«Télématin» (France 2) : 30 ans à nous réveiller du bon pied !

«Télématin» (France 2) : 30 ans à nous réveiller du bon pied !
Pierre Bertinchamps Journaliste

Toute cette semaine, la première matinale télé de France fête ses 30 ans de présence sur France 2. Une longévité inespérée qui n’est pas prête de s’arrêter !

C’était le 10 janvier 1985, alors encore sur Antenne 2, que William Leymergie révolutionnait les petits matins des français.

«Vous êtes les bienvenus. À partir de maintenant, on s’occupe de tout…», le ton était donné par le journaliste qui, 30 saisons plus tard, est toujours bon pied, bon œil dès potron-minet, à 6h30, du lundi au samedi.

Un Morning News à la française

Petite révolution dans les contrées francophones, «Télématin» était inspiré des Morning News anglo-saxons : un mélange de flashes d’information, d’interviews politiques, de chroniques culturelles ou de conseils pratiques pour accompagner les téléspectateurs au réveil.

Trente ans plus tard, «Télématin» est non seulement devenue une émission culte, mais aussi la matinale télévisée la plus regardée de France, avec 1,2 millions de téléspectateurs en moyenne, et 33,6 % de parts de marché. Soit un Français sur 3 devant la télé, à cette heure-là.

Difficile à installer en 1985

Mais s’installer ne fut pas simple, comme l’explique Willilam Leymergie : «À la différence des Anglo-Saxons ou des Japonais, les Français ont mis du temps à consommer l’image le matin, leur compagnon d’info matinal restant majoritairement la radio. En France, regarder la télévision reste principalement un moment de divertissement. Comme on ne se divertit pas à sept heures du matin, nous nous sommes alignés sur la manière dont les radios informaient… Un rythme rapide, une explication claire et concise avec un ton souriant tout le temps.»

Le concept en a interpellé plus d’un, notamment la concurrence qui a tenté de vaincre par un face à face brutal. Fraîchement privatisée, TF1 lance son «Télématin» en vain. La production en direct avec de l’info ça coûte cher, trop pour une chaîne commerciale qui préférera jouer la carte de la contre-programmation enfantine.

Ne pas bousculer au réveil

Si «Télématin» est toujours un succès en 2015, c’est parce que le programme a suivi l’air du temps et ne cesse d’évoluer sans révolutionner les habitudes du téléspectateur. D’ailleurs, alors que les cadrans d’horloge tendent à disparaître au profit des affichages digitaux, l’indémodable petite horloge qui brille en bas à gauche de l’écran fait partie du rituel des Français.

«Les aménagements sont indispensables, constants mais quasi imperceptibles. Il ne faut pas les claironner car le téléspectateur ne doit pas se sentir « bousculé » dans ses habitudes», ajoute l’animateur. «Il faut savoir se situer dans l’air du temps, tant au niveau du ton et de l’image que du commentaire, sans pour autant brusquer le public.»

À 68 ans, William Leymergie n’est pas prêt de raccrocher. Et si le secret de sa bonne humeur matinale était de se lever tous les jours à 5 heures du matin depuis plus de 30 ans ?

Et un «Télématin à la belge» ?

Chez nous, même si on en (re)parle régulièrement, l’arrivée d’un «Télématin à la belge» n’est pas pour tout de suite. En France, les chaînes de télé sont indépendantes des stations de radio : France Télévisions et Radio France sont des entités séparées. 

À l’inverse de chez nous, où chaque diffuseur (excepté AB3) fait à la fois de la radio et de la télévision. Mettre une matinale en télé aurait pour premier effet d’aller prendre du public là où les radios font leurs meilleurs scores d’audiences et donc de rentrées publicitaires.

Et l’annonceur sera difficile à convaincre pour investir aussi le matin en télé… Voilà pourquoi, c’est plutôt le concept de la radio à la télévision qui a la cote en Belgique.

Côté audiences, à titre indicatif, vendredi dernier, «Télématin» avait intéressé 20.682 Belges (12,4 % de PdM), contre 3.894 personnes (2,5 %) devant «Matin Première» sur La Une. C’est «BEL RTL Matin» qui cartonnait chez nous avec 37.878 téléspectateurs (30 %) pour RTL-TVI.

Pierre Bertinchamps

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