Snowboard: Anne-Flore Marxer, inspirations féminines

Snowboard: Anne-Flore Marxer, inspirations féminines
AFP

Après avoir milité pendant 17 ans pour la cause des sportives à coup de slogans et images choc, la championne de snowboard Anne-Flore Marxer a choisi de s’engager caméra au poing, en quête de femmes qui inspirent.

La jeune femme de 34 ans illustre son combat aujourd’hui avec un film de 52 minutes, « A land shaped by women  » (Une terre façonnée par les femmes, NDLR), projeté mercredi soir à Paris au Grand Rex. Présenté dans plusieurs festivals, ce premier film primé 10 fois parle des femmes en Islande, pays modèle en termes d’égalité des genres.

C’est en Islande que Anne-Flore Marxer est allée se revigorer en 2017, après avoir été, « sans aucun plaisir » dit-elle, sacrée championne du monde de snowboard freeride, la discipline la plus extrême de la neige qui consiste à dévaler une pente vierge de la plus belle façon qui soit.

« Je me sentais extrêmement fatiguée. Fatiguée d’avoir à me battre tout le temps. J’ai voulu laisser ça derrière moi pour me libérer. Pour moi c’était extrêmement lourd. Je ne veux plus avoir à me justifier, j’avais besoin d’un grand bol d’air frais. Et j’ai réalisé qu’il y avait une autre façon de vivre ce qui m’intéressait, une autre façon de vivre le snowboard, de voyager », confie la rideuse à l’AFP.

Marxer, de nationalité française, suisse et lichtensteinoise, retrace son voyage en Islande en camping-car, entre séances de glisse et rencontres avec des femmes emblématiques du pays – une avocate spécialiste des droits de l’Homme, une exploratrice polaire ou encore une jeune auteure de poèmes sur la condition des femmes.

« Ce film, je savais que si il voulait dire quelque chose pour moi, il voulait certainement dire la même chose pour tant d’autres femmes. Je voulais de beaux exemples de femmes, des petites graines d’inspiration », dit-elle, surprise par le très bon accueil reçue par sa première réalisation.

– Extrêmement inégalitaire –

La snowboardeuse Anne-Flore Marxer, le 8 janvier 2019, à Paris

« Tout ce que j’ai essayé de faire évoluer pendant tant d’années a toujours été reçu de façon tellement négative… Moi, j’amenais juste des idées pour améliorer les choses, des idées d’égalité dans l’absolu. Mais ça a été reçu avec tellement de résistance et d’agressivité », souligne celle qui a voulu dénoncer une situation « extrêmement inégalitaire ».

Dès l’adolescence, cette passionnée de glisse s’est vu fermer la porte des compétitions freestyle jugées trop dangereuses pour les femmes. « Moi j’étais un sacré garçon manqué. Comme il fallait s’imposer pour être respectée par les mecs de mon milieu, je ne pouvais pas les laisser percevoir qu’il y avait des différences entre eux et moi. Je voulais être prise au sérieux à l’égal des hommes. Concrètement je portais des gros baggy avec des énormes T-shirt, je m’habillais comme un mec. Dans tous les moments de la vie je ne voulais pas montrer une faiblesse », se souvient-elle.

La native de Lausanne s’est orientée sur le freeride, en haussant le ton, surprise par « le traitement réservé aux femmes ». Elle a entre autres milité activement pour une égalité dans les primes.

Anne-Flore Marxer lancée vers sa victoire en finale du circuit mondial de freeride (FWT), disputé à Verbier, le 3 avril 2017

En janvier 2017, elle avait fait scandale avec une photo forte, à la manière des Femen, un bandeau rouge sur la bouche et un message écrit sur sa poitrine « World champ vs boobs » (« championne du monde contre seins », NDLR) pour dénoncer « la sexualisation des femmes dans le sport », parue dans le magazine en ligne Neufdixième.com.

Aujourd’hui, la parole d’Anne-flore Marxer reste la même, elle l’exprime simplement différemment, par ses images: « On peut toutes accomplir de très belles choses dans la vie ».

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