Pas assez de femmes pour les séries belges !

Pas assez de femmes pour les séries belges !
Pierre Bertinchamps Journaliste

La RTBF a organisé une rencontre entre «femmes» du secteur de la création audiovisuelle. Le constat est cinglant : la gent féminine ne répond pas aux appels.

Mercredi soir, la RTBF a invité réalisatrices, auteures de fiction, productrices,… pour une rencontre entre femmes. Le but était d’échanger les points de vue, dans la perspective du Fonds des séries belges de la RTBF et la Fédération Wallonie Bruxelles.

Il faut dire que dans ce domaine, le milieu semble encore très machiste. Lancé en 2013, le Fonds Séries RTBF-FWB a reçu plus de 160 projets de fiction sous forme de série. 56 d’entre eux ont été mis en chantier avec un premier budget de 35.000 € pour approfondir le dossier et présenter un pilote d’une dizaine de minutes. Dans ces 56 dossiers, seuls quatre ont été présentés par une équipe entièrement féminine. Le constat est clair : les créatrices audiovisuelles ne semblent pas venir naturellement proposer des séries.

La RTBF ne rebondit pas sur l’étude faite par le CSA, il y a quelques mois, où la présence féminine dans la fiction n’était déjà pas des plus équitables. Le service public voudrait d’abord comprendre pourquoi, si peu de dossiers sont rentrés. S’il n’y a pas de réelle étude scientifique sur la matière, il ressort – selon des sociologues – que les femmes sont moins présentes dans ce milieu (mais c’est en général valable dans tous les domaines où il faut défendre un projet) parce qu’elles sont «sur-occupée» (vie de famille+vie professionnelle) ; elles ont moins confiance en elles avec par conséquent une envie de trop bien faire, et donc leurs dossiers sont trop «biens ficelés» et manquent parfois de dynamisme. Des réponses parmi d’autres…

Pourtant la RTBF souligne que «dans des projets de mecs, les personnages féminins ne sont pas assez aboutis». Et qu’avec des créatrices, «les interconnexions sont plus riches». Par cette rencontre inédite, la RTBF «essaie de faire bouger les lignes par rapport à des cadres et des codes.»

Pourtant le comité de sélection est mixte (3 hommes/3 femmes), et ce dernier ne se cache pas de préciser que pour le moment, les projets masculins étant surreprésentés, un dossier venant de femmes a plus de chance d’aboutir, tout en restant objectif sur le contenu et le travail à fournir. «C’est une chance qu’il faut saisir», précise-t-on.

La campagne de séduction de la RTBF va se poursuivre dans les prochains mois. Le Fonds Séries lance des appels à projets, en moyenne, tous les 4 mois, et il espère voir venir des choses aux accents plus féminins. Rappelons que l’industrie de la série n’est lancée que depuis 5 ans, et que les premières séries ne sont arrivées sur les écrans qu’en 2016. «Il faut aussi laisser le temps au temps», concède-t-on. La Belgique francophone a un retard de 40 ans sur la France, et dix ans sur la Flandre.

Pierre Bertinchamps

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