[60 ans de Télépro] Rodrigo Beenkens : «Je suis un dingue de politique»

[60 ans de Télépro] Rodrigo Beenkens : «Je suis un dingue de politique»
Julien Vandevenne
Julien Vandevenne Rédacteur en chef adjoint

À l’occasion de l’anniversaire de votre magazine préféré, nous soumettons chaque semaine des personnalités de la télé à une série de questions. Objectif : découvrir quels téléspectateurs ils sont !

Rodrigo Beenkens est un animateur discret dont on entend finalement très peu parler dans les médias. Et pourtant, depuis près de vingt ans, il est considéré par les téléspectateurs comme LA référence en journalisme sportif. Le Tour de France, c’est lui. Les matches de Coupe du Monde de football, c’est encore lui. Les analyses de matchs européens, c’est toujours lui.

Rodrigo Beenkens est un Luc Varenne 2.0, capable de rendre passionnant un rendez-vous sportif moyen. Son secret ? Il ne le raconte pas aux téléspectateurs, il leur fait vivre.

Que regardez-vous à la télé ?

Les gens s’imaginent probablement que je regarde essentiellement le sport, mais en fait, je regarde essentiellement les infos. Un JT par jour, c’est le minimum. Je suis un vrai passionné des débats politiques, tous pays confondus.

J’aime beaucoup les magazines comme «Un jour, un destin». J’ai par contre moins de temps pour les films et les fictions.

Je regarde aussi avec plaisir les séries. J’ai commencé à aimer ça lors de l’arrivée de «24 heures chrono». On se calait en famille devant la télévision, c’était un moment privilégié. D’ailleurs, aujourd’hui, avec mon fils aîné, on regarde «The Walking Dead».

Combien de temps regardez-vous la télé chaque semaine ?

Le week-end, je ne regarde déjà pas la télévision sauf si j’ai une obligation professionnelle. J’aime profiter du temps où je suis à la maison pour être avec ma femme et mes enfants. Il y a aussi des périodes où je n’ai absolument pas le temps de regarder la télévision, comme lors d’une Coupe du Monde ou un Tour de France.

Et à l’inverse, il y a des moments où j’ai beaucoup plus de temps. On dira qu’en moyenne, c’est 2-3 heures par jour.

La télévision de votre enfance, c’était quoi ?

Jusqu’à mes 15 ans, la télévision n’a pas joué un grand rôle dans ma vie. J’étais en pensionnat, et donc il n’y avait pas la télé. Je n’avais l’occasion de la regarder que lorsque j’étais en dehors de l’école. Je me souviens ainsi avoir été passionné par les «Galapiats».

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La télévision de mon enfance c’est également des moments totalement irréels à l’internat. Un des surveillants avait une télévision. Comme il m’appréciait et qu’il savait que j’adorais le sport, il m’invitait parfois à venir en cachette dans sa loge pour regarder un match de foot. C’était une télévision en noir et blanc plus petite qu’un iPad et avec une captation catastrophique. Et pourtant, ça reste un moment fort de mon enfance.

Quand je n’avais pas la chance de regarder la télévision, je branchais la radio et me laissais bercer par les commentaires de Luc Varenne.

Avez vous des modèles, des mentors qui ont façonnés votre carrière ?

De manière générale, j’ai toujours été très attiré par la politique et les hommes politiques. Par l’éloquence dont certains font preuve. Par cette manière d’esquiver avec brio une question. Par l’art de la dissertation. Peu de gens le savent, mais la politique, c’est une vraie passion pour moi. J’ai par exemple regardé les débats à la Chambre il y a quelques semaines lorsque c’était très animé. Je suis alors capable de rester trois heures devant mon poste. Et quand vous êtes passionné de politique, il y a un nom qui s’impose dans le journalisme, c’est Jean-Marie Cavada. Lorsqu’il était encore journaliste (Cavada est aujourd’hui député européen), il avait cette manière de synthétiser les propos de ses invités, une manière de les cuisiner et de ne pas lâcher sa question, une manière de faire face qui étaient admirables. Cavada est un homme brillant.

Avez-vous une anecdote, un souvenir particulièrement marquant lié à votre métier d’homme de télévision ?

Il y en a beaucoup après autant d’années de métier, mais ce que je viens de vivre au Brésil m’a bouleversé. Je ne parle pas de la Coupe du Monde et de l’exploit des Belges, mais bien de la vie qui s’y écoule et des gens que j’ai pu rencontrer. Le continent était en fête, le Brésil était en fête. Il y avait une communion terrible entre toutes les nationalités et entre toutes les classes sociales. Vous savez, quand vous êtes journaliste sportif, vous passez beaucoup de temps seul finalement. Moi, ma manière de fonctionner est d’aller à la rencontre des gens des pays où je suis. Et le Brésil m’a envoûté. Je dirais même réellement transformé. J’ai vécu un mois aux côtés de personnes qui n’ont rien si on compare leur niveau de vie avec notre modèle occidental. Il y a de la misère, de la pauvreté, de la corruption, de la violence, du chômage… Cela se voit. Et pourtant, vous êtes reçu comme un roi, on vous aide. Il y a une sorte d’énergie positive malgré tout ce que ces gens vivent. Je vais vous raconter une anecdote. Je me suis retrouvé dans une maison vraiment délabrée à discuter avec un supporter du Brésil. À un moment donné, il me regarde et me dit : «On a du foot, on a du soleil, on a de la musique et on a même à manger pour la journée. On n’est pas bien là ?». C’est bouleversant et inspirant.

Télépro, ça évoque quoi pour vous ?

Je suis émotionnellement attaché au Télépro pour une raison toute simple. Mes grands-parents habitaient une petite maison. J’allais régulièrement chez eux et je me souviens parfaitement de la manière dont ils avaient agencé leur intérieur. Dans le salon, il y avait une petite table avec un pot de fleur. Et à côté, le Télépro de la semaine. Ma grand-mère le lisait de A à Z. Avec le recul, je me dis que ce serait fou qu’elle soit encore là, dans son fauteuil, qu’elle ouvre un Télépro et qu’elle y trouve une interview de moi.

Quel serait votre plateau télé idéal ?

Je n’ai pas d’idée d’un plateau idéal. En tant que professionnel, j’aurais envie de dire que le prochain sera toujours idéal. Ça nous oblige alors à nous dépasser.

Vous savez, parfois on a un plateau avec des invités de marque, et on se dit qu’on va faire une belle émission, et, au final, c’est très moyen. À l’inverse, on a parfois un plateau moins relevé en termes d’invités, et on se retrouve avec une émission exceptionnelle.

Mais si je devais avoir trois invités, ce serait Jean-Marie cavada, Luc Varenne et l’écrivain Nicolas Cauchy.

Entretien : Nicolas Roisin

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