Le yabusame, cheval de bataille des Japonaises

Défiant la tradition, les Japonaises sont de plus en plus nombreuses à s’essayer au yabusame... Et à mettre dans le mille ! © Arte/MedienKontor/Frank Mirbach

Au Japon, le yabusame est une tradition millénaire, historiquement réservée aux hommes. Mais marcher dans les traces des samouraïs ne fait plus peur aux Japonaises. Ce samedi à 18h, Arte diffuse «360° Reportage – Yabusame, les amazones du Soleil-Levant».

Début de la période Kamakura (1185-1333). Couvert de honte, un samouraï est condamné à commettre le seppuku (le «hara-kiri» de la haute société nippone) et à s’ouvrir le ventre en deux. La raison ? Ses piètres résultats au yabusame…

Si on imagine toujours les guerriers japonais se battre au sabre, l’arc à flèches est pourtant depuis toujours associé au pouvoir. Cette arme prestigieuse était la préférée de Jimmu Tenno, premier empereur du Japon, qu’il aurait fondé en -666.

Aux alentours du XIIe siècle, le shogun (général en chef des armées) Minamoto no Yoritomo constate pourtant des lacunes dans cette discipline chez ses samouraïs. Un nouvel entraînement est ajouté à leur formation, le yabusame. Littéralement «tirer une flèche en galopant sur un cheval», il consiste à s’élancer sur une piste d’un peu plus de 200 mètres et de tenter de toucher trois cibles en ne dirigeant son cheval qu’à la force des jambes, les bras étant occupés par un arc de deux mètres.

Avec l’arrivée des armes à feu au XVIe siècle, le yabusame tombe en désuétude avant de réapparaître durant l’ère Edo (1600-1868). La discipline guerrière, en raison de son caractère très codifié (et de la période de paix que vit l’archipel), se mue en un art martial inscrit dans le rituel religieux. Aujourd’hui encore, deux écoles enseignent ses principes et des performances sont réalisées au cours de cérémonies ayant généralement lieu dans des sanctuaires shinto (religion née au japon, avant l’arrivée du bouddhisme).

De vraies Amazones

2023. Ayuko Kamimura s’apprête à participer à son dernier tournoi. Outre l’assurance de ne plus avoir à s’éventrer en cas de mauvaise performance, Ayuko se distingue des samouraïs qui pratiquaient le yabusame il y a presque un millénaire par une autre particularité essentielle : c’est une femme. Très longtemps, le tir à l’arc équestre est resté l’apanage des hommes. Ce n’est qu’en 1963 que des cavalières ont pu, pour la première fois, participer à une démonstration. Depuis, une révolution est en marche.

Il y a un peu plus de vingt ans, Ayuko, première et (pour l’instant) seule monitrice de yabusame, a créé le Sakura, une compétition uniquement destinée aux femmes qui se tient à Towada (nord du Japon) chaque mois d’avril, sous les cerisiers en fleurs (les «sakura» sont les célèbres cerisiers qui font la beauté du Japon au printemps). En plus d’un rituel religieux, le yabusame est en effet devenu un sport à part entière, possédant même son propre Championnat du Monde, ouvert aux femmes. Dans une vidéo publiée par l’ambassade japonaise, Aoi Fuse, 15 ans et élève d’Ayuko, résume la situation : «C’est maintenant à ma génération de garder cette tradition vivante. J’ai vraiment le devoir de transmettre cet art exactement tel que je l’ai appris.» Mais à tou(te)s cette fois…

Cet article est paru dans le Télépro du 23/11/2023

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