Malika Bellaribi Le Moal («Les Sandales blanches») : «Transformer le malheur !»

Amel Bent prête ses traits à Malika Bellaribi Le Moal, pour retracer son destin hors du commun © France 2/Bestimage/Cyril Moreau

C’est Amel Bent qui, dans le téléfilm inédit et émouvant «Les Sandales blanches» (lundi à 21h05 sur France 2), incarne la diva d’origine algérienne.

Adapté de l’autobiographie éponyme de Malika Bellaribi Le Moal (64 ans), «Les Sandales blanches» retrace le long combat de la cantatrice pour conquérir les salles les plus prestigieuses.

Comment avez-vous réagi en découvrant le téléfilm ?

Plutôt bien car il est touchant. Ma seule difficulté a été de me revoir enfant et de revivre toutes les souffrances que j’ai supportées pour remarcher (un camion l’a percutée quand elle avait 3 ans, lui brisant les jambes, les hanches et le bassin, ndlr). Cette période, qui marque aussi une époque révolue, m’a tellement bouleversée qu’en la regardant, j’ai fondu en larme. Même si le livre est plus détaillé, globalement, cette adaptation reste fidèle à mon vécu.

Vous êtes-vous retrouvée dans l’interprétation d’Amel Bent ?

Même si nous ne correspondons pas au même profil féminin, nous partageons une certaine ressemblance du fait de nos origines maghrébines communes. Dans les scènes où elle chante, je la double avec ma voix et elle réussit la performance de jouer en playback une chanteuse d’opéra, ce qui n’est pas évident.

Pourquoi avez-vous choisi l’opéra plutôt que la variété, plus facile d’accès ?

J’ai reçu les soins et suivi une longue rééducation chez les religieuses. Durant cette période, j’ai écouté de la musique sacrée, des moments très touchants car ils me permettaient de travailler mon imaginaire. Pour moi, cette musique qui était associée à des anges m’a fait grandir dans un univers féerique. La chanson de variété ne possédait pas cette richesse inépuisable. La musique sacrée était un monde qui m’était personnel.

Dans votre parcours, quelle époque vous a particulièrement marquée ?

À part mon enfance, l’époque de mes études n’a pas été facile. Toute la période pendant laquelle je me suis battue pour apprendre des airs d’opéra et suivre les cours particuliers pour préparer mes concerts reste gravée dans ma mémoire. Ce fut un moment clé de ma carrière.

La première fois que vous êtes montée sur la scène d’une vraie salle de concert, quelle émotion avez-vous ressentie ?

C’est dans la salle Cortot, à Paris – une salle que j’adore car son acoustique est extraordinaire -, que je suis montée sur une scène, les jambes tremblotantes, pour passer une audition. Ce moment où je chantais un air de Schubert en allemand a marqué un cap.

En tant que cantatrice, comment êtes-vous ressentie dans la communauté musulmane ?

Pour la petite histoire, j’ignorais et je l’ai appris plus tard par des sociologues, que la musique classique en Algérie n’était pas toujours bien ressentie. Car pendant la guerre d’Algérie, lors de la mort d’un soldat, on jouait souvent un morceau de musique classique. Ce qui n’empêche pas que, même si au départ elle n’était pas très contente, ma mère s’est sentie très fière de moi le jour où elle m’a vue chanter à la salle Gaveau, à Paris.

Avez-vous transmis votre passion du chant à votre fille ?

Pas du tout ! (Rire) Les ressources humaines, c’est sa passion ! Mais depuis qu’elle est devenue maman, elle m’a confiée qu’elle aimait tellement écouter des airs d’opéra qu’elle espère que sa fille, Emma, prendra ma relève.

Ces sandales blanches vous ont, finalement, porté chance…

C’est vrai, c’est malheureux à dire, mais ces sandales ont été la chance de ma vie. Comme quoi, d’un malheur on peut faire du positif car, sans ce tragique accident, mon destin n’aurait pas été le même.

Cet article est paru dans le Télépro du 21/1/2021

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