Yann : «Un jeu de piste macabre à Bruxelles»

Yann : «Un jeu de piste macabre à Bruxelles»

Basé sur un fait divers qui défraya la chronique bruxelloise en 2007, le nouvel album de Yann et Christian Lamquet, «Le Tueur aux mangas», se déroule dans notre capitale. Il met aux prises un groupe d’ados apprentis détectives et un tueur machiavélique. Rencontre avec un très prolifique scénariste.

Yann, d’où vous est venue cette idée de tueur aux mangas ?

Ca fait dix ans que les éditeurs me demandaient le scénario d’un polar, avec un bon vieux serial killer à New York, ou à Los Angeles pour faire plus original. Cela ne m’inspirait guère. Puis en septembre 2007, je suis tombé sur l’histoire de ce corps découpé, retrouvé par un promeneur au parc Duden, à Forest (Bruxelles). Une phrase en japonais extraite d’un manga célèbre, «Death Note», était placée sur le corps. Là ça devenait très intéressant : cela parlait de manga et se déroulait à Bruxelles, ville où la BD est omniprésente.

C’est la première fois que vois travaillez avec Christian Lamquet…

Son dessin offre un réalisme non pas photographique, mais retravaillé, qui correspondait tout à fait à ce que je voulais. Il fallait qu’on reconnaisse les rues de Bruxelles, qui est un personnage à part entière de l’album. L’enquête est aussi un prétexte pour présenter des ados de maintenant qui s’amusent à mener une petite enquête sans se douter que cela peut devenir très dangereux pour eux.

C’est-à-dire ?

L’une des adolescentes a pris une photo du cadavre et la poste sur un forum en ligne pour progresser dans l’enquête. Ce qui va attirer le vrai tueur… À partir de là, alors que le tome débute comme un manga, on tombe dans le policier plus traditionnel. Le second opus sera d’ailleurs un thriller pur et dur.

Quel est votre rapport au manga ?

Mes enfants et moi-même en lisons beaucoup. Il y en a d’excellents qui méritent d’être comparés aux meilleures BD européennes. Le manga a d’ailleurs été très bénéfique car il a attiré de jeunes lecteurs vers la BD.

Avez-vous enquêté sur ces fameux forums de détectives amateurs en ligne ?

Je me suis inspiré de deux forums qui s’intéressaient au tueur aux mangas, le vrai. Je n’avais qu’à recopier les propos des jeunes qui s’y exprimaient. Ce qui était intéressant, c’est qu’ils émaillaient leurs discussions de réflexions liées à leur quotidien («Je dois vous laisser, j’ai une interro de math à préparer», etc.), tout en faisant des suggestions sur l’affaire…

Dans l’album, le langage utilisé par les jeunes héros est assez cru…

C’est celui que j’entends quand mes enfants viennent à la maison avec leurs copains-copines. Aujourd’hui, grâce à Internet, ils sont au courant d’énormément de choses ! Cela fait dix ans qu’ils savent ce qu’est un pédophile, par exemple, et ce qu’il fait aux petits enfants. Ils savent qu’il ne leur donne pas des sucettes ! Mais ce qui fait peur aux jeunes actuels, c’est la crise économique. Ils s’angoissent trop… Alors qu’à l’époque, à leur âge, je ne pensais qu’à m’amuser.

Vous êtes un scénariste extrêmement prolifique. Comment faites-vous pour gérer cette masse de travail ?

C’est simple, je ne fais rien d’autre, ma femme s’occupe du reste ! (rire) Je suis une espèce d’autiste, d’idiot savant qui ne sait que s’intéresser aux BD. Là, je travaille sur huit projets. On peut difficilement faire plus !
Entretien : Julien BRUYÈRE

À lire
«Le Tueur aux mangas – Tome 1», Yann et Lamquet, 12,95 € (Casterman)

Découvrez l’interview de Christian Lamquet !

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