Accessibilité aux malvoyants et malentendants : la RTBF moins bon élève que ses voisins

Accessibilité aux malvoyants et malentendants : la RTBF moins bon élève que ses voisins
Pierre Bertinchamps Journaliste

Le CSA publie un monitoring de l’accessibilité des programmes de la RTBF. Le service public respecte ses obligations mais elles sont nettement inférieures à la VRT.

C’est une obligation. La RTBF doit rendre accessible aux publics déficients sensoriels ses programmes. Si le contrat de gestion n’oblige pas toute la grille à être sous-titrée ou de proposer une traduction en langue des signes, la RTBF a des objectifs : 1.200 heures par an depuis 2015, année de référence.

Sous-titrage minimum

Concernant le sous-titrage, priorité doit être donnée au journal télévisé de début de soirée et aux messages d’intérêt général. Depuis la création de Access RTBF (en 2016), «On n’est pas des pigeons» est aussi sous-titré, ainsi que pas mal de prime-time en semaine, avec parfois du sport avec les J.O, le foot et même l’Eurovision.

En matière de langue des signes, la RTBF doit garantir un accès avec traduction gestuelle au JT de début de soirée («19h30») et au JT spécifiquement destiné à la jeunesse (les «Niouzz»). Enfin, l’audiodescription n’est pas oubliée, avec au moins 2 fictions par an.

Dans son rapport, le CSA remarque que la RTBF a respecté ses obligations, même si les seuils minimaux sont un peu «peau de chagrin» en regard de ce que font les télévisions publiques voisines. L’obligation de proposer 1.200 heures de sous-titrage par an, représente 5% du temps d’antenne cumulé des trois chaînes de télé. Là où la VRT est à 95%, et France Télévisions et la BBC à 100% ! En 2015, la RTBF totalisait 1.510 heures. C’est tout de même 4,5 fois moins bien que… France Ô (7.120 heures) !

Et en traduction gestuelle ?

Avec 210 heures de programmes en langue des signes, c’est une part de 0,86% du temps de diffusion. Là, nos voisins ne font pas forcément mieux. : en France, hormis les engagements spécifiques des chaînes d’information en continu, il n’existe pas d’obligation de traduire des émissions en langue des signes à la télévision. Alors que chez nous, même les télés locales proposent une JT digest hebdomadaire «signé», et une diffusion accessible de «Vivre Ici» par jour.

Pour l’audiodescription, en 2015, la RTBF a triplé son objectif avec 7 fictions audiodécrites. Comparé à France Télévisions qui a un seuil de 730 fictions minimum, et qui en a réellement diffusées 1.021, il y a encore pas mal de boulot. En Flandre, le  contrat de gestion de la VRT prévoit l’audiodescription d’une fiction par semaine, depuis 2016.

Même si au regard de ses consoeurs, la RTBF fait piètre figure, il faut reconnaître que les efforts sont là, et les objectifs imposés par la Fédération Wallonie-Bruxelles, largement dépassés. Selon le CSA, la balle est dans le camp du législateur qui devrait augmenter les seuils de la RTBF lors de la négociation du nouveau contrat de gestion. Mais il faudrait sans doute y mettre le prix…

Pierre Bertinchamps

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