«La Mule» : l’histoire vraie d’un papy bandit !

Le spectateur se prend de sympathie pour ce vieil acariâtre trafiquant de drogue incarné par Clint Eastwood © RTBF

Le film «La Mule» conte la vie stupéfiante d’un nonagénaire bon ton traqué pour trafic de drogue.

Dans l’inédit de La Une lundi à 20h40, Clint Eastwood filme et incarne le vétéran aux abois Leo Sharp, une «mule» : un papy discret qui accepte de passer de la drogue. Un road movie touchant sur les erreurs et les secondes chances, inspiré de faits réels.

En 2018, l’acteur et cinéaste a 88 ans et toujours la forme, mais adopte une démarche hésitante pour jouer cet ex-combattant de la Seconde Guerre mondiale devenu horticulteur. Après la faillite de son entreprise, fin des années 80, il s’essaye au rôle de «mule», convoyant dans son pick-up aussi rouillé que lui, d’énormes doses de cocaïne pour un cartel mexicain.

Sharp (renommé Earl Stone dans la fiction) est si insoupçonnable et sympa qu’il devient le coursier parfait. Quand il est arrêté, toute l’Amérique se passionne pour cette légende et l’un des mulets les plus audacieux et prolifiques de l’histoire des USA.

Solitaire opiniâtre

«En découvrant son récit dans le New York Times, je me suis dit que ce serait amusant de jouer quelqu’un de cet âge… De mon âge !», raconte Eastwood. «J’ai beaucoup vécu, je peux le comprendre ! Pour lui, parcourir les routes est facile. C’est sa vie qui est plus compliquée à conduire, avec ses erreurs passées et celles qu’il commet encore en toute conscience et dans l’espoir qu’elles lui seront pardonnées. Il sait qu’il n’a pas assez pris soin de ses proches, se rend compte qu’ils ne l’excuseront peut-être jamais. Son parcours observe deux facettes délicates de la vie : la famille et le pardon.»

Le cinéaste est aussi séduit par le côté vieux bougon du héros qui rappelle celui de son autre film, «Gran Torino» : «Ces fictions ont en commun des types en décalage avec les jeunes générations et qui n’ont pas peur de le dire. Elles parlent des limites de ces laissés-pour-compte égarés, solitaires mais opiniâtres.»

Champion de «courses»

Malgré ces failles, le public se prend de sympathie pour le nonagénaire, espérant qu’il ne sera pas pris. Pourtant, ceux qui ont suivi ses tribulations en connaissent l’issue. Leo Sharp a été arrêté le 21 octobre 2011. Satisfaits de l’avoir coffré, les policiers sont époustouflés par ses records.

Dans ses «courses», selon les registres du cartel saisis, le papy bandit aurait acheminé rien qu’en 2010 : 246 kg en février, 250 en mars et avril, 200 en mai et juin. «Un record que la DEA (agence de lutte contre le trafic de drogue) n’avait jamais vu !», dit l’enquêteur Jeff Moore (Coline Bates à l’écran, campé par Bradley Cooper) qui a coincé le hors-la-loi.

Les «coursiers» sont en général payés 1.000 $ le kilo, mais les records de Sharp ne lui tournent pas la tête. Il s’habille toujours de chemises à carreaux, vieux pantalons et casquettes de baseball. Ses seules folies : un bracelet en or et une nouvelle camionnette. Il fait aussi un don de 25.000 $ pour rouvrir son Q.G. de vétérans préféré, ravagé par un incendie, et paie les frais de scolarité ainsi que ceux du mariage de sa petite-fille…

Cet article est paru dans le magazine Télépro du 26/10/2020

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