Le patron de la RTBF invité à rembourser les montants perçus au-delà de son plafond salarial

Jean-Paul Philippot vers un nouveau mandat ? © Isopix

Le gouvernement de la Fédération Wallonie-Bruxelles a décidé jeudi de réclamer à l’administrateur général de la RTBF, Jean-Paul Philippot, le remboursement des rémunérations perçues au-delà de son plafond salarial entre 2014 et 2018, soit quelque 60.000 euros au total.

La part variable de son salaire pour 2019 sera également revue au besoin à la baisse afin que ses émoluments pour l’ensemble de l’année ne dépassent pas ce même plafond.

Ces décisions s’appuient sur différents rapports demandés par le gouvernement après la révélation dans la presse, en décembre dernier, que le patron du Boulevard Reyers avait touché en 2018 un salaire de 375.000 euros, soit 50.000 euros de plus que le montant déclaré dans le rapport annuel de la RTBF publié sous sa responsabilité.

En agissant de la sorte, la RTBF n’a pas respecté l’obligation – légale – de transparence sur les rémunérations de ses dirigeants prévue par une décret de 2003, dénoncent les rapports. Sans aller jusqu’à dénoncer une intention délibérée, ceux-ci estiment néanmoins que les services administratifs de la RTBF, ses organes de gestion ainsi que les organes de contrôle internes et externes « n’ont pas correctement » exercé leurs missions à cette occasion.

Pour y remédier, le gouvernement arc-en-ciel a dès lors décidé jeudi que les procédures liées au bon respect des contrats d’emploi des gestionnaires publics seraient renforcées, de même que le processus de vérification des rapports annuels de l’entreprise. La méthodologie d’audit exercée par les commissaires du gouvernement sera également réévaluée pour assurer un contrôle plus efficace.

« Le gouvernement exige que les différentes instances du média public se mettent sans délai en conformité par rapport aux demandes formulées par l’exécutif sur le plan financier, de la gouvernance et du contrôle. Il en va de la crédibilité du média public et de la responsabilité sociétale qui lui incombe en matière de transparence », martèle l’arc-en-ciel dans un communiqué.

La semaine dernière, la ministre des Médias Bénédicte Linard (Ecolo) avait déjà adopté un arrêté ministériel qui plafonnera strictement le salaire de l’administrateur de la RTBF à 245.000 euros par an, soit une réduction salariale de quelque 35%. Arrivé en février 2002 à la tête de la cité Reyers, Jean-Paul Philippot est parvenu en trois mandats à redresser les audiences ainsi que les finances de la radio-télévision publique, et lui faire prendre le train de la révolution internet.

Son plan de transformation présenté en 2018 visant à faire de la RTBF une entreprise 360° et 100% digitale a toutefois suscité beaucoup de remous au sein du personnel, celui-ci dénonçant les bouleversements dans le fonctionnement de l’entreprise et le manque d’effectifs.

Vers un nouveau mandat ?

Parallèlement à cette déclaration, le Collège d’autorisation et de contrôle du Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) a remis jeudi au gouvernement de la Fédération Wallonie-Bruxelles un avis favorable quant à la reconduction du mandat de Jean-Paul Philippot en tant qu’administrateur général de la RTBF, annonce l’instance dans un communiqué.

La semaine dernière, Jean-Paul Philippot avait présenté sa vision stratégique pour le service public devant le Collège d’autorisation et de contrôle (CAC). A aucun moment durant l’audition la polémique récente née autour du salaire de l’administrateur général n’avait été abordée. « Le CSA n’a pas dans ses missions de contrôler cet aspect contractuel », avait alors expliqué son président Karim Ibourki.

Indépendamment de son avis sur la candidature en tant que tel, le CAC a également profité de l’occasion pour attirer l’attention du gouvernement sur certains points. L’instance se questionne ainsi sur la procédure actuelle, qui prévoit que, si l’administrateur général en poste fait l’objet d’une évaluation favorable au terme de son mandat, le gouvernement peut renouveler ce mandat sans passer par un appel à candidatures. « Cette manière de faire, si elle présente l’avantage de permettre la continuité, pose cependant question en ce qu’elle limite la réflexion et de facto la possibilité de candidatures alternatives », peut-on lire dans l’avis. « Si le gouvernement ne souhaite pas limiter le nombre de mandats successifs à ce poste, une réflexion pourrait être menée sur les conditions du renouvellement, qui pourrait passer par une remise en concurrence qui donnerait l’occasion d’une réflexion plus approfondie sur les objectifs à atteindre pour les six années suivantes. »

Par ailleurs, le CAC met en garde face à la « délinéarisation » des contenus. « Les conditions de celle-ci doivent s’apprécier en regard de données objectives et il convient d’agir avec prudence sur ce point », estime-t-il, précisant que des données objectives sur les modes de consommation des médias seront bientôt disponibles via une étude indépendante actuellement réalisée par le CSA.

Dans son avis, le CAC traite également du libellé des obligations de service public, qui « constitue un exercice délicat » selon lui. « Si trop de précision peut nuire à la liberté éditoriale et à la nécessité de souplesse dans un monde médiatique qui évolue vite, des obligations libellées de manière vague peuvent également s’avérer contreproductives. A contrario, des obligations formulées clairement permettent un contrôle efficace par le CSA. »

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