Alcool : à votre santé ? Pas vraiment !

Extrait de «Cash investigation» © France 2/Premières lignes

«Alcool : les stratégies pour nous faire boire» : le titre de «Cash investigation» (ce jeudi à 21h05 sur France 2) est éloquent. Les lobbies de l’alcool sont sans scrupules !

Les terrasses et les bars sont fermés pour cause de covid, les cafetiers trinquent mais la consommation d’alcool ne boit pas la tasse. Le n° 1 français du secteur, le groupe Pernod-Ricard, enregistre même un chiffre d’affaires de 8 milliards € l’an dernier. Le lobby de l’alcool est passé par là. Examinons les chiffres…

Gros buveurs

12 litres d’alcool pur par habitant et par an ! Le chiffre donne le tournis. C’est celui de la consommation d’alcool en Belgique repris par le site Belgium.be. Avec 14 % de Belges buvant de l’alcool tous les jours et une moyenne générale de 11 verres consommés par semaine, notre pays se situe dans la moyenne européenne.

Le site www.e-sante.be pointe deux autres constats chez nous. L’alcoolo-dépendance d’une part. Indépendante de la quantité consommée, elle concerne 10 % de la population. Le «binge drinking» ensuite, ou «hyperalcoolisation express» : 8 % de nos compatriotes en seraient des adeptes.

L’impact de l’alcool sur la santé est réel. Cancers, maladies du foie, du pancréas, du système nerveux… la liste des maux et traumatismes où intervient la consommation d’alcool est longue (près de 200). Selon l’OMS, l’alcool est à l’origine de 3,3 millions de morts par an, 6 % du nombre total de décès.

Côté financier, le Salon international de l’alimentation à Paris évoque un marché mondial des boissons alcoolisées pesant 1.470 milliards de dollars, emmené par les bières, suivies des spiritueux, des vins et des cidres.

Lobbies et pub

Selon l’Association française de prévention en alcoologie, ce business ne recule devant rien pour obtenir des résultats, la stratégie des lobbies est implacable. Leur cocktail mélange publicité, contournement de la loi, influenceurs et désinformation pour minimiser les risques de l’alcool.

Chez nous, dans un rapport intitulé «Interdire la publicité pour l’alcool, pourquoi ?», Infor-Drogues donne son point de vue. Dès 2009, elle dénonce les représentations de l’alcool véhiculées par la pub. Pas de fête sans lui, même pour George Clooney s’il veut rejoindre une soirée sans avoir apporté de bouteille. Telle bière forte est le sésame d’une blonde angélique pour être acceptée dans un bar démoniaque. Tel breuvage donne accès à un monde de strass et glamour aux nuits sans fin…

Bob connu, l’ivresse continue

De quoi séduire principalement le public jeune. Depuis le milieu des années 1990, les marques adaptent leurs produits et créent alcopops et pré-mix, aux goûts et au look proches des limonades. Infor-Drogues étend sa réflexion à la campagne «Bob», financée en partie par les brasseurs belges. «Même si elle a réellement atteint des objectifs de réduction des accidents provoqués par l’alcool au volant, (…) la désignation d’un Bob est de nature à déresponsabiliser les autres fêtards par rapport à leur consommation d’alcool».

Influenceurs

Le marketing lié à l’alcool recourt aux nouveaux modes d’approche du client. Les «micro» influenceurs, moins coûteux que les stars et plus proches de la cible, sont une piste neuve pour placer un produit. La loi s’est renforcée, mais les tentatives de la contourner existent. À l’été 2019, une plainte a été déposée auprès du Jury d’éthique publicitaire après que des instagrameurs ont mis en avant des boissons alcoolisées.

Revenons à la pandémie. Selon une étude de l’UCLouvain, près d’un Belge sur trois aurait augmenté sa consommation d’alcool. «Cela les aiderait à calmer leur anxiété ou à décompresser en fin de journée.» Mais, dans le même temps, pratiquement la même proportion du panel interrogé dit avoir diminué sa consommation… Verre à moitié vide ou à moitié plein ? Ou déni pernicieux ?

Testez-vous !

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