Stars méconnaissables : les plus impressionnantes métamorphoses d’acteurs !

Gary Oldman en Winston Churchill («Les Heures Sombres») affublé de fausses peaux et de prothèses © Isopix

Acteurs et actrices n’hésitent pas à aller au bout d’eux-mêmes, voire à dépasser leurs appréhensions pour donner vie à un personnage passionnant. Quitte à subir d’étonnantes transformations physiques et émotionnelles.

Les cinéphiles découvrent régulièrement les «mutations» d’artistes que les rôles rendent méconnaissables : Gary Oldman en Winston Churchill («Les Heures Sombres»), grâce à un interminable maquillage et à la pose de prothèses ; Christian Bale crâne rasé et 18 kilos de plus pour camper Dick Cheney («Vice») et, récemment, la splendide Blake Lively abîmée dans «Le Rythme de la Vengeance» (sorti en avril en VOD).

Certes, ces sacrifices artistiques valent souvent des récompenses aux comédiens, mais comment vivent-ils pareils grimages ?

Un effet libérateur

La superbe Nicole Kidman s’est enlaidie pour incarner de singulières héroïnes. En 2002, on l’a d’abord vue camper l’écrivaine dépressive Virginia Woolf dans «The Hours», ce qui lui a valu (ainsi qu’à ses deux costars Meryl Streep et Julianne Moore) une pluie de prix. «Une fois maquillée, c’est très étrange», confiait-elle. «Vous commencez à marcher, parler, vous comporter autrement. J’ai senti Virginia arriver en moi !»

Pour Meryl Streep, elle aussi grimée, «cet exercice est libérateur pour un acteur et lui permet de faire des choses dont il ne se sentirait pas capable en d’autres circonstances !»

Surprendre ses proches

En 2018, Kidman a incarné une policière traumatisée, aux yeux cernés et aux cheveux gras dans «Destroyer», et a fait peur à ses enfants ! «Au début, mes deux cadettes ont été choquées par mon apparence car je ne voulais pas quitter ce rôle. Je le ramenais le soir, à la maison. Je gardais les t-shirts et jeans usés malodorants. J’avais besoin de conserver la mélancolie de cette femme.»

En France, Lambert Wilson a ressenti le même besoin en préparant «De Gaulle» (actuellement en salles). Lors des essayages de costumes et maquillages, il a confié à Paris Match : «Tout n’était pas encore parfait mais, quand j’ai vu l’excitation et le trouble dans le regard des militaires présents, j’ai compris qu’il se passait quelque chose.»

Tests en situation réelle

Pour s’assurer de la crédibilité de leur transformation, beaucoup surprennent leurs proches avec leur déguisement. Le talentueux Dustin Hoffman s’est changé en femme dans «Tootsie», comédie dramatique contant la vie de Michael Dorsey, acteur au chômage qui se grime en fille pour décrocher un rôle et un travail. Une fois engoncé dans sa robe, avec sa perruque laquée, ses lunettes et faux cils, le comédien s’est promené dans les rues de New York. Et a croisé un ami qui ne l’a pas reconnu ! Une blague intégrée au film quand Michael/Tootsie drague son agent sans que celui-ci ne le perce à jour !

Quant à Ralph Fiennes et à son impressionnante apparence de Voldemort dans la saga des Harry Potter, il l’a testée sur… un enfant ! «Je suis un gars plutôt sympa», assure l’acteur. «Mais je n’ai pu résister à l’envie de donner une petite frayeur. Avec ma toge et mes prothèses, j’ai surpris un petit garçon qui s’est mis à pleurer ! On l’a consolé. Mais ça m’a donné la confiance dont j’avais besoin pour mon déguisement.»

Phobie du maquillage

Si les stars s’amusent à arborer leur attirail, certaines détestent tout de même les heures passées devant le miroir. C’est le cas de Margot Robbie, devenue pâlotte et dégarnie pour «Marie Stuart, reine d’Ecosse» en 2018. Elle expliquait sur LCI : «J’étais soulagée de laisser cela derrière moi. Ça a été difficile de l’incarner, ce n’était pas libérateur. Je me suis sentie contrainte, vraiment prise au piège, sans doute de la même manière dont elle l’était dans sa vie.»

Pour Blake Lively aussi, le cauchemar s’est prolongé au-delà du tournage quand elle posté des photos de sa transformation sur Instagram. «Honnêtement, certaines réactions sur mon maquillage m’ont offensée», dit-elle. «Ils pensent que je suis comme ça au naturel, ce que je trouve très vexant car le grimage prenait une heure chaque jour. Mon ego en a pris un coup !»

Le plaisir de s’enlaidir

A contrario, d’autres artistes s’amusent de leur aspect méconnaissable et du tempérament du personnage. Emma Thompson a adoré être «Nanny McPhee» : «Je me fichais de ma dent trop longue ou de mon poireau sur le menton autant que du caractère acariâtre de cette nurse !»

Tom Cruise aussi s’est réjoui d’être Les Grossman dans «Tonnerre sous les tropiques» : «J’ai demandé qu’on en rajoute dans la laideur en me fabriquant des mains très épaisses ! Cela m’a permis d’être aussi déjanté que ce mec !»

Mandy Moore trouve également fascinant de passer de trentenaire à septuagénaire avec la série «This is Us» : «C’est inouï. Je suis fascinée par la pose de peaux pour les rides, la rosacée, le double menton. Grâce à mon personnage de Rebecca, j’ai acquis les mouvements d’une dame « plus âgée » !»

Vive la maturité !

Le temps qui passe n’a pas non plus gêné Virgine Efira que l’on voit vieillir dans «Un amour impossible». Enthousiaste, elle a déclaré à la Télépro : «Après voir redouté cette transformation, je l’ai plutôt bien prise. Les maquilleurs ont tenu compte de ma physionomie, m’ont donné une tête de mamie sympa et gentille. Même ma fille a apprécié, je ne lui ai pas fait peur ! Puis, ça calme la vanité ! Quand on vous retire ce masque du temps, on se sent finalement très jeune. Car il faut bien reconnaître que les acteurs se soucient de leur apparence. Mais je ne suis pas une actrice sacrificielle comme Romy Schneider ou Marylin Monroe qui pouvaient presque se perdre dans leurs rôles. Moi, je n’ai pas envie de ressortir abîmée d’un film. Je veux en être enrichie et non pas déprimée. Jouer me permet de faire des allers-retours positifs !»

Yo-yo !

Les comédiens sont souvent appelés à prendre ou à perdre des kilos. Pour certains, cette exigence n’est pas insurmontable. Selon Christian Bale, alias «The Machinist», amaigri de 28 kilos : «Cela m’a été utile mentalement. Mon énergie étant limitée, je me suis focalisé sur les détails essentiels du jeu.»

Anne Hathaway, elle, reste traumatisée par Fantine, héroïne qui lui a valu un Oscar pour «Les Misérables» : «J’étais dans un tel état de privation – physique et émotionnel – qu’en rentrant à la maison, je ne pouvais pas réagir au chaos du monde sans être submergée. Il m’a fallu des semaines avant de me sentir à nouveau bien.»

Quant à Renée Zellweger qui a merveilleusement porté ses rondeurs dans les deux premiers «Bridget Jones», elle loue le côté altruiste de l’expérience : «J’ai réalisé que vivre dans une société si axée sur le physique était très délicat.»

Gwyneth Paltrow, héroïne de «L’Amour extra-large» ajoute : «Le jour où j’ai essayé mon épais costume, j’étais dans le hall d’un hôtel de luxe. Personne ne voulait me regarder dans les yeux parce que j’étais obèse. C’est injuste.»

Comprendre l’autre

Charlize Theron a ressenti de l’empathie pour les femmes en difficulté en étant Aileen dans «Monster» : «J’ai vécu la détresse d’une fille qui a été sans-abri et a dormi dans un passage souterrain !»

Mais la plus belle leçon est sans doute celle de Dustin Hoffman. En incarnant la flamboyante «Tootsie», il a compris les exigences qu’endurent la gent féminine et en parle, les larmes aux yeux, dans le «making-of» (*) : «Je ne me suis pas trouvé attrayant dans la peau d’une fille et je sais que si je m’étais rencontrée lors d’une fête, je n’aurais jamais parlé à cette personne, car elle ne remplit pas physiquement les canons de notre société… Ce doit être une grande souffrance pour les femmes intelligentes mais qui ne sont pas assez sexy aux yeux des hommes. Le vivre sur un tournage m’a aidé à changer et améliorer mes opinions.»

Cet article est paru dans le magazine Télépro du 9/7/2020

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