Gaspard Proust, le dézingueur

À 44 ans, ce Slovéno-suisse est souvent vu comme le «petit frère» de Pierre Desproges © isopix

Il pratique un humour piquant, est cynique, provocateur et paraît même cruel, comme en témoigne son premier one-man-show, «Gaspard Proust tapine» à découvrir ce jeudi à 20h30 sur La Deux.

Il entre sur scène par la salle, ôte sa veste, regarde l’heure, annonce qu’il débute à 20.30 et s’ensuit une longue minute de silence face à un public surpris. 90 min plus tard, il repart comme il est venu sous les applaudissements. Pas de rappel, pas de tirade de mercis. C’est Gaspard Proust. Derrière ce Don Juan opportuniste, dépressif et misogyne, se cache Gašper Pust un Slovèno-suisse érudit, amateur de musique classique et plutôt épanoui. «Si je pensais tout ce que je dis dans mes spectacles, je me tirerais une balle après !», assène-t-il.

C’est l’histoire d’un gars né en Slovénie, élevé en Algérie par des parents nudistes, étudiant en commerce à Lausanne devenu gestionnaire de fortunes qui atterrit sur les planches à Paris. En 2010, Gaspard a 34 ans et crée l’événement. Du haut de son mètre 80, il dézingue sur l’actu, trie les femmes comme le vin (1er cru classé, cru bourgeois, vin de pays, piquette), s’attaque à la religion, au handicap, aux écolos urbains, comme à la sexualité. Rien ne l’arrête. Il connaît la France comme sa poche, même s’il déteste Paris. Le phénomène Proust s’amplifie. Auréolé du prix Raymond Devos, il affiche complet partout. Laurent Ruquier le produit, frappé par «la qualité de son écriture» et son «absence de charisme qui en crée un». Thierry Ardisson en fait un chroniqueur de «Salut les Terriens». Les médias parlent du «petit frère de Desproges», de son «esprit décalé et désenchanté».

Sa liberté de penser

Après des détours par le théâtre («Inconnu à cette adresse») le cinéma lui tend les bras («Des lendemains qui chantent»…). Outre le physique, Gaspard partage avec Frédéric Beigbeder cet air de dandy désinvolte et de playboy hédoniste : ils se retrouvent sur deux films du second, Proust jouant une sorte d’ersatz de Beigbeder («L’Idéal», «L’Amour dure trois ans»). Fin 2016, il revient dérider ses semblables avec «Nouveau spectacle». Et s’inquiète du langage politiquement correct. «La France me fait penser parfois à l’ex-Yougoslavie. La seule différence est qu’on ne risque pas le goulag mais plutôt une mort sociale. Sur scène, il règne encore une vraie liberté», constate-t-il. Dans un long entretien accordé à Marie Claire, il remet quelques pendules à l’heure sur son parcours. «Je viens d’une famille modeste, je ne suis pas né avec une cuillère en argent dans la bouche. Comme je suis passé par la Suisse, on m’a collé les fantasmes liés à ce pays. Et on m’imagine débarquant avec une Rolex à Paris. Ce n’est pas moi.» Pour ce célibataire au long cours, l’amour, est «un petit truc léger, comme ça, qui vous traverse, une petite sensation, cela n’a aucun intérêt.» ? À la rentrée, Proust s’offrira un dernier tour de piste à la Comédie des Champs-Élysées, à Paris, toujours avec «Nouveau spectacle».

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Cet article est paru dans le Télépro du 6 août 2020

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