Stephan Streker à propos de son film «L’Ennemi» : «L’importance du point de vue !»

Stephan Streker, Alma Jodorowsky et Jérémie Renier lors de la première parisienne du film, en 2022 © Getty Images

Jeudi à 20h30, La Trois diffuse «L’Ennemi», réalisé par le Belge Stephan Streker («La Tribune») et inspiré de l’affaire Bernard Wesphael, ex-député wallon soupçonné en 2013 du meurtre de son épouse dans un hôtel d’Ostende.

Qu’est-ce qui vous a interpellé dans l’affaire pour avoir eu envie de vous en inspirer ?

Il m’est arrivé de croiser deux personnes avec lesquelles nous avons évoqué l’affaire. Pour l’une, Bernard Wesphael était coupable. L’autre le considérait innocent (il a été acquitté en 2016, ndlr). Et toutes deux étaient très sincères. J’ai constaté à quel point un fait juridique suscite des convictions. Il était donc intéressant de se poser des questions sur l’intime conviction et le doute, ainsi que le couple et la toxicité. En outre, j’aime faire un cinéma où il y a plus de questions que de réponses et où le jugement moral ne m’appartient pas. Je ne veux pas dire au spectateur ce qu’il doit penser, je lui laisse se faire sa propre opinion, être intelligent et libre.

Jérémie Renier – qui incarne Durieux, l’homme politique accusé – vous est-il apparu comme une évidence pour ce rôle ?

J’ai toujours adoré Jérémie même si, étonnamment, on ne se connaissait pas du tout. Et à la seconde où nous avons parlé, la connexion a été instantanée. Il est un excellent acteur et j’aime travailler avec les meilleurs. Je vous livre un secret : travailler entouré de bons comédiens, c’est presque trop facile ! (Rire) Quant à Alma Jodorowsky (alias la compagne de Durieux), elle est extrêmement sensible et la vulnérabilité des acteurs me touche et m’intéresse particulièrement. Avoir des failles, c’est s’autoriser à baisser la garde. J’apprécie également la force et la tendreté d’Olivier Gourmet.

Ce film met en exergue la belgitude avec Ostende qui est un personnage à part entière !

La Belgique est un sujet à elle seule, avec des singularités qu’on ne rencontre nulle part ailleurs ! L’affaire Wesphael est celle d’un politique francophone qui parle très peu le flamand. Et ne comprend pas trop ce qui lui arrive dans le nord du pays. Lors du procès, il y a eu des erreurs de traduction ! (Les mots «hémorragie» confondus avec «hématome», «mort par strangulation» avec «mort par suffocation», ndlr.) Cela ne peut arriver qu’au Plat pays !

Le récit montre aussi à quel point les réseaux sociaux constituent un tribunal parallèle, où l’on juge sans appel et sans savoir…

Je pense qu’Internet nous a amené plus de bonnes choses que de mauvaises, mais c’est le contraire avec les réseaux et polarisation à propos de tout et n’importe quoi ! Tout y est binaire : on est dans un camp ou dans l’autre. Heureusement, le cinéma, lui, apporte les nuances. C’est en cela qu’un film est intéressant.

Cet article est paru dans le Télépro du 11/4/2024

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