Rappelle-toi Barbara

Jeanne Balibar et Mathieu Amalric © RTBF/Athena Films

La virtuose a marqué l’histoire de la chanson française grâce à son style poétique empreint de son vécu.

Mardi à 21h05, La Trois propose le film «Barbara», de Mathieu Amalric. Le réalisateur y donne la réplique à Jeanne Balibar, interprète de la chanteuse. L’occasion de revenir sur sa vie, ses drames, ses angoisses. Portrait de «la longue dame brune».

Débuts chaotiques

Avant de devenir la mythique Barbara, Monique Andrée Serf est une enfant issue d’une famille juive fuyant l’occupation nazie. Sa jeunesse, marquée par des déménagements incessants, ne lui permet pas de suivre une scolarité ordinaire. Elle se passionne pour la musique. Ses cours de piano et de chant prennent une place importante dans sa vie, elle se voit devenir chanteuse. C’est donc tout naturellement qu’elle s’inscrit au Conservatoire. Souhaitant faire ses preuves, elle débute sa carrière dans les cabarets parisiens et, à seulement 19 ans, quitte son pays natal et tente sa chance à Bruxelles. La jeune femme se fait alors appeler Barbara, chante Édith Piaf et Jacques Brel. Si elle affronte quelques échecs, son ascension est d’autant plus fulgurante.

Consécration

En 1952, elle acquiert une certaine notoriété dans un cabaret que Claude Sluys, un jeune avocat bruxellois, ouvre pour elle. Il lui écrit des chansons et lui demande sa main quelques mois plus tard. Leur mariage ne dure que deux ans. Elle enregistre alors ses premières chansons… «On est stupéfaits, et pour ma part fascinée, par la cohérence entre la femme privée Barbara, et la femme chanteuse. [… ] Elle chantait sa vie, et écrivait des chansons exactement comme elle écrivait des lettres à ses amants», déclare Valérie Lehoux, journaliste et auteur de «Barbara : portrait en clair-obscur» (Fayard). En effet, la star s’inspire de sa vie personnelle pour écrire ses textes. «Göttingen», sur l’album «Le Mal de vivre» (1964), exprime sa vision des conflits franco-allemands, «Dis, quand reviendras-tu ?» est une déclaration d’amour à l’homme d’affaires Hubert Ballay et «L’Aigle noir» décrit un sombre souvenir d’enfance…

Son aigle noir ?

L’enfance de Barbara n’est pas de tout repos. Jusqu’à ses 19 ans, elle est violée par son père. À l’époque, personne ne dénonce ce comportement incestueux. Elle fugue et porte plainte, mais sa déposition n’est pas enregistrée. Cette période n’est explicitement jamais décrite dans ses chansons. Toutefois, beaucoup de personnes se sont interrogées sur les paroles de «L’Aigle noir» : «De son bec, il a touché ma joue. Dans ma main, il a glissé son cou. C’est alors que je l’ai reconnu. Surgissant du passé, il m’était revenu.» Ce n’est qu’en 1998, à la publication de ses mémoires, «Il était un piano noir… mémoires interrompus», qu’elle lève le voile sur le drame de sa vie.

Cet article est paru dans le Télépro du 18/3/2021

 

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