La création du Conseil de déontologie des journalistes, conséquence concrète de «Bye-Bye Belgium» !

Des «festivités» sont prévues mardi et mercredi prochains © Getty
Pierre Bertinchamps Journaliste

La bonne déontologie journalistique fête ses 10 ans en Belgique francophone. Tout un programme…

Ce mois de janvier, le Conseil de déontologie journalistique (CDJ) célèbre ses 10 ans d’existence. C’est en 2009 que ce dernier a été créé, mais ce n’est qu’en janvier 2010 que la première réunion a eu lieu.

C’est en 1988 que l’embryon d’un CDJ (au sein de l’Association des Journalistes de Belgique) éclot. À l’époque, la profession voulait lutter contre d’éventuels recours en justice de la part du monde politique crispé par des révélations peu glorieuses, avec le risque de mettre en péril la liberté de la presse. Les négociations ont été longues et difficiles. C’est la Flandre qui dégaine la première avec la RAAD, le pendant flamand du CDJ, en 2003.

Côté francophone, les négociations se poursuivent entre les éditeurs, les journalistes et les rédacteurs en chef. Ce sera la diffusion, le 13 décembre 2006, de «Bye-Bye Belgium», le JT-fiction sur la fin de la Belgique, diffusé sur La Une, qui donnera un sérieux coup d’accélérateur aux négociations.

Le décret mettant en place de Conseil de Déontologie Journalistique (CDJ) sera voté le 30 avril 2009. Pour la petite histoire, le CDJ francophone repose sur une base décrétale (donc légale), pas en Flandre, ce qui est une garantie supplémentaire tant pour le public que pour la profession. Le CDJ sera créé en septembre 2009. Son installation officielle aura lieu le 7 décembre de la même année, et la 1ère séance mensuelle se tiendra le 13 janvier 2010. Depuis 2013, le CDJ est reconnu également comme organe d’autorégulation pour les médias germanophones (Grenz-Echo, BRF, Contact,…) sous le nom RBJ.  

Une fois n’est pas coutume, la Belgique est précurseur par rapport à son grand voisin, la France. Si le CDJ français est officiellement installé depuis décembre 2019, les Français se sont largement inspirés de ce qui se fait en Belgique (avec évidemment des différences dues à la taille du pays et au nombre de médias sur le marché). Notre CDJ a plusieurs fois été consulté et invité à Paris pour expliquer son fonctionnement et tenté d’inspirer la mise en place de son homologue. 

En dix ans, le CDJ a reçu 1006 plaintes. 359 ont été classées irrecevables (soit pour des questions de forme, soit parce qu’elles ne comportaient pas d’enjeu déontologique). 549 dossiers ont été ouverts, ce qui a donné lieu à 315 avis. Pour le solde, les questions ont été résolues grâce à des médiations internes qui n’ont plus donné lieu à une plainte.

Pour célébrer cette décennie d’autorégulation déontologique comme il se doit, deux journées (les mardi 21 et mercredi 22 janvier 2020) de forum ouvert aux citoyens ne seront pas de trop ! Il y aura des colloques, une réunion interactive (fictive) du Conseil de déontologie journalistique pour mieux comprendre les différentes étapes de la prise d’un avis, et des tables rondes avec notamment la présence de la Vice-Présidente de la Commission européenne et la Ministre francophone des médias. Le tout est entièrement gratuit (mais sur inscriptions). Les différentes séances se tiendront à l’International Press Center, au Residence Palace, dans le quartier européen de Bruxelles.

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