«Diabète, une addition salée» (Arte) : haro sur le sucre !

L'accès à l'insuline n'est pas équitable pour tous les patients... © Isopix

En 2015, dans le livre «Diabétiquement vôtre», le producteur et musicien français Bertrand Burgalat dénonçait les ravages du diabète et le lucratif marché qu’il alimente. Un documentaire, qui s’en inspire largement, est diffusé ce mardi à 20h50 sur Arte. Entretien.

Bertrand Burgalat, producteur, arrangeur et musicien français, est aussi diabétique insulinodépendant. En 2015, dans «Diabétiquement vôtre», mêlant récit autobiographique, enquête et témoignages, il décrit le sucre triomphant, les sociétés submergées et les vies dévastées.

Bertrand Burgalat, que dévoile votre ouvrage «Diabétiquement vôtre» (*), dont s’inspire le documentaire de Benoît Rossel et Dorothée Frénot qui sera diffusé mardi 2 mars sur Arte ?

À travers une longue enquête, j’ai voulu montrer ce que le diabète racontait de nos sociétés, et tordre le cou à des idées reçues, notamment la confusion entre les deux principaux types de diabète. Le diabète de type 1, insulinodépendant, est une maladie auto-immune qui représente 5 à 10 % des cas et qui nécessite un traitement quotidien très astreignant, des piqûres, des analyses. Le diabète de type 2, lui, se propage avec la sédentarité et les hydrates de carbone. Moins contraignant dans sa gestion quotidienne, il peut avoir des conséquences d’autant plus graves qu’il est souvent lié à d’autres pathologies, comme l’obésité ou l’hypertension.

Vous pointez du doigt le prix excessif de l’insuline…

La moitié des diabétiques insulinodépendants dans le monde, qui ne peuvent vivre sans cette hormone, n’y ont pas accès en raison de son prix injustifié – un tarif fixé par une entente tacite entre trois sociétés, qui se partagent un marché de plusieurs dizaines de milliards de dollars. Parmi elles, le laboratoire Sanofi, qui a arrêté toute recherche sur le diabète, continue de faire des profits sur l’insuline allant jusqu’à 3.000 %. Je ne reproche pas aux industriels de vouloir gagner de l’argent. Ce qui pose problème, c’est l’absence d’indépendance des autorités de santé, qui devraient renégocier le prix des traitements.

Face aux intérêts des laboratoires, un mouvement de résistance émerge-t-il ?

Les associations officielles sont, comme les diabétologues médiatiques, des relais d’opinion. Or leurs messages lénifiants ne sont jamais exempts d’arrière-pensées… C’est pourquoi nous avons fondé, il y a cinq ans, l’association Diabète et méchant. Nous travaillons avec d’autres organisations, notamment l’ONG T1International, qui se bat pour l’accès à l’insuline, et la campagne #insulin4all.

Contrairement au cancer ou au sida, le diabète est présenté comme incurable. Partagez-vous ce fatalisme ?

Le 11 février 2022, nous fêterons les 100 ans de la première injection victorieuse d’insuline à un jeune patient diabétique. Depuis cette découverte extraordinaire, la diabétologie n’a pas avancé. Mais je place beaucoup d’espoir dans les recherches sur les autres maladies auto-immunes, qui n’ont pas été aussi «engourdies» par l’argent. Pour le diabète de type 2, ce n’est pas le médicament qui viendra à bout de ce désastre, mais une mise à jour des recommandations des autorités de santé, qui persistent à enjoindre à la population de se gaver de sucres lents, ce qui est catastrophique. 

Cet article est paru dans le Télépro du 18/2/2021

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