Michaël Miraglia : «J’ai presque les larmes aux yeux de quitter la RTBF» (interview)

Michaël Miraglia : «J'ai presque les larmes aux yeux de quitter la RTBF» (interview)
Pierre Bertinchamps Journaliste

Ce vendredi 26 juin à 18h30 sur La Une, c’est la der des ders pour le chroniqueur d’«On n’est pas des pigeons !». À la rentrée, Michaël Miraglia officiera sur RTL. À l’heure du bilan, Télépro revient sur ses années «ertébéennes».

«C’est une grande supercherie !», s’amuse Michaël Miraglia. «Je ne pars pas, en fait, c’est une blague de l’équipe pour tromper la presse. On voulait piéger une nouvelle fois RTL !», précise-t-il.

Même si le journaliste vit ses dernières heures au Boulevard Reyers, il n’a pas perdu son sens de l’humour malgré la nostalgie. Techniciens, maquilleuses, chroniqueurs, directeur de l’info… ils sont tous là pour la dernière de Miraglia sur la RTBF. Une belle preuve de sympathie loin des rancœurs d’un passage à l’ennemi.

Vous vous souvenez de votre arrivée à la RTBF ?

Elle a été chaotique. C’était en septembre 2004, j’avais postulé spontanément avant de partir en vacances, et j’ai été reçu à mon retour. Je m’attendais à un entretien très informel. C’est à la limite, si je ne suis pas arrivé en bermuda et tongues. J’ai été reçu par les directeurs de l’info qui m’ont sorti un panneau avec des photos, et je me souviens même avoir confondu Charles Piqué et Olivier Gourmet. On part ensuite sur de l’actu, comme l’affaire Ducarme. Mais comme je rentrais de vacances, je n’avais rien suivi… et puis j’étais au sport et sur l’actu montoise de la télé locale, j’étais loin des considérations nationales et internationales. C’était un bide terrible. Le pire moment de ma vie. Je n’avais aucun espoir de rentrer dans cette boîte. Avant de partir, j’ai parlé d’une activité très locale (La Foire aux artisans de Bougnies, NDLR), le dernier sujet que j’avais traité sur Télé MB. Ça a fait mouche et j’ai eu droit à une seconde chance…

Et votre première télé à la RTBF ?

J’avais proposé de faire «mon» Petit Tour de la Région wallonne, en 2005. Sur un petit vélo, je choisissais des étapes du parcours et je mettais en évidence des spécificités touristiques et culturelles. C’était ma première apparition, et un exercice génial. Je partais de rien tous les matins, et au final, on avait une séquence de trois minutes avec une gars qui faisait l’imbécile. C’étaient les débuts de l’«infotainment»,même si ce n’était pas un objectif en soi puisque l’émission était un vrai rendez-vous d’information à 18h30, et donc très sérieux.

Vous avez été précurseur ?

C’est seulement dans «Au quotidien» qu’on a commencé progressivement à faire de l’infotainment. Ce n’était pas la consigne de départ, mais on savait qu’il fallait quelque chose de convivial. C’est ça en fait l’infotainment : du convivial et du fun, tout en étant informatif.

Quel événement retenez-vous de ces 11 années passées sur la RTBF ?

C’était pour «Au quotidien», quand on quittait notre studio et qu’on débarquait dans un lieu en Belgique et où on devait y faire une émission de 52 minutes. On alliait le travail de journaliste et de présentateur. Plus globalement, je garde le côté «famille» de la RTBF. En quittant une télé locale en 2004, je ne pensais pas retrouver ça sur une grande chaîne. Et ici, j’avoue que j’ai presque les larmes aux yeux de partir. Je revis les mêmes émotions.

Quel est le «plus» de la RTBF ?

En arrivant, je pensais être cantonné à une même tâche. On m’avait prévenu qu’ici, il ne fallait pas toucher à un banc de montage. «Chacun son travail !» était la consigne. Ce n’est pas vrai. La RTBF a malheureusement l’image d’une grosse structure, d’une télévision «à papa» avec des intellos qui ont du mal à se lâcher… Ce n’est pas vrai. Il y a de la folie aussi. Souvenez-vous de «Projet X», c’est «Le Petit journal» d’aujourd’hui ! Et cet esprit est resté dans «Au quotidien» et dans «On n’est pas des pigeons !». Je dirais que la RTBF permet de faire des choses complètement dingue, tout en restant rigoureux.

Nous ne sommes pas dans le monde des Bisounours… Quel est le «moins» de la RTBF ?

Moi, je suis un Bisounours ! (rires) Il y a du négatif comme partout. Ma personnalité a toujours fait que j’ai besoin d’être bien dans ma tête pour être créatif et avancer. Je fais en sorte d’écarter les problèmes pour avancer. Nous sommes des êtres humains, et il y a parfois des petites oppositions. Je n’ai pas la moindre rancœur envers la RTBF…

On se demande presque pourquoi vous avez décidé de partir…

Je vais faire une comparaison : «Si j’avais déjà une Ferrari et qu’on me proposait une Lamborghini. C’est le même type de voiture, mais avec une couleur et un moteur différents. Sur le moment, j’aurais envie de la prendre et de l’essayer…» C’est un peu ça l’état d’esprit.

Une crise de la quarantaine ?

Non, je n’ai pas encore 40 ans ! (Rires). Si c’était arrivé il y a 2 ans, j’aurais peut-être dit «non». Je n’avais pas l’assise et la confiance qui me permettaient de relever un nouveau défi. Et dans 2 ans, à mes 40 ans, justement, je n’aurais pas forcément dit «oui», non plus. C’est arrivé juste au bon moment…

Que vous évoque cette photo ?

La folie ! Ce jour-là (la Journée internationale des Droits des Femmes, NDLR), nous étions en direct et Véronique Barbier n’était pas au courant. Elle se demande où je suis à 30 secondes de la prise d’antenne. J’enfile vite une jupe. Elle est incapable de poursuivre l’émission… Ce truc fun qui était un clin d’œil a été salué par plein de gens. En plus, là, nous sommes dans le décor très strict d’un JT, c’est incroyable !

L’info, c’est définitivement «non» ?

Ce n’était pas mon choix de présenter «Le 12 minutes». C’était l’été, et il fallait faire des remplacements… Lorsqu’on a réformé l’info,en 2011, on a trouvé que la case «On n’est pas des pigeons !» me convenait mieux que celle de présentateur du JT. J’étais plutôt d’accord. Le JT n’a jamais été une fin en soi pour moi ou ma carrière. Le côté «seul devant la caméra» ne me plaît pas. On donne de l’information, mais c’est très statique. Comparé aux «Pigeons» où nous sommes dans une bande, il n’y a pas photo… Je n’avais pas de plaisir à présenter le JT.

Si vous pouviez emmener quelqu’un avec vous à RTL, ce serait qui ?

Il y aurait trop de monde. Il n’y a pas assez de place à RTL pour tous ! Je quitte une vraie famille qui ne se limite pas aux personnes qu’on voit à l’antenne. Je fonctionne beaucoup à l’affectif, et j’ai besoin d’être dans un environnement sain et serein. Je rêve d’avoir ces rapports-là ailleurs. C’est en tout cas l’objectif.

Vous ne craignez pas de perdre de l’indépendance, sur une chaîne privée ?

Je quitte une zone de confort. J’en suis conscient. La logique de RTL n’est pas celle de la RTBF. Mais c’est un risque que j’ai envie de prendre. On ne peut pas regretter de sortir de sa zone de confort, même si on sait qu’il faut tout construire. On peut, par contre, regretter de ne jamais l’avoir quittée… J’ai toujours la même flamme dans les yeux qui m’anime.

Au terme de la dernière émission de Michaël Miraglia, l’équipe des «Pigeons» lui fait un cadeau de départ assez impressionnant… Rendez-vous, ce soir à 18h30 pour en savoir plus !

Entretien : Pierre Bertinchamps

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