«Dilili à Paris» : un bijou intelligent pour petits et grands

Le cinéaste a placé la petite Dilili et les personnages de sa fable féministe dans un décor de photos retravaillées © RTBF/Artémis Productions

À découvrir ce samedi à 20h35 sur La Trois, cette magnifique fable féministe, récompensée par le César 2019 du Meilleur film d’animation, offre aussi une belle leçon d’Histoire !

L’orfèvre de l’image Michel Ocelot, père de «Kirikou» et d’«Azur et Asmar», sort de ses habituels décors imaginaires ou exotiques. Il présente ici le Paris de la Belle Époque, ère où vécurent des figures artistiques et sociétales d’envergure, et y met en exergue la culture, le vivre-ensemble et les prémices du féminisme. Avec, en fil conducteur inattendu, la métisse Dilili à l’optimisme sans bornes. Suivez le guide dans cette Ville Lumière sublimée !

Influences héroïques

Mais que fait donc à Paris, une orpheline kanake dont le teint, ni tout à fait noir ni complètement blanc, ne plaît pas plus à ses congénères de Nouvelle-Calédonie qu’aux Parisiens ? L’héroïne aux yeux émerveillés, promenée par son ami Orel sur son triporteur, donne une leçon de vie avec son besoin d’apprendre, d’être aimée et ses attentes matures qu’elle exprime ainsi : «L’injustice m’outrage et la justice m’intéresse !».

Confrontée à une obscure association, les Maîtres-Hommes, opposés au progrès des femmes, elle vient en aide à des filles kidnappées… Par le biais de ce sombre chapitre, Ocelot plaide pour la cause féminine : «En France, les hommes puissants ont toujours maintenu les femmes hors du pouvoir, mais ils n’ont jamais imaginé une société sans elles. Ce qui fait qu’elles ont toujours eu une influence sur le pays, quelque non-officielle qu’elle ait été ! En 1900, petit à petit, des individualités héroïques brisent des barrières : la première avocate, la première femme médecin, étudiante, professeure à la Sorbonne, etc.»

Apologie de l’audace

Cela n’empêche pas ces pionnières de rester élégantes, en harmonie avec les plus beaux lieux culturels – dont un Opéra Garnier plus vrai que nature – qu’Ocelot célèbre en y posant une Dilili admirative. Afin de soigner la poésie des images, il a pris en photo les vrais bâtiments et ajouté des personnages dotés de traits proches de ceux de dessins animés.

«J’ai dit à mes animateurs et modeleurs : le naturel est bien, mais le sublime est mieux !» Dans ce Paris lissé mais apaisant, l’héroïne croise des inconnus dont l’intelligence et l’audace marqueront l’histoire : Louis Pasteur, Gustave Eiffel, les frères Lumière, Marie Curie, Colette, Camille Claudel, Pablo Picasso ou encore le couturier Paul Poiret qui supprima le corset de ces dames !

La fillette issue des minorités malmenées a aussi sa bonne fée : la mythique cantatrice Emma Calvé (doublée par Nathalie Dessay !). Ce qui décuple son courage face à tous les obstacles. «Je montre des personnes qui font bien leur travail et enrichissent humainement les autres», conclut Ocelot. Et même les plus petites, telle Dilili, rappellent que chacun et chacune peut faire la différence ! 

Cet article est paru dans le Télépro du 22/7/2021

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