Stars sous le sceau du secret… ou pas !

Charlene de Monaco aurait-elle le moral fragile ? © Isopix

Entre la nouvelle idéologie de la transparence et la nécessité de protéger son intimité, le cœur des personnalités balance. Leur discrétion fait vite place à toutes les suspicions. Dilemme…

À quel point une célébrité «appartient-elle» au public ? Partager ses tourments permet à une personnalité de se rapprocher de ses admirateurs. Ce «lien social» a pris de l’ampleur avec les réseaux sociaux, les profils et selfies proposés par les stars elles-mêmes. Mais où poser les limites ? Avec la tyrannie de la transparence, l’exercice se fait de plus en plus périlleux.

Drôle de dame, drôle de drame

Pourtant, le mystère tient autant en haleine que le déballage! L’actuel flou autour du devenir de la princesse Charlene de Monaco en est un exemple édifiant. Voilà près d’un an que Monégasques, public et médias du monde entier se posent des questions, tandis que son époux, le prince Albert II, diffuse des informations au compte gouttes.

Moral fragile…

Partie en début d’année en mission humanitaire en Afrique du Sud, son pays de naissance, la belle quadragénaire y est restée pendant près de dix mois. Une grave infection ORL et d’importantes opérations chirurgicales l’auraient retenue loin du Rocher. Des photos de sa silhouette frêle montrent en effet qu’elle aurait de graves problèmes de santé. Mais seraient-ils uniquement d’ordre physique? Le moral de la dame est toujours apparu fragile, lui aussi. Et ce, depuis l’annonce de son union avec Albert.

Comme le note l’historien Philippe Delorme: «Beaucoup de gens ont eu l’impression qu’il s’agissait d’un mariage arrangé.» Charlene a souvent affiché une mine triste, y compris le jour de ses noces. Serait-ce l’effet du poids du diadème étincelant ou de celui du secret ? La promise a justifié son flot de larmes par le fait qu’elle était très émue.

Princesse réticente

Le couple a pourtant continué d’intriguer. Même après la naissance de ses enfants, les jumeaux Jacques et Gabriella, le 10 décembre 2014, la jeune maman apparaît peu en public. Pis, depuis une nouvelle annonçant que son époux ne serait pas le père hors mariage de deux descendants illégitimes – Jazmin Grace et Alexandre Coste – mais de trois – une jeune Brésilienne de 15 ans –, Charlene aurait emménagé loin du palais dans un modeste appartement. Puis serait partie en voyage. Avec les conséquences que l’on sait.

Le mystère s’épaissit

Malgré la communication diplomatique et rassurante de son époux, puis le retour de son épouse sur le Rocher pour une convalescence en établissement privé, le mystère s’épaissit. Et agace. Un cafetier monégasque a dit au Mail Online : «Nous sommes heureux de la retrouver, mais elle n’a pas l’air bien. Il nous semble que la situation n’est pas claire ! Que la princesse est réticente, que quelque chose ne va pas… Et que, pour une raison inconnue, on ne nous dit rien.» Charlene n’est décidément plus une princesse qui fait rêver, même si le «feuilleton» de sa vie étonne encore.

Trop de confidences

Avant elle, d’autres ont cessé de fasciner. Pas avec un silence de plomb, mais via un flot de confidences tout aussi déroutant. Lady Di fut l’une des premières à donner le ton. D’abord presque muette, elle a tout dit de ses rêves brisés et de sa vie tourmentée dans un livre-confession et une interview réalisée par le journaliste Martin Bashir.

Aujourd’hui, son fils cadet, le prince Harry, et sa jeune épouse, Meghan Markle, eux aussi excédés à la fois par un protocole monarchique d’un autre âge et par les tabloïdes britanniques intrusifs, suivent ses traces. Mais, entre démentis et déballage volontaire, le couple s’est pris les pieds dans le tapis rouge. Et a perdu beaucoup de la sympathie qu’il attirait juste après son mariage.

Casser le mythe

Autre monde fantasmé, le show-biz perd lui aussi de son lustre. Jadis, les icônes cultivaient le secret, allant même jusqu’à mentir ou à se créer une vie de façade pour faire rêver le public. Les acteurs gays faisaient de beaux vrais faux mariages – comme Rock Hudson qui épousa sa décoratrice Phyllis Gates et cacha ses après-midis au bord d’une piscine entourée de jeunes hommes. Des années 1930 à 1960, nombre de médias étaient de mèche et publiaient des reportages en forme de contes de fées.

La tendance changea dans les années 1970. Certaines coqueluches continuèrent d’opter pour le sceau du secret, tel Dave à qui on prêtait des fiancées pour les séances photos, ou comme Ringo et Sheila, jeunes mariés officiellement heureux qui avaient déjà commencé à se disputer en coulisses. Puis vint le règne des tabloïds et des chasseurs d’images qui attisèrent de plus en plus les curiosités sans vergogne, jusqu’à casser les mythes les plus idéalisés.

Réputation contre révélations

La tendance se poursuit aujourd’hui, surtout pour les stars disparues, mais encore idolâtrées. Tel Cloclo. Selon les révélations récentes du réalisateur François Pomès, on a découvert que le chanteur ne s’en tenait pas qu’à des sourires avec certaines groupies, parfois mineures. Et avait une descendance cachée. «J’ai réalisé le documentaire «Claude François, le dernier pharaon», révélant l’existence de Julie Bocquet, fille naturelle du chanteur et qui vit en Belgique», a confié Pomès à Télépro. «Très vite, il est apparu qu’il pourrait y avoir d’autres enfants cachés. On a découvert des affaires de mœurs laissant entendre que la star avait eu des liaisons non pas avec de jeunes majeures, mais des mineures de 13, 14, 15 ans…»

L’interprète de «Belinda» est loin d’être le seul à passer d’une image pailletée à une réputation graveleuse. Les confessions de victimes, jusque-là silencieuses, explosent dans les livres, sur Instagram ou via des mouvements comme #MeToo.

Démantèlement du culte de la célébrité

Moins dramatique, mais tout aussi désenchanteur, le phénomène du «tout dire, tout montrer» fait pâlir les étoiles qui envoient des messages depuis leur salle de bain ou leur cuisine, sans maquillage et vêtues de tenues confortables. Que la crise sanitaire et le confinement ont accentué.

Une journaliste du New York Times, Amanda Hess, hésite entre ironie et désolation : «Parmi les impacts sociaux du coronavirus figure le démantèlement du culte de la célébrité. Les personnalités sont les ambassadrices de la méritocratie; elles représentent la poursuite de la richesse à travers le talent et le travail acharné. Mais le rêve se dissipe lorsque la société se bloque, que l’économie stagne. Ainsi, quand Pharrell Williams a demandé à ses fans de faire un don pour aider les soignants, ils lui ont répondu de commencer par vider ses propres poches.»

Coupure de courant

Alors que le public se préoccupe de son quotidien, Madonna se filme flottant dans un bain parsemé de pétales de roses ! «Pour la Madonne, tenir les fans sous son emprise est encore un autre luxe disparu. Il a fait place à la sensation troublante de normalité», souligne Hess. Chris Rojek, professeur spécialisé en sociologie culturelle à la City University de Londres, ajoute sur la BBC : «La distance entre une célébrité et le public est bien moindre qu’avant. Désormais, nous entrons dans leurs chambres , connaissons le contenu de leur réfrigérateur, savons ce qu’elles aiment regarder sur Netflix. Cela dit, la culture de la célébrité est là pour rester.» Avec ou sans parfum de mystère…

Cet article est paru dans le Télépro du 16/12/2021.

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