Comment bien utiliser les antidouleurs

Les antidouleurs sont omniprésents dans nos armoires à pharmacie. Des traitements si courants qu'on en oublie trop souvent leurs dangers. © Getty

Paracétamol, ibuprofène ou aspirine… Délivrés sans prescription, ces antalgiques ne sont pas pour autant dénués de risques. Gare à l’automédication prolongée.

Les trois molécules en vente libre, appelées analgésiques périphériques, sont des substances à base de paracétamol et d’anti-inflammatoires non stéroïdiens ou AINS (aspirine, ibuprofène). Elles agissent notamment au niveau de la production de prostaglandine, une substance impliquée entre autres dans le développement de la douleur et des réactions inflammatoires (fièvre). Leur action se limite donc aux souffrances périphériques touchant directement les tissus.

À la loupe

En pratique, le paracétamol est le premier réflexe contre une sensation physique pénible. C’est l’un des antidouleurs et antipyrétiques (médicament contre la fièvre) le plus «consommé» au monde. On peut l’utiliser chez l’enfant, la femme enceinte et la personne âgée. Il est efficace en cas de grippe, de refroidissement, de mal de gorge, de maux de tête, de douleurs dentaires ou menstruelles.

Le paracétamol a l’avantage d’une innocuité à condition de ne pas dépasser la dose maximale recommandée qui est de quatre grammes par vingt-quatre heures. Chez l’enfant, la dose maximale est de dix à quinze milligrammes par kilo de poids. Entre chaque prise, il est impératif de respecter un intervalle de quatre heures.

Attention au paracétamol «caché». De nombreux médicaments en contiennent. Si vous prenez simultanément plusieurs cachets (douleurs, fièvre, allergies, rhume ou état grippal), cette combinaison peut constituer un risque de surdosage potentiel. Étudiez toujours les notices à la loupe. Une «overdose» de paracétamol peut exposer à des problèmes hépatiques pouvant aboutir à une nécrose du foie parfois mortelle. De manière générale, ce traitement doit être le plus court possible, maximum trois jours. Au-delà, il faut consulter un médecin !

Le bon usage des AINS

Nous réagissons différemment aux médicaments. L’aspirine et l’ibuprofène peuvent donc être efficaces chez certains patients en cas de douleur ou en cas de fièvre. Mais l’aspirine induit des saignements. C’est d’ailleurs pour cet effet antithrombotique (elle fluidifie le sang pour éviter les caillots) qu’elle est surtout prescrite, à très faibles doses et à long terme. Comme pour le paracétamol, ne dépassez pas cinq jours d’automédication en cas de douleur et trois jours en cas de fièvre. Les AINS sont contre-indiqués chez les patients souffrant d’ulcère de l’estomac, de problèmes hémorragiques, de maladie rénale chronique, d’insuffisance hépatique ou cardiaque.

Opioïdes, hausse inquiétante

Pour les personnes qui souffrent de douleurs chroniques, les antalgiques classiques ne suffisent plus. On se tourne alors vers les opioïdes, antidouleurs dérivés de la morphine. Très efficaces, ils génèrent chez le patient une dépendance très forte. Selon l’Inami, en 2018, plus d’un million de Belges ont consommé cette famille de médicaments, soit une augmentation de 56 % en dix ans. Certains patients font appel à des dizaines de médecins afin de s’approvisionner ! Un usage élevé et chronique d’opioïdes peut être très dangereux et créer des dépendances équivalentes à celles que présentent des héroïnomanes. Ils peuvent provoquer une sensibilité accrue à la douleur ce qui entraine aussi une augmentation de la consommation. Les opioïdes ont aussi comme conséquence une somnolence avec des risques d’accidents de la route et du travail ainsi qu’une efficacité moindre au travail.

Cet article est paru dans le magazine Télépro du 19/3/2020

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