«Graines d’étoiles» : une vie de passion !

«Pratiquer la danse demande autant de forme physique et psychologique que le tennis ou le football», souligne Françoise Marie © Arte/Schuch Productions

Après l’immense succès des saisons 1 et 2, Arte diffuse l’opus 3 de ce documentaire consacré à la danse classique.

Dimanche à 23h40 dans «Graines d’étoiles, les années de maturité», Arte retrouve les petits rats de l’Opéra filmés dix ans plus tôt à l’école, puis à l’aube de leur carrière. Françoise Marie, la réalisatrice, nous relate avec bonheur le vécu de ceux qui sont devenus de grands danseurs.

Vous avez tant de belles images ! Faire un tri est-il un crève-cœur ?

Oui car j’aimerais montrer à nouveau chaque artiste pour que les spectateurs sachent ce qu’ils sont devenus. Et je crains toujours de décevoir celles et ceux qui n’apparaîtront pas. Mais ils ne m’en veulent pas. J’ai compris que l’important, pour eux comme pour moi, est de délivrer un message collectif, raconter leur quotidien d’une même voix. C’est d’autant plus touchant que la génération que je vois depuis bientôt dix ans est très solidaire. Même si l’Opéra et ses examens les mettent en concurrence, ils se soutiennent.

Quels aspects de cette longue aventure vous fascinent-ils ?

Voir des destins se tisser. Observer combien ces jeunes enfants ont très tôt de la maturité, se disciplinent, se dévouent à leur art, prennent soin de leurs corps et de leur mental. Ce sont à la fois des sportifs de haut niveau et des artistes précoces exigeants. Tous font des sacrifices, quittent leurs parents pour vivre à l’internat toute la semaine. Certains, comme Chun-Wing dont la famille est à Hong Kong, surmontent l’éloignement grâce à la passion de la danse. Et quand on leur demande s’ils veulent abandonner, tous répondent : «Jamais de la vie !»

Peut-être sont-ils aussi conscients de la brièveté de leur carrière…

Absolument. La retraite à l’Opéra de Paris est fixée à 42 ans. Certains doivent s’arrêter plus tôt à cause de blessures. Leur corps, très sollicité, s’use. Il faut profiter de cette magie au maximum. À 25 ans, ils doivent déjà se poser des questions pour l’après-opéra. Tous ont une grande force de caractère, nécessaire pour les examens, grimper les échelons et obtenir peut-être le titre tant convoité d’étoile !

Au fil des saisons, le public de «Graines d’étoiles» s’attache à eux. Vous aussi ?

Complètement ! Profondément ! Je suis toujours ravie de les retrouver. Je garde des liens avec Antonio (Conforti) et Alice (Catonnet) aujourd’hui «sujets» (2 e titre avant celui d’étoile, ndlr) dans le ballet, mais aussi le petit Aurélien (Gaye) qui, au début, racontait chacune de ses journées au téléphone à sa maman. Il est devenu un très beau danseur. Ce ne sont pas mes enfants, mais c’est de la famille. On partage un magnifique lien de confiance !

Teniez-vous aussi à montrer que la danse n’est pas juste un «truc pour les filles» ?

Oui ! Il y a des danseurs homosexuels, mais ce n’est pas une généralité. Et pratiquer la danse demande autant de forme physique et psychologique que le tennis ou le football. Malgré un costume de prince, un danseur reste très viril. J’ai également voulu montrer que même si l’on ne réussit pas une carrière en danse, plein d’autres métiers s’ouvrent à vous grâce à la rigueur apprise dans cette école. Dans cette 3e saison, on retrouve des élèves qui ont quitté l’Opéra et ont trouvé leur équilibre ailleurs. Le jeune Marin, vu dans la saison 2, est engagé dans la troupe de «West Side Story» pour 2023 !

Ce documentaire marque tout le monde, autant les danseurs que les spectateurs !

Je le constate au fil des ans avec le nombre de vues, de par le monde, sur Internet. Il me reste tant d’images et l’histoire de chaque danseur est si passionnante que j’aimerais l’adapter au grand écran !

Cet article est paru dans le Télépro du 15/12/2022

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