Le DAB+ balaie la FM

Trois mois après le lancement du grand test sur le DAB+, MaRadio.be dresse un premier bilan.

À l’occasion de la Journée mondiale de la radio, l’association MaRadio.be – qui regroupe la RTBF et les éditeurs privés de radio – dresse le bilan de l’arrivée du hertzien numérique, le DAB+. Ce dernier a pour ambition d’enterrer la bonne vieille FM, et il a des arguments. Le confort d’écoute est amélioré, surtout en voiture. Il est gratuit, sans abonnement, ni connexion. Et il permet d’améliorer l’expérience radio grâce à un EPG (comme pour la télé) et avec certains récepteurs – à termes – voir ce qu’il se passe en studio.

En novembre dernier, le vrai premier test a été lancé sur 17 émetteurs (pour une couverture optimale il en faudra 34 en service, à l’horizon 2020) de la Fédération Wallonie-Bruxelles. Un essai qui n’est pas le fruit du hasard : le nouveau plan de fréquences orchestré par le CSA, et qui entrera en vigueur à la rentrée de septembre, intègrera la nouvelle technologie.

Car le DAB+ permet d’augmenter l’offre de programmes (les stations) sur une même bande. On oublie les fréquences entre le 87.5 Mhz et le 108 Mhz, mais on parle de blocs (ou de mux) 5C, 6A, 8D, 12B,… On pourra donc passer de 4 réseaux communautaires actuels (Bel RTL, Contact, Nostalgie et NRJ) à 11 (en intégrant par exemple Fun Radio et DH Radio qui auront une meilleure couverture sur la FWB).

Du côté de la RTBF on passerait de 7 radios actuellement à 9, avec la BRF en bonus. Et tout le monde sera sur le même pied d’égalité en termes de réception. Pour les radios locales, on pourra multiplier leur nombre par 2 voire 3. Les quatre réseaux provinciaux (Sud Radio, Maximum, Must FM et Antipode) resteront tels quels.

Pour l’instant, le point faible est au niveau des récepteurs. En 2018, il n’y a que 90.000 récepteurs compatibles avec le DAB+ qui ont été vendus. Et selon une étude commandée par MaRadio, le public n’est pas encore très enclin à vouloir renouveler son matériel. À ce stade, les prix sont également un frein. Un bon récepteur qui permet de profiter de tous les avantages du DAB+ à la maison tourne autour des 100€…

Et dans la voiture, seules 31% des voitures vendues, l’an dernier, proposaient le DAB+ «de base». Là encore, il faut sortir le carnet de chèque pour bien équiper son véhicule. Mais les choses vont changer puisque l’Europe entre dans la danse et impose, dès 2021, que les voitures aient le bon équipement sans supplément. Hormis le Luxembourg, tous nos pays voisins optent pour le DAB+. Un confort total pour les navetteurs et/ou les vacanciers !

À l’aube du lancement du nouveau plan de fréquences, la FM représente toujours 80% du volume d’écoute pour le panel d’auditeurs sondés par GfK (1501 individus en décembre dernier) contre seulement 2% pour le DAB+ et 9% vers l’internet. L’objectif de MaRadio est donc d’inverser la tendance par de la promotion sur les ondes (FM donc) et des concours pour remporter des récepteurs ad hoc.

Le travail est titanesque pour l’association qui est convaincue que le lancement de nouvelles radios, dans 6 mois, rimera avec basculement pour la population. La Norvège, par exemple, a déjà éteint complètement la FM. Et c’est l’objectif de la Belgique, pour des raisons de coûts. La double diffusion, ça se paie ! Contrairement à la Suisse, le CSA n’a pas encore sonné le glas de l’extinction de la FM…

Pierre Bertinchamps