Ce mardi soir sur France 2, Michel Cymes retourne à la maternité ! (interview)

Ce mardi soir sur France 2, Michel Cymes retourne à la maternité ! (interview)
Julien Vandevenne
Julien Vandevenne Rédacteur en chef adjoint

Le médecin-animateur a passé trois jours en immersion dans la plus grande maternité de France.

Comment est-on arrivé à disposer aujourd’hui de matériel technique sophistiqué pour mener à bien un accouchement ? Michel Cymes nous l’explique ce mardi 24 mars dès 20h45 sur France 2, dans un nouveau numéro d’«Aventures de médecine» depuis l’hôpital Jeanne-de-Flandre à Lille. Emotions garanties.

Après le cœur, pourquoi la naissance ?

«Aventures de médecine» permet de prendre conscience de la chance que l’on a de vivre une époque riche en progrès médicaux. À ce titre, la maternité entre dans ce cadre, car on ne réalise plus aujourd’hui l’étendue incroyable de ces avancées. Pourtant, il n’y a pas si longtemps, l’échographie n’existait pas. On ne connaissait pas le sexe du bébé, on ne pouvait pas savoir s’il présentait des malformations. Quand on parle des matrones, du taux effrayant de mortalité qui prévalait chez les femmes en couches, ou des terribles crochets pour extraire le bébé, on a du mal à s’imaginer que ce n’était pas si loin dans le temps. Maintenant, tout paraît simple : on fait des échographies pour contrôler, on vous accouche, on procède à une césarienne si cela se passe mal, et après vous rentrez chez vous.

Les trois jours à la maternité ont été pour vous une sacrée aventure, n’est-ce pas ?

À la fois humaine et physique ! Durant plusieurs jours, être aux côtés de l’équipe médicale, rencontrer les patientes et leurs conjoints, assurer des gardes – et j’en avais fait des gardes en gynécologie-obstétrique à l’époque –, je peux vous affirmer que vous êtes rincé quand vous sortez de l’hôpital !

Avez-vous rencontré des difficultés lors de ce tournage ?

Il a fallu y retourner plusieurs fois afin d’avoir assez d’accouchements pour raconter des histoires. Il y a eu des drames, des naissances qui ne se sont pas bien déroulées. Tout n’est pas rose dans une maternité, malheureusement, et nous n’avons pas voulu évoquer ces moments par respect pour les familles. Mais pour autant, parler de drames n’est pas un problème ; nous ne cherchons pas à édulcorer. C’est ce qui s’était passé pour l’émission sur le cœur : le patient filmé pour une transplantation cardiaque est décédé peu de temps après. À la demande de la famille, nous avons conservé ces images et annoncé son décès à la fin de l’émission. C’est le principe même de l’immersion : tout n’est pas calculé.

Justement, ce procédé dans «Aventures de médecine» est assez troublant : pour la première fois, le journaliste à l’écran est un médecin.

L’originalité du programme repose sur ce principe : on me voit parmi les médecins, les patient(e)s, dans le bloc opératoire, dans les chambres. C’est là ma chance : en tant que médecin et chirurgien, je suis accepté par les équipes médicales, et elles me font confiance dans le bloc opératoire. L’obsession des chirurgiens est l’asepsie ; dès lors qu’ils savent que je suis un des leurs, ils m’acceptent à leurs côtés. Ils ont conscience que je sais me préparer pour le bloc, que je sais m’y mouvoir, que je peux m’occuper du patient pendant l’opération, et tout ça, sans les gêner.

Cela vous vaut d’ailleurs des réflexions plutôt drôles de la part du gynécologue-obstétricien, pendant la césarienne !

C’est vrai qu’il n’a pas l’habitude d’avoir un interne aussi âgé à ses côtés ! Cet épisode illustre bien le principe de l’émission. Quand j’assiste le chirurgien à l’accouchement, je suis dans l’action et non dans le commentaire. Le téléspectateur ne vit pas ce moment de la même façon que si j’étais à cinq mètres et que je racontais ce qu’il se passe. Dans ce cas, n’importe qui pourrait prendre ma place.


Lors des accouchements, que ressentez-vous en tant qu’homme, médecin, journaliste ?

Je suis toujours ému : chaque accouchement est touchant, chaque naissance attendrissante. C’est une émotion extraordinaire, mais elle ne doit pas m’empêcher de rester concentré sur l’aide que j’apporte, qu’il s’agisse d’une césarienne ou d’un accouchement par voie basse. Après, vous ne pouvez pas vous empêcher d’avoir la petite larme à l’œil quand vous voyez le papa et la maman se mettre à pleurer.

On est témoin de moments attachants entre les patients et vous. Votre présence les apaisent-ils ?

J’explique les évolutions et les techniques médicales, mais pas seulement. Je suis là aussi pour les personnes qui nous ont autorisés à les filmer, qui ont accepté notre présence. L’idée n’est pas de réaliser une émission médicale sur «regarder comment ça se passe au bloc» mais de vivre le moment, de vivre l’émotion avec la personne qui nous a fait confiance. Il me serait impossible, en tant que médecin, d’agir comme si le ou la patiente n’était là que pour se faire opérer, et d’occulter l’échange. J’ai besoin de ce contact avec les patients, il humanise le programme et permet aux téléspectateurs de s’identifier à eux.

Transplanter un utérus chez une femme de 36 ans, qui peut ensuite être enceinte, est une prouesse technique. Quels pourraient encore être les progrès à réaliser autour de la maternité et de la naissance ?

Les greffes d’utérus peuvent effectivement en faire partie. Il y a aussi de plus en plus d’avancées dans le dépistage des malformations. Mais je pense que les progrès de demain seront dans le diagnostic préimplantatoire, même si ce sujet en irrite certains. Il n’est pas question d’eugénisme, mais d’éviter des maladies génétiques graves pour le fœtus. Peut-être qu’on pourrait aussi un jour retarder la naissance des prématurés, faire en sorte que la grossesse se poursuive un peu plus longtemps. On peut tout imaginer : des techniques nouvelles dans des secteurs que l’on ne maîtrise pas totalement notamment la procréation médicalement assistée. Toute la sphère médicale peut avancer ; mais il ne faut pas oublier que dans ce domaine, les innovations sont souvent inimaginables peu de temps avant leur mise en œuvre.

Entretien : Mona Guerre

Découvrez ci-dessous la bande annonce de l’émission :

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