CDJ : 10 années au service de la démocratie

CDJ : 10 années au service de la démocratie
Pierre Bertinchamps Journaliste

Le Conseil de Déontologie Journalistique vient de présenter son bilan annuel, marqué par une hausse des plaintes.

L’an dernier, 161 plaintes sont arrivées sur le bureau du CDJ. C’est un record absolu. Il n’y en avait que 116 un an auparavant. De là à dire que les journalistes «n’ont pas de déontologie», c’est faire un raccourci grossier. Le président du conseil, Jean-Jacques Jespers, insiste plutôt sur la visibilité du CDJ qui s’accroit d’année en année. Pour preuve, le nombre de dossiers effectivement ouverts (ceux menant à une instruction) qui est de 77, stable par rapport à 2016 (76 dossiers). Près d’une plainte sur deux n’est donc pas recevable.

Dans le détail, 25% des dossiers concernent des publications en ligne, 20% ont trait à des quotidiens, la télé a fait l’objet de 14% des plaintes, et 5% pour le média radio. Comme chaque année, la RTBF est plus épinglée que RTL (8 dossiers contre 4), le téléspectateur étant plus exigeant vis-à-vis du service public. Pour le top 3 des griefs, 36 dossiers concernaient le respect de la vérité, 23 sur l’approximation et 22 pour les atteintes aux droits des personnes.

Petite précision : si le programme «C’est vous qui le dites» (VivaCité) avait beaucoup fait parler de lui au début de l’année 2018 (et avait valu un changement d’animateur), il n’est pas la cause de l’explosion des plaintes l’an dernier. Quel que soit le nombre de plaignants, tout est regroupé sur un même dossier. Pour rappel, le CDJ ne sanctionne pas, mais oblige le média concerné à rendre public sa condamnation. On mise sur un «effet pilori».

2019 sera marqué par l’anniversaire du conseil. C’est en 2009 qu’un décret de la Communauté française permettait la création d’un conseil de déontologie. Et depuis, il n’a pas chômé : en dix ans, 887 plaintes ont été déposées au CDJ.

L’avenir s’annonce de plus en plus ardu avec la mutation de l’environnement médiatique et le changement de consommation via notamment les réseaux sociaux. Et si le CDJ peut rendre des avis sur un travail journalistique, il est plus démuni concernant un Facebook Live, par exemple.

Le CDJ constate qu’en 2018, un dossier était traité en 266 jours. Ce qui est trop, tant pour le plaignant qui a l’impression que son dossier n’avance pas, que pour le média concerné qui voit arriver un avis, avec neuf mois de décalage. Le conseil espère donc un petit coup de pouce de ses donateurs (les éditeurs francophones et les pouvoirs publics via l’AJP) pour embaucher du personnel et modifier ses procédures.

«Le CDJ n’est pas le machin des journalistes, il a un rôle démocratique essentiel : défendre la qualité des contenus de la presse en Belgique francophone», conclut Jean-Jacques Jespers. Depuis 2009, le CDJ a permis de faire changer les mentalités dans les rédactions où la course au scoop perd de la vitesse.

Pierre Bertinchamps

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