Simone Signoret, sans langue de bois !

Simone Signoret accède au rang de vedette grâce, notamment, à «Casque d'or» de Jacques Becker © Lido – Sipa Press

Arte diffuse un émouvant documentaire sur la carrière d’une actrice dont la vie fut marquée par l’engagement et qui n’avait pas sa langue en poche !

«Un jour, entre adorable à croquer et intéressante, j’ai choisi d’être intéressante.» L’allégation faite à un journaliste par Simone Signoret était fausse. En réalité, elle était les deux. D’une beauté resplendissante, elle vivait en femme libre, engagée, loin des conformismes et lutta toute sa vie pour la vérité. Lundi, sur Arte, la réalisatrice Michèle Dominici livre un portrait inédit de l’actrice qui s’exprimait avec une singulière liberté sur son métier et ses choix.

Née en Allemagne

Née en 1921 à Wiesbaden, en Allemagne, où son père officier, Juif français d’origine polonaise, est alors en poste, la jeune Simone Kaminker grandit à Neuilly-sur-Seine avec deux frères cadets, Alain et Jean-Pierre. En 1940, son père rejoint Charles de Gaulle à Londres. Elle abandonne alors ses études pour aider sa mère à subvenir aux besoins de la famille. Le secrétariat ne la pas sionne pas, ce qu’elle veut, elle, c’est devenir actrice. Simone se fait des copains au café de Flore, le repaire de la bohème parisienne. Et parvient à faire de la figuration dans quelques films…

Loin des clichés

Les petits rôles s’enchaînent jusqu’à sa rencontre avec le réalisateur Yves Allégret, en 1943, qui la dirige dans «Les Démons de l’aube» (1945). Il lui donnera ses premiers rôles importants. Elle lui donnera une fille, Catherine Allégret, née en 1946, avant de l’épouser en 1948. Quelques mois plus tard, sur un coup de foudre, elle quitte Yves pour un jeune chanteur découvert par Édith Piaf et rencontré à Saint Paul de Vence, Ivo Livi, dit Yves Montand. Elle l’épousera le 22 décembre 1951. Compagnon de route du Parti communiste dans les années d’après-guerre, le couple Signoret-Montand sera de tous les combats de l’intelligentsia de gauche : contre l’arme nucléaire, la chasse aux sorcières aux États-Unis, pour l’indépendance de l’Algérie…

Franc-parler

Actrice intransigeante – «une façon polie de dire que je suis une emmerdeuse» -, multirécompensée, Simone Signoret, disparue en 1985, a une filmographie impressionnante : «Casque d’or», «Les Chemins de la haute ville», pour lequel elle reçoit un Oscar en 1960, «Thérèse Raquin», «La Vie devant soi», qui lui vaut un César en 1978, «La Ronde», «Les Diaboliques», «La Veuve Couderc» ou «L’Armée des ombres»… Retour sur ce fameux Oscar, reçu aux États-Unis le 4 avril 1960. Alors qu’elle rentre en France, Montand entame une idylle avec Marilyn Monroe, qui durera quelques années. Le comédien et chanteur choisit de revenir à Simone. «En vingt ans, tous les êtres humains ont plein d’occasions de se décevoir, de se faire du mal, ce qui ne veut pas dire qu’on se hait. Dans le fond, je trouverais très embêtant d’être avec un monsieur qui ne plaise à personne»… En réalité, Simone Signoret en gardera une blessure profonde.

Cet article est paru dans le Télépro du 2/03/2023.

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