Edward Snowden : «Big Brother, c’est Oncle Sam !»

Depuis la Russie, où il réside, Edward Snowden s’exprime désormais via des vidéoconférences © Isopix

Traître pour les uns aux États-Unis, héros pour d’autres, le lanceur d’alerte a fait l’objet d’un film engagé d’Oliver Stone en 2016. «Snowden» est à voir ce dimanche à 20h sur Club RTL.

«Je ne pouvais pas permettre au gouvernement américain de détruire la vie privée et les libertés fondamentales des personnes avec un système gigantesque de surveillance bâti secrètement», clame Edward Snowden. Au nom de la vérité, cet Américain de 37 ans s’est réfugié en Russie, avec sa compagne, où il est désormais résident permanent. Inculpé d’espionnage, privé de son passeport US, il risque jusqu’à trente ans de prison dans son pays.

En révélant en 2013 que la très secrète agence nationale de sécurité américaine, la NSA, avait mis en place un plan de surveillance de masse, il est devenu un traître pour les uns, un héros pour les autres.

Une bombe sur clé USB

Avant d’être lanceur d’alerte, Edward Snowden opérait comme analyste de données pour un sous-traitant privé de la NSA. Auparavant, il avait bossé pour la CIA. «J’ai vu que notre agence de renseignement fonctionnait en violation des droits de l’homme. Il s’agit de pouvoir et d’influence. Ces programmes de surveillance ne servent pas la sécurité publique. La vie privée est un espace que l’on peut perdre, un lieu sûr où on a le droit d’agir, de penser et d’échanger sans que chaque idée et chaque mot prononcé soient traqués, contrôlés et enregistrés», a-t-il déclaré par vidéoconférence à un amphithéâtre bondé d’étudiants et de profs new-yorkais. Il lui a suffi de quelques clés USB et de la complicité de journalistes pour lâcher la bombe classée secret-défense.

Informaticien timide

En 2016, Oliver Stone a scénarisé et réalisé un film engagé sur cette personnalité fort controversée (Club RTL, dimanche). Le réalisateur de «JFK» et «Nixon» a immortalisé les moments forts de sa vie. Il a rencontré à neuf reprises cet informaticien timide à Moscou que Joseph Gordon-Levitt incarne à l’écran. Autour de l’acteur gravitent d’autres personnages stratégiques aux visages connus comme un journaliste prêt à le soutenir (Zachary Quinto), un agent de la NSA (Nicolas Cage) qui n’a jamais eu le cran de dénoncer ces pratiques, et sa courageuse compagne (Shailene Woodley).

«Pas une fiction !»

«Mon film a été critiqué car beaucoup disent qu’il a tout inventé», confie le cinéaste. «Il ne s’agit pas d’une fiction. Tout cela existe. Snowden nous a donné de précieuses infos. Il s’est souvenu de chaque détail.» Côté production, Hollywood ne s’est pas frotté au projet. «Il m’a été difficile de mettre ce film en route. C’est grâce aux Européens qu’il a pu exister.» Stone montre que le tireur d’alarme ne s’est pas contenté de dénoncer le côté Big Brother de la NSA, mais l’ensemble de la politique d’espionnage des États-Unis au nom de la lutte antiterroriste : attaques de drones, cyberattaques contre l’Iran, écoutes massives de pays alliés à visées commerciales…  

Cet article est paru dans le Télépro du 3/6/2021

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