Les Télés locales veulent leur part du gâteau sur la FM

Les Télés locales veulent leur part du gâteau sur la FM
Pierre Bertinchamps Journaliste

Six télévisions locales et régionales sont dans la course pour obtenir un réseau FM et DAB+. Nom de code du projet : Nos Radios.

BX1, Télésambre, Télé MB, No Télé, ACTV et Ma Télé mettent leurs forces en commun pour déposer un projet au CSA en vue de l’obtention d’un réseau de fréquences FM et DAB+ sur l’ensemble de la Communauté française. Comme beaucoup d’autres, «Nos Radios» vise les émetteurs urbains du réseau U2, actuellement dévolus à IPM pour le service DH Radio. Ce dernier est d’ailleurs candidat à son renouvellement.  

Le projet peut surprendre puisque selon le décret de la Fédération Wallonie-Bruxelles, les télévisions locales francophones sont assimilées à des services publics, comme la RTBF.  Mais ça s’arrête là, et Marc de Haan, directeur de BX1 (Bruxelles) botte en touche. «Nous sommes plutôt un système hybride», précise-t-il. «Oui, nous recevons des subsides (à hauteur de 7,5 millions d’euros, NDLR) pour des missions de service public mais c’est bien moins que ce que reçoit la RTBF ou l’aide à la presse.» De plus, historiquement, les télés locales reposent sur des ASBL, et sont donc «traitées» comme des entreprises privées. Les six acteurs revendiquent d’ailleurs leur indépendance vis-à-vis de la RTBF et des décrochages de VivaCité, tout en rappelant que les synergies existent et doivent perdurer. 

Même si – à ce stade – ce sont les régions de Bruxelles, Charleroi (avec Chimay), La Louvière, Mons, Rochefort et la Wallonie picarde qui se lancent dans le projet, l’offre éditoriale sera complète pour toute le Fédération. «Nos Radios» promet 6 heures de décrochages régionaux (matin et après-midi) sur chaque zone. Et pour les endroits où la télé locale ne participe pas, ce seront les programmes de proximités les plus proches. Si à Namur, il n’y a pas de collaboration avec Canal C, ce serait par exemple le décrochage de Rocherfort qui passerait sur les ondes namuroises avec une couverture info plus large que Ma Télé.

Comme contenu, les TVLC veulent poursuivre en radio leur mission de «découvreurs de talents locaux», en promettant 90% de titres issus de la Fédération Wallonie-Bruxelles, tous styles confondus puisque seraient éligibles à passer sur antenne, les chansons produites et/ou enregistrées sur le territoire belge francophone. «Nos Radios» irait aussi reprendre des podcasts locaux existants pour les mettre en valeur sur leur réseau, et pourquoi ne pas imaginer des collaborations avec des radios locales. Les directeurs assurent avoir déjà tâté un peu le terrain dans leurs régions respectives. Il faudra évidemment engager aussi des animateurs pour la production propre. L’idée serait de jouer le principe des médias 360° (TV, radio, web, réseaux sociaux) en matière d’info, même si on assure ne pas pousser le personnel actuel dans un nouveau métier qu’il ne connaît pas.

Derrière le projet, on retrouve la SOCAREP (pour SOciété CARolorégienne d’Edition et de Production) qui est une société filiale de Télésambre (et qui existe depuis 1997 pour les activités de production privées de la chaîne). C’est d’ailleurs le directeur de TLS, Christophe Scaillet, qui est l’administrateur-délégué de Socarep. Si ce sont six télés qui s’engagent pour le projet de réseaux, la porte reste ouverte pour les autres Télés Locales. Il est toujours possible de prendre le train en marche, nous précise-t-on. Si le CSA donne une suite favorable, «Nos Radios» devrait ouvrir ses antennes dans les 18 mois comme le prévoit la loi.

En cas de refus, quatre dossiers de radios strictement locales sont aussi sur la table du régulateur. «BX1+» pour BX1, «Radiosambre» pour Télésambre, «Radio MB» pour Télé MB et «Not’Radio» pour No Télé. Des concepts de programmes identiques, mais limités à une seule zone. Les trois premiers dossiers demandent une fréquence FM et DAB+, alors que du côté de Tournai, pour ne pas faire tomber l’équilibre fragile entre les radios locales déjà en place, la demande se limite au hertzien digital.

Spécifiquement pour BX1, à Bruxelles, il en va de l’équilibre entre les citoyens bruxellois. Pour la partie néerlandophone, BRUZZ propose déjà un média intégré avec la télé (ex-TV Brussel), la radio (FM Brussel) et la presse gratuite (Brussel Deze Week) dont le financement est 41% supérieur à son pendant francophone, pour 8 fois moins d’habitants en région capitale.

Le Plan de fréquences 2019 s’annonce déjà un casse-tête pour le CSA. Une quinzaine de dossiers visent l’un des 6 réseaux FM à l’échelle de la Communauté. Autant dire qu’entre les différents patrons des groupes privés, les échanges ne sont que des politesses de façade. Une chose est sure, les télévisions de proximité veulent aussi pouvoir jouer la complémentarité avec un média radio. Et elles annoncent déjà qu’elles ne lâcheront pas l’affaire… Verdict : le 16 juillet 2019.

Pierre Bertinchamps

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