Adieu Cognac-Jay !

La speakerine de TF1, Evelyne Leclercq à Cognac-Jay, en 1975 © Isopix/SIPA
Pierre Bertinchamps Journaliste

Le berceau de la télévision française prend sa retraite : la dernière chaîne à l’avoir investi vient de déménager.

«À vous Congac-Jay !», une phrase que les moins de 40 ans ne peuvent pas connaître. Pourtant, l’expression fait partie du patrimoine de la télévision française. À l’époque, dans les JT (principalement de TF1), à la fin d’un reportage ou d’un duplex, le journaliste clôturait sa séquence par ces mots. Et à l’image, on revenait au studio du JT qui se trouvait au 5e étage du bâtiment.

Cognac-Jay est le berceau de la télévision en France. Dès 1943, durant la Deuxième Guerre Mondiale, Fernsehsender Paris y diffuse ses programmes durant une année. Au départ, le lieu était une pension de famille que les occupants ont exproprié pour en faire leur télévision de propagande. À leur départ en août 1944, les Allemands laissent un petit bijou technologique derrière eux. Un des studios de télévision les plus performants du monde. Cinq ans plus tard naissait la RTF (Radiodiffusion-télévision française), les grands-parents de TF1, de France Télévisions et tous les autres…

C’est d’ailleurs à Cognac-Jay que TF1 installera son siège social de sa création en 1975 jusqu’à peu après sa privatisation (1992). Antenne 2 et FR3 y auront leur régie de 1975 à 1992. C’était également le siège de TV5 (pas encore Monde), dès son lancement en 1984. Pour la petite histoire, les speakerines de l’ORTF y étaient également logées.

Lorsque dans les années 90, les Grandes chaînes ont quitté le 13-15 de la Rue Cognac-Jay dans le 7e arrondissement de Paris, à quelques centaines de mètres de la Tour Eiffel, quelques chaînes du câble ont profité de l’outil (RMC Sport, RMC Story, Game One,…). La dernière en date, La Chaine Parlementaire (LCP-Public Sénat) vient de déménager…

Le bâtiment appartient à TDF, l’opérateur d’infrastructure en France qui gère les émetteurs. Espérons qu’à l’image de l’autre lieu mythique de la télé, Les Buttes Chaumont, il ne sera pas détruit quelques mois après le départ de son dernier locataire audiovisuel, en 1994.

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