte seulement 20 % de filles, et recevra le béret bleu dès la quatrième semaine d’entraînement.

La princesse héritière se familiarise également à ses missions officielles et à la découverte du monde. Quelle ne fut pas la surprise des journalistes en voyant, en juin 2019, la jeune femme accompagner sa mère, la reine Mathilde, lors d’un voyage humanitaire (organisé par Unicef Belgique) au Kenya ! Élisabeth y a visité et montré son intérêt pour le Centre pour le développement de la petite enfance. Mais elle goûte aussi aux plaisirs du quotidien, se passionne pour le piano et suit les tendances de la mode. Ce qui lui a valu les compliments du magazine Vogue anglais pour ses choix «de créations féminines, de bijoux subtils et d’accessoires parfaitement assortis». Pareils compliments ne la détournent pas de son but premier. Comme elle l’a souligné lors du discours de son dix-huitième anniversaire : «Mon pays peut compter sur mon engagement».

Delphine Boël : un pas de plus vers la modernité

Le 1er octobre 2020, Delphine Boël, fille naturelle du Roi Albert II et de Sybille de Selys Longchamps, a enfin été reconnue comme enfant légitime. L’artiste-créatrice d’œuvres multimédia a reçu le titre de princesse de Belgique, ainsi que le nom de Saxe-Cobourg Gotha. Après un combat judiciaire de sept ans, cette surprise marque un pas de plus vers une monarchie plus moderne, loin des secrets corsetés d’antan.

Cet article est paru dans le magazine Télépro du 8/10/2020

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