Les 60 ans de RTL : il était une fois la Villa Louvigny

Les 60 ans de RTL : il était une fois la Villa Louvigny
Julien Vandevenne
Julien Vandevenne Rédacteur en chef adjoint

Indissociable des trois lettres «R», «T» et «L», la Villa Louvigny a vu naître l’un des plus grand groupe audiovisuel européen.

Qui n’a jamais entendu parler de cette fameuse Villa Louvigny, siège de RTL Télévision. Dans les années 80, «Citron-Grenadine», «Fréquence JLB», «Tête à tête», le «JTL»… Tout partait du même endroit, au cœur de Luxembourg. Et les stars se pressaient même pour y faire de la télé !

Le télé dès 1955

Si vous vous promenez, encore aujourd’hui, dans la capitale du Grand-Duché, dans le parc municipal (à quelques centaines de mètres de la gare d’autobus, Hamilius), vous ne manquerez pas, au détour d’une allée, de tomber nez à nez avec une tour jaunâtre : la fameuse Villa Louvigny !

Un bâtiment loué par la CLT, la Compagnie Luxembourgeoise de Télédiffusion, dans les années 30 pour en faire son siège social. D’abord, pour y faire de la radio. Ensuite, la télévision y fera son apparition le 23 janvier 1955, bien après les lancements en France et en Belgique (où l’INR lance ses programmes télés le 31 octobre 1953). 

À l’exception des journaux télévisés, qui dans les premières années étaient produits en bas de l’émetteur pour des raisons techniques, les émissions de télévisions étaient enregistrées depuis la villa. Un auditorium a d’ailleurs été inauguré en 1952, et il accueillera, par exemple, le Concours Eurovision 1966 (on était loin des stades de foot des années 2000 !).

Les clips de René Steighen

La Villa Louvigny devient un centre de radiodiffusion complet abritant direction, administration, services d’information, studios, une discothèque de 30.000 disques, des téléscripteurs, un studio de parole et deux nouvelles salles de régie reliées par un câble souterrain à l’émetteur sur le plateau de Junglinster.

Dans les années 70 et 80, les chanteurs se pressent à Luxembourg pour enregistrer des clips vidéos, «façon René Steichen», du nom du réalisateur (que l’on voyait aux côtés d’André Torrent), où les effets spéciaux étaient légendaires.

Légendaire aussi, le fonctionnement de la télévision, qualifié de «bouts de ficelles», mais qui a fait le succès que l’on connaît aujourd’hui.

Le câble belge et les années fastes

RTL prendra ses lettres de noblesses quand, dans les années septante, le câble se développe en Belgique, et que la chaîne, alors disponible jusqu’aux portes de Namur sur le hertzien, arrive dans tous les salons du Royaume, d’Arlon à La Panne.

Les annonceurs belges vont se presser aussi au Grand-Duché, la publicité étant interdite des écrans en Belgique. Le groupe ne trouvera d’ailleurs sa rentabilité que durant cette période faste.

Un Mirage réalise un rêve

1981 sera un autre tournant pour RTL. Un Mirage de l’armée belge accroche l’émetteur de Dudelange, faisant trois morts. Le gouvernement belge accorde à RTL une liaison entre Luxembourg et Bruxelles pour permettre la reprise des programmes.

Le monopole de la RTBF sera largement compromis. Le rêve d’un décrochage belge des programmes se réalise en 1984 (avec le fameux JTL produit depuis la Villa Roosevelt, à Bruxelles), et ensuite la naissance de RTL-TVI, en 1987.

La suite pour nous, vous la connaissez, et RTL Belgium est un des fleurons de RTL Group…

Bâtiment ministériel

La Villa Louvigny restera la siège de la CLT (et de RTL-Télévision) jusqu’en 1996, année du déménagement vers le plateau du Kirchberg. Aujourd’hui, la Villa existe toujours et n’a quasiment pas changé.

Elle abrite des cabinets ministériels luxembourgeois, mais son passé audiovisuel lui colle aux briques !

L’auditorium est intact, ainsi que les plus petits studios qui servent tantôt de salles d’archivages, tantôt de cagibi pour le service de nettoyage.

La salle de réunion du Conseil d’Administration de la CLT n’a pas été redécorée depuis le départ du groupe. Et la fresque où le Luxembourg est le centre de l’Europe trône toujours fièrement. Le modèle RTL ayant fait des petits en Allemagne, aux Pays-Bas, en France, en Espagne, en Angleterre, ou en Europe de l’Est…

Un vestige pour certains d’une certaine télévision révolue, un lieu de pèlerinage pour d’autres, mais le berceau d’une des plus belles réussites audiovisuelles européennes !

Pierre Bertinchamps

Crédits photo : Pierre Bertinchamps

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