Fin 1972, Véronique Sanson quitte la France pour les Etats-Unis après une rencontre fulgurante avec le musicien Stephen Stills. De cet exil, aussi créatif que douloureux, naîtront trois albums phares de sa carrière qu'elle interprète à partir de mardi à l'Olympia, puis en tournée.
L'épisode est devenu légendaire. Alors qu'elle est en studio en octobre 1972 avec son fiancé Michel Berger, Véronique Sanson part acheter des cigarettes et ne revient pas...
Sa famille s'inquiète, la recherche partout, dans les hôpitaux, craint le pire. C'est finalement un agent d'Interpol qui retrouve la fugueuse de 23 ans dans un hôtel de New-York où elle se cache avec son nouvel amant, Stephen Stills, guitariste et chanteur du mythique groupe des années 1970, Crosby, Stills, Nash & Young.
"Je n'en suis pas fière, croyez-moi!", confessait récemment sur France 2 la chanteuse à propos de ce moment rocambolesque de sa vie.
Sur un coup de coeur, l'artiste, dont la carrière décolle alors en France, s'envole pour un exil qui durera huit ans au cours duquel elle composera "Le Maudit" (1974), "Vancouver" (1976) et "Hollywood" (1977), les trois albums de ses "années américaines".
"Je suis partie brutalement de France pour un monde que je ne connaissais pas. Ca n'a pas été anodin dans ma musique", explique l'auteur-compositeur-interprète.
Le 14 mars 1973, Véronique Sanson devient madame Stills. Le jours des noces, célébrées en Angleterre, la mariée a "la lèvre inférieure un peu tuméfiée", indice d'une relation déjà tourmentée, racontent Laurent Calut et Yann Morvan dans un livre sorti à l'occasion de cette tournée.
"Finalement, je me suis mariée par politesse", reconnaîtra plus tard l'interprète de "Chanson sur une drôle de vie".
Aux Etats-Unis, Véronique Sanson vivra d'abord dans le Colorado, à 3000 mètres d'altitude "dans une maison où il y avait partout des bouteilles d'oxygène parce que les gens qui n'étaient pas habitués tombaient dans les pommes."
"J'avais une seule chose à faire, me mettre à mon piano et composer, composer, composer", raconte-t-elle.
De cette vie recluse naîtra ce qui est considéré comme son chef-d'oeuvre, l'album "Le Maudit", et la chanson éponyme que Michel Berger considèrera comme l'"une des plus belles chansons jamais écrites".
Correspondance en chansons
Cela passe inaperçu à l'époque mais Michel Berger et Véronique Sanson viennent d'entamer une correspondance singulière et romantique, par chansons interposées.
Alors qu'elle chante ses remords et sa culpabilité ("Mais ta douleur efface ta faute", écrit-elle dans "Le Maudit"), Michel Berger lui envoie ses pensées "Comme un papillon à une étoile"...
En 1974, Véronique Sanson revient vivre un peu en France et c'est aux studios du château d'Hérouville, en région parisienne, qu'elle enregistre son album suivant, "Vancouver".
"Je n'avais pas envie de travailler et Bernard Saint-Paul, mon producteur, qui estimait que ce n'était pas possible que j'arrête, m'a enfermée dans une immense pièce avec un piano, une feuille de papier et un crayon jusqu'à ce que j'écrive la chanson +Vancouver+", se souvient-elle.
Les critiques sont élogieuses et avec cet opus, Véronique Sanson s'installe parmi les valeurs sûres de la chanson française. Suivra en 1977 "Hollywood", aux accents très californiens, un hommage à Stevie Wonder.
Les succès s'enchaînent mais la vie sentimentale de Véronique Sanson, elle, tourne au naufrage. De plus en plus absent, Stephen Stills, avec qui elle a eu un fils, Christopher, est aussi de plus en plus violent lorsqu'il est sous l'emprise des drogues.
Le divorce, prononcé en 1979, est une bataille pour la garde de Christopher, que la chanteuse finira par obtenir quelques années plus tard.
Se sent-elle toujours coupable, 40 ans après ? "J'ai pardonné à tout le monde, même à moi. Pardonner tous ces moments grotesques de lutte, de volonté d'être le plus fort. Ça prend du temps, la vie, même quand on arrive à mon âge", confesse l'artiste.