«100 % sport» sur Tipik : bilan d’un bouleversement

«En changeant tout, on en a trop fait», reconnaît Jérémie Baise, présentateur de «100 % sport» sur Tipik © RTBF/Getinimage
Pierre Bertinchamps
Pierre Bertinchamps Journaliste

Trop de jeunisme, de nouveautés et de sujets «magazine», pas assez d’actus et des consultants mal utilisés… Rétropédalage pour le sport à Reyers ?

C’était la surprise de la rentrée à la RTBF : après cinquante-quatre ans de présence quasi hebdomadaire sur La Une, le magazine des sports du weekend passait sur Tipik (ex-La Deux) dans la même case du dimanche à 18h30. Pourquoi ?

Tipik, chaîne du sport

Même si la refonte de La Deux ne prend pas – le public de Tipik est toujours très (trop ?) hybride -, les rendez-vous sportifs y cartonnent. Y placer «100 % sport» avait donc du sens pour la lisibilité de la chaîne. «La volonté est d’avoir une « communauté sport » sur Tipik», explique Jérémie Baise, animateur de «100 % sport» depuis 2020. «Être sur cette chaîne permet du neuf en termes de dynamique, de vocabulaire et de liberté.»

La saison dernière, la RTBF avait donc fait le pari de transformer de A à Z le «Week-end sportif» aux allures «de papa» en «100 % sport» renouvelant les têtes et les rubriques. Mais la sauce n’a pas pris : trop de jeunisme, trop de nouveautés.

«On avait des consultants qui venaient à des semaines fixes. On fonctionnait à l’envers !», reconnaît le journaliste qui appelle au changement. «Si on a du basket, on invitera Duke Tshomba, c’est évident. Les consultants ne seront plus systématisés mais pertinents sur un sujet. En privilégiant les journalistes de la rédac’ sports.»

La faute au foot ?

Pourtant «100 % Sport» peine à retrouver les audiences des belles heures du «Week-end sportif» sur La Une. «Le public veut des résultats sportifs. Parfois, on a fait trop de sujets magazine», confesse Jérémie Baise.

Aujourd’hui, le Web et les réseaux sociaux donnent les scores en temps réel. «C’est l’enjeu central. Les résultats sont connus avant l’émission, mais on va apprendre des choses en allant au bord de terrains ou avec des interviews.»

Ce qui minerait les audiences : le match de Pro League à 18.00 le dimanche. Même diffusé sur une chaîne payante (Eleven), il est suivi par plus de 100.000 personnes. Le même public que «100 % sport»… «Mais les audiences n’ont pas joué sur le changement de canal», assure Jérémie.

Trop de changement

«Les gens n’aiment pas le changement, j’en fais partie. Surtout s’il s’apparente à un séisme. Le nom, le présentateur, le concept… avec le recul, c’était trop. J’étais le premier insatisfait de la formule. Je suis perfectionniste, en regardant l’émission, je sentais la frustration du téléspectateur. J’ai grandi avec le « Weekend sportif » et je ne le reconnaissais pas. La version sur Tipik doit ressembler à ce que la rédac’ sports sait faire.»

Le digest sportif a donc traité davantage l’actualité et Bénédicte Deprez a rejoint l’équipe pour un nouveau duo à la présentation. Une complicité née des J.O. cet été.

Retour sur La Une ?

La question se pose désormais : le transfuge de chaîne est-il figé ou non ? Le jeu «Les Associés du week-end», sur La Une à 18.30, ne décolle pas. Attirant 70.000 fidèles, il ne sert pas de locomotive au JT de 19.30. «100 % sport» retrouvera-t-il sa place… à 100 % ?

Cet article est paru dans le Télépro du 14/10/2021

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