François Tron (RTBF) : «Les nouveautés culturelles n’ont pas pour but de remplacer « Cinquante degrés nord » !»

François Tron (RTBF) : «Les nouveautés culturelles n’ont pas pour but de remplacer "Cinquante degrés nord" !»
Pierre Bertinchamps Journaliste

François Tron, le directeur de la télévision de la RTBF, dresse un bilan des nouveautés culturelles mises à l’antenne juste avant l’été.

C’était sans doute un petit test avant le grand saut. Lancer, un mois avant la pause estivale, deux nouveautés très attendues, en termes de programmes culturels. Le bilan ne semble pas mauvais pour le patron de la télévision de service public, même si certains choix laissent peut-être un peu pantois.

«C’est cult» : objectif atteint !

Le petit agenda quotidien, présenté par Joëlle Scoriels, est assez controversé par le public. «Il y a un malentendu sur « C’est cult »», explique François Tron. «C’est un programme d’information sur des manifestations culturelles en Wallonie et à Bruxelles, habillé en fiction. Une capsule qui est volontairement mise sur La Deux, pour son coté impertinent.» Ce qui passe mal, c’est le petit sketch. «De la même manière que quand j’étais à France 2 et que j’ai lancé « D’art d’art »», rappelle le directeur. «On avait été très contesté. Le registre humoristique, surréaliste et décalé permet des audiences qui sont plutôt bonnes, et puis le programme est d’abord diffusé sur les réseaux sociaux avant la télé, et il cartonne.» Et d’ajouter : «Je peux admettre que la forme soit contestée, mais nous amenons un public qui ne viendrait pas naturellement vers la culture. Et c’est justement-là notre objectif.» Pour la rentrée, la formule sera retravaillée mais le canevas ne sera pas modifié. «Je ne vois pas en quoi nous ne remplissons pas nos missions avec ce programme ! Si on avait fait de « C’est cult » une simple fiction décalée, le public aurait passablement réagit, mais parce qu’on y ajoute un agenda culturel, on nous taxe d’assassiner la culture !», poursuit-il. «Au contraire, on la promeut, mais de façon différente de ce qu’on voit par ailleurs, même sur nos antennes. S’arrêter à un programme de 2 minutes 30 pour juger, c’est volontairement réducteur. Les opérateurs en sont contents aussi puisqu’ils reprennent parfois la pastille sur leur site.» Enfin, François Tron reprécise les choses : «L’objectif des nouveautés culturelles n’est pas de trouver un remplaçant à « Cinquante degrés nord » !»

«L’invitation» : la bonne surprise !

«Au départ, les gens se posaient des tas de questions, et aujourd’hui, tout le monde en est content !» C’est en effet la bonne surprise de l’offre. Un opérateur culturel qui rencontre des personnes qui ne sont pas spécialement attirées par la culture ou le genre de manifestation culturelle proposée. Et l’immersion est filmée. «C’est une création originale qui met les gens au centre du programme, comme le fait aussi « Livrés à domicile ». Ce qui nous intéressait, c’était de faire partager les impressions des anonymes qui vont voir un spectacle, tout en les confrontant aux problématiques des créateurs», détaille Tron. «Nous sommes dans une société où les gens ont de plus en plus envie qu’on leur donne la parole. Avec « L’Invitation », nous sommes parfaitement dans le fil de cette évolution». Malgré la qualité et le succès, un passage sur La Une n’est pas à l’ordre du jour. «Il y a un travail important sur le positionnement de chaînes. Certes, la culture est traitée de manière transversale sur les différentes antennes de la RTBF, mais de manière adaptée à chaque chaîne. À la rentrée, il y aura des évènementielles culturelles en prime time, aussi sur La Une, mais à la dimension familiale, propre à l’identité de la chaîne.»

«Tout le bazar» : Pas en prime-time

Dès la rentrée, Hadja Lahbib reviendra sur Arte Belgique dans une nouvelle formule de «Quai des Belges», appelée «Tout le bazar». «Dorénavant, la durée sera toujours la même, ce qui n’était pas le cas avant, en fonction de la durée du documentaire », explique François Tron. Ce sera un magazine de 26 minutes qui reviendra en bimensuel. «Nous sommes toujours en train de discuter avec Arte sur l’horaire de diffusion. Nous voulons l’exposer au mieux, et il pourrait se retrouver en fin de journée…», avance-t-il. Pour le contenu, Hadja Lahbib recevra des créateurs belges (du Sud, comme du Nord) qui ont une dimension internationale.

Arte Belgique : de nouveaux accords

Même si le budget de la fenêtre belge d’ARTE est passé de 3 à 1 million d’euros, ARTE Belgique ne sera pas une coquille vide. «Nous avions des accords avec la chaîne strasbourgeoise notamment dans la coproduction de documentaires, et on va encore travailler avec eux sur une dizaine de productions. Ils étaient notamment sur la Bataille de Waterloo, et ils seront sur le spectacle de Fabrice Murgia (NDLR : «Pour notre peur de n’être») que l’on va diffuser en direct.» Outre une série de documentaires réalisés en commun, la RTBF et Arte seront de plus en plus partenaires sur des événements d’antenne. Sur le Web, la site culture de la RTBF fait désormais aussi des renvois vers celui d’Arte.

Le projet «Sensations» : rien de définitif

Pour l’émission musicale qui devait rivaliser avec «La Boite à musique» (France 2) de Jean-François Zygel, les choses ne sont pas encore tout à fait arrêtées. Le titre n’est pas encore fixé non plus. Pour le contenu, le dossier avance : «L’idée est d’explorer les émotions humaines à travers des œuvres du répertoire classique, le tout sera expliqué par un médiateur qui sera Patrick Leterme (de Musiq’3).» Ce ne sera pas un magazine comme on l’imaginait au départ, mais plutôt une série de documentaires. On parle d’une case dédiée à la musique classique, avec aussi des captations, comme le Festival Musiq’3, en juin dernier, à Flagey. Le tout devrait se retrouver en prime time, sur La Trois…

La Trois qui va fêter ses 5 ans, «avec éclat», en septembre prochain. «Aujourd’hui, l’audience moyenne tourne autour des 1,5 % de parts de marché», annonce François Tron. «Ce qui est un vrai succès pour une chaîne culturelle.» 60 % de sa grille est dédiée exclusivement à la culture, soit 3.000 heures par an !

Pierre Bertinchamps

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