Séducteurs au poil !

Les fans de Chris Hemsworth, 37 ans, ne l’imaginent plus sans ses poils au menton qui lui donnent un look tellement plus mature et viril ! © GETTYIMAGES

Oh, la barbe… Avec sa petite sœur la moustache, elle réapparaît depuis quelques années, se payant même le luxe de varier les styles selon l’humeur de son propriétaire. Les VIP ne font pas exception à la mode. Et cette pilosité toute masculine ravit leurs admiratrices. Analyse de près. Au coupe-chou.

Depuis qu’acteurs et chanteurs ont délaissé leur rasoir, ils font des ravages. Les colliers de poils sur leur visage possèdent maints avantages : ils sont perçus comme un signe de virilité un peu bourrue, mais rassurante, et permettent de masquer ou d’accentuer les expressions. «À l’intérieur de chaque homme rasé de près, sommeille une barbe qui rêve de sortir !», assure le psychologue américain Robert J. Pellegrini. «Elle véhicule une image héroïque de pionnier indépendant, robuste, débrouillard, prêt à agir, disposé à aider. Ce symbole viril n’est plus old school mais sexy !» Vérification empirique.

Processus de patience

Jake Gyllenhaal, acteur à l’apparence «adulescente», a fait un bon dans le cœur du public, des médias d’outre-Atlantique – qui se sont lancés dans une analyse de sa pilosité, y compris les revues pour hommes tels GQ et Esquire – et des producteurs depuis qu’un look bien fourni fait ressortir ses yeux bleus. Le comédien a abordé ce changement en se taillant une tête de boxeur pour «La Rage au Ventre» en 2015. Il a continué sur ce chemin broussailleux avec une moustache à la «Magnum» (Tom Selleck) afin de camper l’étrange Dr Johnny Wilcox dans «Okja», film décalé proposé par Netflix en 2017, puis avec une barbe hirsute de peintre dans la pièce de théâtre «Sunday in the Park with George». Ravi des compliments publiés sur les réseaux sociaux et des applaudissements lors de ses apparitions sur les tapis rouges, Jake confie humblement : «C’est un processus qui nécessite patience et entretien, vous savez !»

Fierté, plaisir et coquetterie

Ben Affleck a lui aussi adopté une barbe il y a des années. Elle devenait même poivre et sel, ce qui ajoutait à son charme. Mais aujourd’hui, à 47 ans, le voilà devenu coquet : cet été, il est apparu avec sa nouvelle compagne, la jeune Ana de Armas, et un collier de poils teints pour effacer les signes du temps ! Quant à Brad Pitt, quand on lui demande pourquoi il ne s’affiche plus jamais avec un visage totalement glabre, il sourit : «Je ne peux plus me passer d’une moustache, voire plus !» Tout comme le beau Thor – Chris Hemsworth, 37 ans – que ses fans n’imaginent plus sans ces poils au menton qui lui donnent un look tellement plus mature et viril.

D’autres acteurs, tel Bradley Cooper, au look très apprécié dans le remake «A Star Is Born» et «American Sniper», et George Clooney dont la maturité est devenue synonyme de forte pilosité, font office d’objecteurs de tendance et ont carrément mis à mal l’industrie du rasoir.

Sous influence

C’est du moins ce qu’affirme Will King, l’entrepreneur britannique de l’enseigne King of Shaves : «Les ventes du secteur du rasage baissent au Royaume-Uni et aux États-Unis à cause de la barbe des célébrités, dont celle de Clooney, et en partie à cause de la récession.» Le nouveau visage très séduisant de Pierce Brosnan fait lui aussi de l’effet. L’ex-«Remington Steele» et ex-007 s’est mué en un cow-boy barbu dans la série western «The Son», où il est le viril pionnier texan Eli McCullough. «La barbe s’épaissit au fil du récit», dit-il. «Dès l’épisode dix, j’avais une forêt autour du visage. J’ai beaucoup aimé ça, tout comme ma femme (Keely Shaye Smith, ndlr) !»

Accessoire-clé

Mais l’amateur le plus versatile de styles au poil est incontestablement Johnny Depp. Dans la vie comme à l’écran. Charismatique en Jack Sparrow (saga «Pirates des Caraïbes) avec ses tresses au menton, l’acteur a aussi laissé une empreinte avec son rôle de marchand d’art excentrique, «Charlie Mortdecai», et un accessoire qui lui vole presque la vedette : le «guidon de vélo» blond foncé, apposé sous son nez. Créé par le maquilleur oscarisé Joel Harlow, devenu le barbier-conseil préféré de Depp, il montre combien la pilosité masculine faciale, vraie ou factice, est tout un art : «On a défini la hauteur et la largeur. Le postiche est fait de cheveux humains fixés sur un morceau de tissu dentelé, puis coiffés avec de la cire, de la laque et une colle forte.»

Être sans moustache, c’est être sans slip

Outre-Quiévrain, deux des compères de la bande du Splendid ont marqué le grand écran de leur moustache : Michel Blanc et Gérard Jugnot. Ils l’ont abandonnée en passant des rôles d’Auguste à ceux de clowns blancs, le premier pour devenir, entre autres, l’inquiétant «Monsieur Hire» et l’autre pour donner la réplique, dans «Tandem», à feu Jean Rochefort. Peut-être n’y avait-il pas assez de place à l’écran pour deux moustachus célèbres. D’autant que le plus âgé avait acquis un look emblématique, en harmonie avec son flegme. Jean Rochefort confia durant sa carrière : «À l’âge de 40 ans, j’ai joué « Le Misanthrope », ma fausse moustache se décollant tout le temps j’ai fait pousser la mienne. Puis je l’ai gardée parce que, quand je l’enlève, j’ai l’impression de ne plus avoir de slip !» Et très franc, ajoutait : «Sans moustache, j’ai toujours eu un air de faux derche, du gars qui ne donne pas confiance. Et, sexuellement, je crois que ça me faisait du tort aussi !»

Beau gosse franco-belge

Chez nous aussi, et chez nos voisins français, les joues redéfinies par une pilosité artistiquement taillée font fureur. En 2018, Benoît Poelvoorde affirmait à Télépro, lors de la sortie d’«Au poste !», où son partenaire Grégoire Ludig avait une moustache et pas lui : «Mon personnage n’en a pas besoin. Et une telle pilosité au-dessus de la bouche est ensuite difficile à ôter. On s’y attache !» Pour preuve, Ben ne quitte désormais plus… la barbe ! Olivier Minne a aussi opéré un grand changement, même si, au départ, France 2 fut un peu contrariée et le pria de se raser avant chaque enregistrement de l’émission «Joker». Lorsqu’il a enfin pu apparaître à l’antenne, moustachu et barbu, les retours des téléspectateurs ont été enthousiastes, félicitant son côté «beau gosse», «prof de philo» ou «british» !

Foi de pogonologue !

L’acteur ne croyait pas si bien dire. En effet, études et sondages démontrent l’importance de la pilosité faciale. Les pogonologues (spécialistes de la science de la barbe et de la pousse des poils) constatent que les visages barbus sont plus prosociaux que les rasés de près. Car, même si la barbe peut exprimer une présence dominante, voire hostile, cet aspect rude disparaît grâce à un sourire, donnant un faciès jugé encore plus serviable, tolérant et amical qu’un visage rasé !

Barbe à papa chérie

Selon une étude parue dans The Journal of Evolutionary Biology, les femmes considèrent les hommes ayant des poils sur le visage comme plus fiables, travailleurs, généreux et sincères que les glabres. La longueur de la barbe compte aussi : les individus au «collier fleuri» épais de 10 jours ont été classés parmi les plus attrayants. Une autre étude publiée par la revue Evolution & Human Behavior révèle, enfin, que les femmes ont évalué les hommes à la barbe clairsemée comme les plus acceptables pour une aventure d’un soir. À l’inverse, les prétendants à barbe pleine leur paraissent plus sérieux pour un engagement à long terme ou pour être père de leurs futurs enfants : elles les jugent plus capables de rester fidèles et de protéger une famille !

Cet article est paru dans le magazine Télépro du 1/10/2020

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