Soigner la dépression autrement

Dans un cas sur trois, les médicaments ne fonctionnent pas... © Getty

Méditation de pleine conscience, psychoéducation, gym douce, diététique, art-thérapie, stimulation électrique transcrânienne… Ces traitements sont des compléments intéressants aux antidépresseurs prescrits en cas de dépression.

Selon l’enquête nationale sur la santé des Belges, publiée en 2013 par l’ISP, l’Institut scientifique de santé publique, 15 % de la population âgée de 15 ans et plus présentaient des symptômes pouvant évoquer la présence d’un trouble dépressif. Ce chiffre est en augmentation par rapport à 2008. Certes, la médecine dispose d’outils efficaces, les antidépresseurs, pour lutter contre la maladie. Mais une part importante (30 %) des dépressions ne répond pas de manière satisfaisante aux traitements pharmacologiques.

Bonne nouvelle : une autre prise en charge de la dépression, non médicamenteuse, fait ses preuves et semble prometteuse. Explications du docteur Pierre Cole, psychiatre, médecin résident à la Clinique de la dépression au CHU Brugmann à Bruxelles.

Quelle est la définition de la dépression ?

La dépression est encore souvent confondue avec la déprime, c’est-à-dire des états passagers de mal être, des moments de cafard, des coups de blues ou des périodes de découragement, de fatigue ou de stress. Il s’agit d’émotions normales qui font partie de la vie. La véritable dépression, en revanche, est une maladie authentique qui dure dans le temps (de quelques semaines à quelques mois) et se caractérise par la multiplicité des signes et la souffrance morale très forte et constante.

Comment soigne-t-on la dépression ?

En cas d’épisode dépressif modéré à sévère, le médecin prescrira un antidépresseur. Il permettra de diminuer significativement les symptômes de la maladie et leurs conséquences sur la vie quotidienne. Cela dit, l’étude STAR*D, une étude pharmacologique de grande importance, menée il y a une quinzaine d’années, a mis en évidence le fait qu’une personne sur trois ne montre pas de réponse satisfaisante à neuf mois de traitements par antidépresseurs. De surcroît, ces traitements s’accompagnent de nombreux effets secondaires.

Quelles sont les thérapeutiques non médicamenteuses ?

La résistance thérapeutique aux approches pharmacologiques nous a donné l’idée de développer des traitements non-médicamenteux. Il y a deux ans et demi, nous avons créé la Clinique de la dépression, pionniers en ce domaine. Les programmes thérapeutiques sont organisés en hôpital de jour et se déroulent pendant trois mois à raison de deux séances par semaine. Au cours de ces séances, les patients sont accompagnés par une équipe multidisciplinaire : psychiatre, psychologue, art-thérapeute, kinésithérapeute et diététicienne.

Le programme combine-t-il diverses activités thérapeutiques ?

La méditation de pleine conscience qui donne de très bons résultats dans le traitement de l’anxiété, prévient les risques de rechutes dépressives. La psychoéducation a pour but de mieux familiariser les patients avec la dépression. En effet, ils la connaissent mal et les séances de psychoéducation leur permettent de devenir «experts de leur maladie». La gym douce, conduite par un kinésithérapeute, a des effets sur l’humeur et améliore la tolérance au stress. La diététicienne prodigue des conseils d’une alimentation saine qui joue un rôle non négligeable dans la dépression. Elle met l’accent, par exemple, sur la consommation de tryptophanes, acide aminé qui est à l’origine de la synthèse de la sérotonine. Les aliments riches en tryptophanes sont, notamment, les légumineuses (soja, haricots, pois, lentilles), le chocolat noir, les noix et les graines. L’art-thérapie permet aux patients de «lâcher prise» au travers des médias artistiques.

Découvrez la suite de cette interview dans le magazine Télépro paru le 30/1/2020

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