Muriel Robin : «Le doute est un poison»

«Je crois que le personnage d'Agnès Baer va m'accompagner un bon moment», confie la comédienne © Arte/Hide Park

Dans «Doutes», vendredi à 20h55 sur Arte, Muriel Robin (66 ans) incarne une femme en plein dilemme : est-il possible que son mari soit un agresseur sexuel ?

Agnès Baer est la présentatrice d’une émission à succès produite par Gabriel, son mari. Voilà trente ans qu’ils vivent et qu’ils travaillent ensemble. En parfaite harmonie. Jusqu’au jour où une jeune femme informe Agnès que Gabriel l’a agressée sexuellement lorsqu’elle était enfant… Que va faire Agnès de cette terrible révélation ?

Qu’est-ce qui vous a intéressée dans le rôle d’Agnès ?

Chaque fois que j’entends parler d’une histoire d’agression, notamment d’agression pédophile, je pense à l’épouse de l’agresseur. Je pense aux victimes, bien sûr, mais l’épouse de l’agresseur est aussi une victime. Cet homme qu’elle aime, en qui elle a confiance, avec lequel elle a construit sa vie… C’est fini ! Quelle que soit leur histoire, aussi merveilleuse soit-elle, c’est terminé ! J’ai donc trouvé très intéressant d’aborder le point de vue de l’épouse.

Comme le dit bien le titre, il n’y a pourtant que des «Doutes»…

Ah, mais c’est le pire ! Lorsque les faits sont avérés, il faut vivre avec, c’est autre chose. Mais lorsque vous avez des doutes, c’est terrible. Le doute est un véritable poison. Pour Agnès, c’est d’abord impensable que son mari ait commis de tels actes. Mais, en même temps, elle n’arrête pas d’y penser. Elle n’a plus que ça en tête. Le ver est dans le fruit. Il y a un truc qui trotte dans son esprit et qui lui dit que son mari a peut-être agressé une petite fille. Ça remet en cause toutes ses certitudes. C’est vrai ? C’est pas vrai ? Comment savoir ? Comment trancher ? Ou trouver la vérité ?

Le film est-il inspiré d’une histoire vraie ?

Élodie Wallace, qui joue la jeune femme, mais qui est d’abord la scénariste, a subi une agression lorsqu’elle était enfant. Son agresseur est aujourd’hui décédé, mais elle a souvent rêvé d’aller frapper à la porte de sa femme pour lui dire. Ou pour savoir ce qu’elle savait exactement. Cela étant, la question se pose dans toutes les histoires… Dans l’affaire Duhamel, par exemple, on sait que l’épouse n’a jamais rien voulu savoir. Accepter de savoir, c’est aussi accepter de voir toute sa vie s’effondrer.

Depuis quelque temps, on a l’impression que chacun de vos rôles est un engagement pour les femmes…

J’ai la sororité très forte, très ancrée. C’est vrai. Peut-être encore davantage depuis que j’ai interprété le rôle de Jacqueline Sauvage. Je l’avais rencontrée pour le film et je suis restée en contact avec elle par la suite. Jacqueline Sauvage est en moi pour toujours, et je crois qu’Agnès Baer va aussi m’accompagner un bon moment. Je serai là chaque fois que je pourrai être utile à lutter contre toute forme de violence faite aux femmes.

Cet article est paru dans le Télépro du 28/10/2021

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