Sacha Daout : «Relayer les questions du public, c’est plutôt valorisant dans le contexte actuel»

Sacha Daout : «Relayer les questions du public, c'est plutôt valorisant dans le contexte actuel»
Pierre Bertinchamps Journaliste

«À votre avis» fait partie des programmes qui ont cartonné durant l’année 2018. Avec son présentateur, Télépro fait le bilan du débat à la télé qui avait marqué le coup en changeant de case et un peu de formule.

Le bilan est bon pour «À votre avis», sur La Une. Après plusieurs décennies dans la case du dimanche midi, la RTBF a souhaité casser les codes et installer, dès la rentrée 2017, son débat politique le mercredi soir, dans une nouvelle soirée d’information, en prolongement de «Questions à la une» et «Devoir d’enquête».

«Les audiences n’ont fait qu’augmenter», sourit Sacha Daout. «Bien entendu, il y a eu une actualité sociale et politique qui a attiré un peu plus de téléspectateurs, mais avant le lancement du mouvement des Gilets jaunes, on sentait que les tendances étaient très positives.»

Qu’est-ce qui explique cette tendance ?

Le public se rend compte que nous posons ses questions. On demande aux gens, déjà dans le Facebook Live, en amont, de s’impliquer dans le débat du soir. Ils voient que ce que l’on va pêcher, ce sont leurs interrogations à eux. Et puis lorsque l’on se permet d’interrompre un débat pour dire aux invités que les gens veulent aller sur une autre voie, le téléspectateur se sent impliqué dans la gestion du débat. OK, je suis réduit à un relais des questions des gens, mais c’est plutôt valorisant dans le contexte actuel.

Le public peut aussi choisir le thème de l’émission ?

De temps en temps, quand l’actualité est calme. Quand rien ne s’impose à nous, on demande l’avis du public, mais nous gardons aussi une liberté éditoriale. On peut décider de faire autre chose. Le débat des Gilets jaunes a été imposé par le public, alors que nous, nous ne le sentions pas venir.

Le fossé n’a jamais été aussi grand, et j’espère que la prise de conscience sera suivie des faits sous peine de voir le populisme continuer de grandir.

Au niveau des thèmes de débat, les affaires courantes, c’est la galère ?

Ça risque de l’être, oui, mais à nous d’être attentifs à ce que les gens demanderont et à ce qui se dit sur les réseaux sociaux pour se nourrir. Au niveau politique, on a bien compris qu’on n’allait plus avoir de grandes décisions ou de grands projets de loi. Ce n’est pas grave… D’autres débats de société vont voir le jour, et on sera présent. 2019 sera peut-être l’année où la confiance entre le politique et le citoyen sera renouée. Ce sera le grand pari.

Pas d’élections anticipées, c’est aussi un soulagement pour la RTBF…

Pour les budgets, c’est un autre département qui pourrait répondre, mais s’il avait fallu faire des heures supplémentaires et y aller, on y serait allé… C’est notre job.

En 2018, vous aviez fait des remplacements au JT. Ce sera encore le cas prochainement ?

Quand on m’appelle, j’y vais, mais c’était vraiment un concours de circonstances avec la Coupe du Monde de football. J’ai été ravi de le faire. C’était sans autre ambition que du dépannage.

Entretien : Pierre Bertinchamps

Rendez-vous ce lundi 31 décembre sur telepro.be pour le bilan d’une année 2018 très sportive avec Anne Ruwet !

Ça ne les amusait pas forcément. Alors que le mercredi, c’est «après le boulot».

Vous reviendriez le dimanche midi ?

Honnêtement non. Il y a un essoufflement dans cette case, et la concurrence ne me contredira pas. Je pense qu’on entend mais qu’on n’écoute pas à cette heure-là. C’est un bruit de fond… On l’a bien senti et notre public nous le disait.

C’était une tradition incontournable pendant 30 ans…

Oui, c’était incontournable, mais si vous regardez l’évolution au nom de l’audience avec 5 ou 6 débats en 90 minutes, on ne retient rien et ce n’est pas notre ADN. Nous, on a fait le pari d’écouter un minimum les femmes et les hommes politiques, ou alors ce n’est plus une émission de débat, mais un talkshow comme «Ciel mon mardi». Un bon débat politique doit avoir un peu moins de rythme. Il faut l’accepter, et oui, ce sera alors un peu moins moderne. Mais plus efficace.

Comment voyez-vous 2019 ?

(rires) On n’a pas fini de parler de crise. J’espère que des choses pourront se tasser. Il est plus que temps que certaines demandes citoyennes soient écoutées. Le signal n’a jamais été aussi fort. Le monde politique doit vraiment faire quelque chose, et les petits jeux politiques ne sont plus acceptables aujourd’hui.

Le fossé n’a jamais été aussi grand, et j’espère que la prise de conscience sera suivie des faits sous peine de voir le populisme continuer de grandir.

Au niveau des thèmes de débat, les affaires courantes, c’est la galère ?

Ça risque de l’être, oui, mais à nous d’être attentifs à ce que les gens demanderont et à ce qui se dit sur les réseaux sociaux pour se nourrir. Au niveau politique, on a bien compris qu’on n’allait plus avoir de grandes décisions ou de grands projets de loi. Ce n’est pas grave… D’autres débats de société vont voir le jour, et on sera présent. 2019 sera peut-être l’année où la confiance entre le politique et le citoyen sera renouée. Ce sera le grand pari.

Pas d’élections anticipées, c’est aussi un soulagement pour la RTBF…

Pour les budgets, c’est un autre département qui pourrait répondre, mais s’il avait fallu faire des heures supplémentaires et y aller, on y serait allé… C’est notre job.

En 2018, vous aviez fait des remplacements au JT. Ce sera encore le cas prochainement ?

Quand on m’appelle, j’y vais, mais c’était vraiment un concours de circonstances avec la Coupe du Monde de football. J’ai été ravi de le faire. C’était sans autre ambition que du dépannage.

Entretien : Pierre Bertinchamps

Rendez-vous ce lundi 31 décembre sur telepro.be pour le bilan d’une année 2018 très sportive avec Anne Ruwet !

Finalement, on a la plus grande rédaction du pays ! Tout le monde peut participer, et c’est vrai que j’en ai marre de cet intellectualisme des journalistes qui sont au-dessus de la mêlée. Ça suffit ! Si un fossé s’est creusé, c’est parce qu’on ne va pas assez regarder ce que les gens veulent et ce qu’ils attendent. Il n’y a pas de question naïve, je trouve. Facebook n’est pas un ennemi, mais un allié potentiellement fort.

Justement, c’est facile de modérer des débats aussi animés ?

Les débats en direct sont difficiles, mais pour rien au monde, je ne voudrais que l’on propose une émission enregistrée. C’est compliqué en effet parce qu’il faut être attentif à tout. J’ai parfois l’impression que mon cerveau est divisé en 7 ou 8 parties. Le plus difficile vient des hommes et des femmes politiques qui ont de l’expérience de l’argumentaire, et ils partent parfois dans l’esbroufe avant de réellement répondre à une question. «À votre avis» laisse beaucoup plus aux invités le temps de développer leurs arguments que ça ne se fait ailleurs. On est très appréciés pour ça…

Et avec les citoyens ?

Parfois, sans expérience, ils se lancent dans des discours qu’il faut interrompre. C’est énervant, mais c’est comme ça. Après l’émission, je leur dis que quand ce sont les politiques qui ne répondent pas aux journalistes, ça vous agace. Mais bien souvent, les citoyens sur le plateau n’écoutent pas la question non plus et balancent ce qu’ils ont à dire. Maintenant, on fait un petit briefing avant l’émission pour que le débat soit audible. Il vaut mieux deux bonnes interventions de 30 secondes qu’une seule un peu pompeuse d’une minute.

Vous arrivez facilement à avoir des invités en soirée ?

C’est plus facile le mercredi que le dimanche. Le dimanche, les intervenants devaient préparer leurs interventions le samedi, et en plus, la journée du dimanche était perdue aussi.

Ça ne les amusait pas forcément. Alors que le mercredi, c’est «après le boulot».

Vous reviendriez le dimanche midi ?

Honnêtement non. Il y a un essoufflement dans cette case, et la concurrence ne me contredira pas. Je pense qu’on entend mais qu’on n’écoute pas à cette heure-là. C’est un bruit de fond… On l’a bien senti et notre public nous le disait.

C’était une tradition incontournable pendant 30 ans…

Oui, c’était incontournable, mais si vous regardez l’évolution au nom de l’audience avec 5 ou 6 débats en 90 minutes, on ne retient rien et ce n’est pas notre ADN. Nous, on a fait le pari d’écouter un minimum les femmes et les hommes politiques, ou alors ce n’est plus une émission de débat, mais un talkshow comme «Ciel mon mardi». Un bon débat politique doit avoir un peu moins de rythme. Il faut l’accepter, et oui, ce sera alors un peu moins moderne. Mais plus efficace.

Comment voyez-vous 2019 ?

(rires) On n’a pas fini de parler de crise. J’espère que des choses pourront se tasser. Il est plus que temps que certaines demandes citoyennes soient écoutées. Le signal n’a jamais été aussi fort. Le monde politique doit vraiment faire quelque chose, et les petits jeux politiques ne sont plus acceptables aujourd’hui.

Le fossé n’a jamais été aussi grand, et j’espère que la prise de conscience sera suivie des faits sous peine de voir le populisme continuer de grandir.

Au niveau des thèmes de débat, les affaires courantes, c’est la galère ?

Ça risque de l’être, oui, mais à nous d’être attentifs à ce que les gens demanderont et à ce qui se dit sur les réseaux sociaux pour se nourrir. Au niveau politique, on a bien compris qu’on n’allait plus avoir de grandes décisions ou de grands projets de loi. Ce n’est pas grave… D’autres débats de société vont voir le jour, et on sera présent. 2019 sera peut-être l’année où la confiance entre le politique et le citoyen sera renouée. Ce sera le grand pari.

Pas d’élections anticipées, c’est aussi un soulagement pour la RTBF…

Pour les budgets, c’est un autre département qui pourrait répondre, mais s’il avait fallu faire des heures supplémentaires et y aller, on y serait allé… C’est notre job.

En 2018, vous aviez fait des remplacements au JT. Ce sera encore le cas prochainement ?

Quand on m’appelle, j’y vais, mais c’était vraiment un concours de circonstances avec la Coupe du Monde de football. J’ai été ravi de le faire. C’était sans autre ambition que du dépannage.

Entretien : Pierre Bertinchamps

Rendez-vous ce lundi 31 décembre sur telepro.be pour le bilan d’une année 2018 très sportive avec Anne Ruwet !

Il y a un côté pédagogique parce qu’on organise des visites gratuites de la RTBF avant l’émission, et je reste un peu avec eux pour discuter après le direct. Je remarque que le débat se poursuit après l’émission. Si on peut participer à ce travail pédagogique, on continuera de la même manière.

Ces discussions vous nourrissent ?

On sait que les jeunes ont des centres d’intérêt particuliers… Je ne dirais pas que j’ai eu des idées venant des jeunes, mais j’ai eu des suggestions. Un thème comme «Les Youtubeurs sont-ils les leaders de demain ?», on ne pourrait pas se le permettre. C’est trop magazine de société, et ça n’impliquerait pas assez le monde politique.

Facebook n’est-il pas votre meilleur ennemi ?

Il nous a aidés à comprendre ce qui ne fonctionnait pas dans l’esprit de certaines personnes. Il y a des gens complètement désabusés par rapport à la société et qui passent leur temps à nous insulter. On vit avec, et on a appris à faire abstraction. D’un autre côté, on reçoit de plus en plus de messages argumentés et positifs par rapport à la qualité de l’émission. C’est du coup, plus gai de travailler dans ces conditions. Aujourd’hui, on se concentre sur ceux qui ont envie de «bosser» avec nous sur l’émission.

Finalement, on a la plus grande rédaction du pays ! Tout le monde peut participer, et c’est vrai que j’en ai marre de cet intellectualisme des journalistes qui sont au-dessus de la mêlée. Ça suffit ! Si un fossé s’est creusé, c’est parce qu’on ne va pas assez regarder ce que les gens veulent et ce qu’ils attendent. Il n’y a pas de question naïve, je trouve. Facebook n’est pas un ennemi, mais un allié potentiellement fort.

Justement, c’est facile de modérer des débats aussi animés ?

Les débats en direct sont difficiles, mais pour rien au monde, je ne voudrais que l’on propose une émission enregistrée. C’est compliqué en effet parce qu’il faut être attentif à tout. J’ai parfois l’impression que mon cerveau est divisé en 7 ou 8 parties. Le plus difficile vient des hommes et des femmes politiques qui ont de l’expérience de l’argumentaire, et ils partent parfois dans l’esbroufe avant de réellement répondre à une question. «À votre avis» laisse beaucoup plus aux invités le temps de développer leurs arguments que ça ne se fait ailleurs. On est très appréciés pour ça…

Et avec les citoyens ?

Parfois, sans expérience, ils se lancent dans des discours qu’il faut interrompre. C’est énervant, mais c’est comme ça. Après l’émission, je leur dis que quand ce sont les politiques qui ne répondent pas aux journalistes, ça vous agace. Mais bien souvent, les citoyens sur le plateau n’écoutent pas la question non plus et balancent ce qu’ils ont à dire. Maintenant, on fait un petit briefing avant l’émission pour que le débat soit audible. Il vaut mieux deux bonnes interventions de 30 secondes qu’une seule un peu pompeuse d’une minute.

Vous arrivez facilement à avoir des invités en soirée ?

C’est plus facile le mercredi que le dimanche. Le dimanche, les intervenants devaient préparer leurs interventions le samedi, et en plus, la journée du dimanche était perdue aussi.

Ça ne les amusait pas forcément. Alors que le mercredi, c’est «après le boulot».

Vous reviendriez le dimanche midi ?

Honnêtement non. Il y a un essoufflement dans cette case, et la concurrence ne me contredira pas. Je pense qu’on entend mais qu’on n’écoute pas à cette heure-là. C’est un bruit de fond… On l’a bien senti et notre public nous le disait.

C’était une tradition incontournable pendant 30 ans…

Oui, c’était incontournable, mais si vous regardez l’évolution au nom de l’audience avec 5 ou 6 débats en 90 minutes, on ne retient rien et ce n’est pas notre ADN. Nous, on a fait le pari d’écouter un minimum les femmes et les hommes politiques, ou alors ce n’est plus une émission de débat, mais un talkshow comme «Ciel mon mardi». Un bon débat politique doit avoir un peu moins de rythme. Il faut l’accepter, et oui, ce sera alors un peu moins moderne. Mais plus efficace.

Comment voyez-vous 2019 ?

(rires) On n’a pas fini de parler de crise. J’espère que des choses pourront se tasser. Il est plus que temps que certaines demandes citoyennes soient écoutées. Le signal n’a jamais été aussi fort. Le monde politique doit vraiment faire quelque chose, et les petits jeux politiques ne sont plus acceptables aujourd’hui.

Le fossé n’a jamais été aussi grand, et j’espère que la prise de conscience sera suivie des faits sous peine de voir le populisme continuer de grandir.

Au niveau des thèmes de débat, les affaires courantes, c’est la galère ?

Ça risque de l’être, oui, mais à nous d’être attentifs à ce que les gens demanderont et à ce qui se dit sur les réseaux sociaux pour se nourrir. Au niveau politique, on a bien compris qu’on n’allait plus avoir de grandes décisions ou de grands projets de loi. Ce n’est pas grave… D’autres débats de société vont voir le jour, et on sera présent. 2019 sera peut-être l’année où la confiance entre le politique et le citoyen sera renouée. Ce sera le grand pari.

Pas d’élections anticipées, c’est aussi un soulagement pour la RTBF…

Pour les budgets, c’est un autre département qui pourrait répondre, mais s’il avait fallu faire des heures supplémentaires et y aller, on y serait allé… C’est notre job.

En 2018, vous aviez fait des remplacements au JT. Ce sera encore le cas prochainement ?

Quand on m’appelle, j’y vais, mais c’était vraiment un concours de circonstances avec la Coupe du Monde de football. J’ai été ravi de le faire. C’était sans autre ambition que du dépannage.

Entretien : Pierre Bertinchamps

Rendez-vous ce lundi 31 décembre sur telepro.be pour le bilan d’une année 2018 très sportive avec Anne Ruwet !

On ne pensait pas que l’on pourrait en parler pendant une heure, et finalement, il y avait eu une vraie attente des gens. On a consacré trois semaines d’affilées à ce mouvement social.

Le public préfère des sujets politiques ou de société ?

Il veut quelque chose qui mêle les deux. On a pu définir une ligne de conduite pour «À votre avis». Il faut d’abord que le sujet soit dans l’actualité la plus proche possible. Parfois, le mercredi, à midi, on chamboule tout. Ensuite, un sujet trop «politique» comme sur une révision de la Constitution, ça ne va pas fonctionner. Ce qui ne marche pas chez nous, c’est de faire un débat sur les conditions de vie en prison, sauf si, là aussi, il y a une actu chaude derrière.

C’est le même public que le dimanche midi ?

Je ne pense pas. La moyenne d’âge a été rajeunie, et ce qui nous a apporté un vrai coup de fraîcheur, c’est internet et les réseaux sociaux. Et sur Facebook, la catégorie majoritaire qui suit l’émission, ce sont les 25-45 ans. On va devoir continuer à surfer sur cette vague, et faire participer de plus en plus le public d’internet, et ne pas faire que du débat télé.

Les jeunes s’intéressent à la politique ?

Je suis surpris de voir que les jeunes s’impliquent et nous interpellent. Pas mal de groupes de jeunes viennent sur le plateau, le mercredi soir, que ce soit des écoles ou des associations de quartier.

Il y a un côté pédagogique parce qu’on organise des visites gratuites de la RTBF avant l’émission, et je reste un peu avec eux pour discuter après le direct. Je remarque que le débat se poursuit après l’émission. Si on peut participer à ce travail pédagogique, on continuera de la même manière.

Ces discussions vous nourrissent ?

On sait que les jeunes ont des centres d’intérêt particuliers… Je ne dirais pas que j’ai eu des idées venant des jeunes, mais j’ai eu des suggestions. Un thème comme «Les Youtubeurs sont-ils les leaders de demain ?», on ne pourrait pas se le permettre. C’est trop magazine de société, et ça n’impliquerait pas assez le monde politique.

Facebook n’est-il pas votre meilleur ennemi ?

Il nous a aidés à comprendre ce qui ne fonctionnait pas dans l’esprit de certaines personnes. Il y a des gens complètement désabusés par rapport à la société et qui passent leur temps à nous insulter. On vit avec, et on a appris à faire abstraction. D’un autre côté, on reçoit de plus en plus de messages argumentés et positifs par rapport à la qualité de l’émission. C’est du coup, plus gai de travailler dans ces conditions. Aujourd’hui, on se concentre sur ceux qui ont envie de «bosser» avec nous sur l’émission.

Finalement, on a la plus grande rédaction du pays ! Tout le monde peut participer, et c’est vrai que j’en ai marre de cet intellectualisme des journalistes qui sont au-dessus de la mêlée. Ça suffit ! Si un fossé s’est creusé, c’est parce qu’on ne va pas assez regarder ce que les gens veulent et ce qu’ils attendent. Il n’y a pas de question naïve, je trouve. Facebook n’est pas un ennemi, mais un allié potentiellement fort.

Justement, c’est facile de modérer des débats aussi animés ?

Les débats en direct sont difficiles, mais pour rien au monde, je ne voudrais que l’on propose une émission enregistrée. C’est compliqué en effet parce qu’il faut être attentif à tout. J’ai parfois l’impression que mon cerveau est divisé en 7 ou 8 parties. Le plus difficile vient des hommes et des femmes politiques qui ont de l’expérience de l’argumentaire, et ils partent parfois dans l’esbroufe avant de réellement répondre à une question. «À votre avis» laisse beaucoup plus aux invités le temps de développer leurs arguments que ça ne se fait ailleurs. On est très appréciés pour ça…

Et avec les citoyens ?

Parfois, sans expérience, ils se lancent dans des discours qu’il faut interrompre. C’est énervant, mais c’est comme ça. Après l’émission, je leur dis que quand ce sont les politiques qui ne répondent pas aux journalistes, ça vous agace. Mais bien souvent, les citoyens sur le plateau n’écoutent pas la question non plus et balancent ce qu’ils ont à dire. Maintenant, on fait un petit briefing avant l’émission pour que le débat soit audible. Il vaut mieux deux bonnes interventions de 30 secondes qu’une seule un peu pompeuse d’une minute.

Vous arrivez facilement à avoir des invités en soirée ?

C’est plus facile le mercredi que le dimanche. Le dimanche, les intervenants devaient préparer leurs interventions le samedi, et en plus, la journée du dimanche était perdue aussi.

Ça ne les amusait pas forcément. Alors que le mercredi, c’est «après le boulot».

Vous reviendriez le dimanche midi ?

Honnêtement non. Il y a un essoufflement dans cette case, et la concurrence ne me contredira pas. Je pense qu’on entend mais qu’on n’écoute pas à cette heure-là. C’est un bruit de fond… On l’a bien senti et notre public nous le disait.

C’était une tradition incontournable pendant 30 ans…

Oui, c’était incontournable, mais si vous regardez l’évolution au nom de l’audience avec 5 ou 6 débats en 90 minutes, on ne retient rien et ce n’est pas notre ADN. Nous, on a fait le pari d’écouter un minimum les femmes et les hommes politiques, ou alors ce n’est plus une émission de débat, mais un talkshow comme «Ciel mon mardi». Un bon débat politique doit avoir un peu moins de rythme. Il faut l’accepter, et oui, ce sera alors un peu moins moderne. Mais plus efficace.

Comment voyez-vous 2019 ?

(rires) On n’a pas fini de parler de crise. J’espère que des choses pourront se tasser. Il est plus que temps que certaines demandes citoyennes soient écoutées. Le signal n’a jamais été aussi fort. Le monde politique doit vraiment faire quelque chose, et les petits jeux politiques ne sont plus acceptables aujourd’hui.

Le fossé n’a jamais été aussi grand, et j’espère que la prise de conscience sera suivie des faits sous peine de voir le populisme continuer de grandir.

Au niveau des thèmes de débat, les affaires courantes, c’est la galère ?

Ça risque de l’être, oui, mais à nous d’être attentifs à ce que les gens demanderont et à ce qui se dit sur les réseaux sociaux pour se nourrir. Au niveau politique, on a bien compris qu’on n’allait plus avoir de grandes décisions ou de grands projets de loi. Ce n’est pas grave… D’autres débats de société vont voir le jour, et on sera présent. 2019 sera peut-être l’année où la confiance entre le politique et le citoyen sera renouée. Ce sera le grand pari.

Pas d’élections anticipées, c’est aussi un soulagement pour la RTBF…

Pour les budgets, c’est un autre département qui pourrait répondre, mais s’il avait fallu faire des heures supplémentaires et y aller, on y serait allé… C’est notre job.

En 2018, vous aviez fait des remplacements au JT. Ce sera encore le cas prochainement ?

Quand on m’appelle, j’y vais, mais c’était vraiment un concours de circonstances avec la Coupe du Monde de football. J’ai été ravi de le faire. C’était sans autre ambition que du dépannage.

Entretien : Pierre Bertinchamps

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