Denzel Washington : «J’ai dit non à Luther King»

Denzel Washington © Isopix
Giuseppa Cosentino Journaliste

L’interprète de «Malcolm X» a fait de son engagement un moteur, replaçant la figure de l’homme noir au cœur de la fiction américaine.

Denzel Washington est à l’aube de l’adolescence lorsque deux grands militants pour la cause noire, Malcolm X puis Martin Luther King, sont assassinés. La société américaine des années 1960 est alors tiraillée entre, d’un côté, le racisme ambiant, et de l’autre, l’activisme émergent des Afro-Américains luttant pour l’égalité.

Le jeune Denzel n’a qu’une ambition : échapper à sa condition. Le cinéma lui offre cette chance ! Un documentaire d’Arte, «Denzel Washington – Un modèle américain» (dimanche, 22.50), retrace le parcours de l’artiste engagé qui, comme son aîné Sidney Poitier, a inspiré une génération d’acteurs.

Médecin journaliste

Fils d’un pasteur et d’une esthéticienne, Denzel pousse son premier cri le 28 décembre 1954. Il grandit à Harlem jusqu’au divorce de ses parents. Il a 14 ans et part en Floride avec sa mère. Brillant élève, il revient à New York pour entamer des études de médecine à l’université avant de s’orienter vers le journalisme et le théâtre. Une fois diplômé, il décide de devenir comédien. Son interprétation passionnée de Malcom X sur les planches lui permet de décrocher un premier prix.

Acteur engagé

Après des débuts au cinéma tout aussi prometteurs – dont l’Oscar du Meilleur second rôle masculin dans «Glory» (1989), un film sur le rôle des soldats noirs durant la guerre de Sécession -, il incarne, à nouveau, le leader noir musulman dans le biopic «Malcolm X» (1992). Denzel devient une référence pour la communauté afro-américaine. Cependant, lorsqu’on lui propose le rôle de Martin Luther King, il refuse ! Hors de question pour lui de «se laisser enfermer dans un seul type de personnage».

Action !

En 1993, l’acteur s’attaque avec brio aux rôles habituellement réservés aux Blancs : journaliste antisystème dans «L’Affaire Pélican» (avec Julia Roberts), ou avocat humaniste défendant Tom Hanks dans «Philadelphia» (mélodrame sur l’homophobie et le sida), il est encensé par la critique !

Avec «USS Alabama» (1995) (à voir dimanche sur Arte à 20.55), «À l’épreuve du feu» (1996), «Man on Fire» (2004), «Unstoppable» (2009), «Equalizer» (2014)… l’image de héros viril lui colle à la peau. Et lorsqu’il ose la ternir, comme dans «Training Day» (2001), il rafle un second Oscar !

En 2016, il reçoit, des mains de son ami Tom Hanks, le prestigieux Cecil B. DeMille Award qui le récompense pour l’ensemble de sa carrière. Faisant de lui le troisième acteur afro-américain à obtenir cet honneur, après Sidney Poitier et Morgan Freeman.

La relève

À 67 ans, rien ne semble ébranler cet artiste accompli qui vient de rempiler pour «Equalizer 3». Fervent chrétien, celui qui déclare «lire la Bible tous les jours» se dit confiant quant à l’avenir. Et pour cause ! Après avoir été une star de football américain, son fils aîné, John David, s’est récemment distingué dans «Blackkklansman : j’ai infiltré le Klu klux klan», un thriller sur fond d’émeutes raciales. Ce rôle engagé lui a valu une nomination au Golden Globe.

Cet article est paru dans le Télépro du 20/10/2022

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