Fast fashion : prêt-à-porter ou à-jeter ?

Il ne faut pas aller jusqu’en Asie pour trouver des ateliers de misère. Ici, c’est à Leicester, en Grande-Bretagne... © Arte/Première Ligne

Les vêtements sont toujours moins chers et on en achète toujours plus. C’est la «fast fashion». Ce mardi à 20h50, Arte propose le documentaire «Fast Fashion – Les dessous de la mode à bas prix».

56 millions de tonnes de vêtements sont vendus chaque année à travers le monde. En Europe, la quantité a pratiquement doublé en vingt ans. Et pourtant, alors que nos grands-parents consacraient à l’habillement un tiers de leur budget, nous ne lui dédions plus que 5 %. Comment est-ce possible ?

Le prix des vêtements a fortement chuté au cours des dernières années. Il suffit de faire un peu de shopping en ville, et plus encore sur le Net, pour s’en convaincre. Une robe à 15 €, un pull à 12  €, un t-shirt à 5  €. À ce prix-là, on ne se pose pas trop de questions… Le phénomène, lui, pose pourtant question ! Ce mardi, Arte les soulève dans «Fast Fashion – Les dessous de la mode à bas prix».

La machine s’est emballée

Souvenez-vous… Jusqu’à la fin du XXe siècle, on ne s’achetait généralement que quelques vêtements par an. Des basiques pour la vie quotidienne et l’une ou l’autre belle pièce pour une grande occasion – baptême ou communion. Les magasins proposaient deux grandes collections par an : une pour la rentrée des classes, l’autre pour l’arrivée du printemps.

Mais depuis l’an 2000, la machine s’est emballée. Ainsi cette grande enseigne espagnole présente dans tous nos centres commerciaux : elle propose 65.000 nouveaux modèles chaque année. Soit près de 200 par jour ! À ce rythme-là, on est tenté de renouveler constamment sa garde-robe. Le phénomène porte un nom : fast fashion.

Sur smartphone

Les marques savent comment nous manipuler pour nous pousser à l’achat. Il y a d’abord les prix ultra-bas, qui donnent l’impression de faire des économies alors même qu’on dépense son argent. Il y a ensuite la nouveauté constante, qui nous titille. D’autant qu’elle s’accompagne d’une rotation importante. Il faut donc vous décider aujourd’hui parce que l’article ne sera peut-être plus en magasin demain.

Toutes ces stratégies semblent avoir trouvé leur aboutissement dans la vente en ligne. Même plus besoin d’aller faire du shopping, c’est le shopping qui s’impose à vous. Quand on sait que les jeunes passent deux heures par jour sur leur smartphone, on comprend que la tentation est grande… Dans la jeune génération, les garçons achètent d’ailleurs autant de fringues que les filles.

Un coût humain et environnemental

Mais comment les marques parviennent-elles à proposer des vêtements à si bas prix ? On sait qu’ils sont fabriqués dans des ateliers de misère. La catastrophe du Rana Plaza, au Bangladesh, en 2013, l’a mis en lumière. Mais des ateliers textiles dignes du tiers-monde existent aussi en Angleterre… Et au bout de la filière, les livreurs travaillent aussi dans des conditions souvent abusives.

En plus du coût humain, la fast fashion a un coût environnemental. Avec des matières synthétiques issues du pétrole, des traitements chimiques toxiques et une empreinte écologique catastrophique. Un seul chiffre : pour produire une tonne de textile, on pollue 200 tonnes d’eau. Tout cela pour des vêtements que l’on portera peu… Chaque année, en Europe, 4 millions de tonnes de textile finissent à la poubelle. Et seul 1 % peut être revalorisé.

Influenceuses, mode d’emploi

Les grandes marques de la fast fashion ne misent plus sur la pub traditionnelle. Leur terrain de jeu, c’est les réseaux sociaux. Et surtout, les influenceuses. Noholita, Léna Situations, Caroline Receveur… Cette dernière compte pas moins de 4 millions d’abonnés sur Instagram. Elles sont payées par les marques pour montrer leurs produits sur les réseaux. Généralement avec un fixe au départ, puis un pourcentage sur les ventes. Il suffit en effet d’un clic sur la photo de l’influenceuse pour arriver sur le site marchand de la marque et commander la robe, la blouse ou le jean qu’elle porte.

Cet article est paru dans le magazine Télépro du 4/3/2021

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici