Hugh Hefner : son testament machiavélique !

La face cachée de l’héritage de Hugh Hefner, le fondateur de Playboy © Getty Images

Les traces qu’a laissées le créateur de Playboy, décédé à 91 ans en 2017, sont aussi bien calculées que l’a été son business. Fidèle à sa réputation, il n’a rien laissé au hasard.

Le testament de Hugh Hefner pourrait s’intituler «Comment continuer à contrôler les siens au-delà la mort ?». C’est ce qu’ont découvert ses héritiers : sa troisième et dernière épouse, Crystal, et ses quatre enfants, Christie et David, les aînés, Marston et Cooper, les cadets, nés de ses deux précédents mariages.

Spécialiste minutieux

Personne n’a été ni délaissé ni lésé, mais les clauses imaginées par le magnat des médias sont si stratégiques que le magazine Forbes qualifie le défunt de «modèle» et de spécialiste ès planification successorale : «Sa minutie rend peu probable une bataille judiciaire pour l’héritage !» À première vue, l’ensemble est de facture classique : Hefner a confié la moitié de sa richesse aux siens à parts égales et l’autre moitié à des oeuvres caritatives. Des 45 millions de dollars allant à la famille, sa veuve, Crystal Hefner, a reçu la somme substantielle de 7 millions et, selon The Sun, a hérité de la maison (5 millions de $) dans laquelle elle vivait avec Hugh à Hollywood Hills, ce dernier s’étant auparavant délesté de la célèbre Playboy House, le manoir où il organisait ses fêtes sulfureuses.

Trésors et enfants illégaux

Cette part léguée à Crystal a fait grincer quelques dents, la dame ayant été taxée de «stupide chercheuse de trésor» après une valse-hésitation : fiancée à Hugh en 2010, elle s’est enfuie du nid en juin 2011, cinq jours avant le mariage, pour finalement revenir sur sa décision et sur les lieux. Au bout du compte, le couple s’est marié en 2012. Les grandes surprises résident plutôt dans les pages annexes. Hugh Hefner, grand séducteur volage, déshérite et exclut d’office toute personne prétendant être, par la suite, l’un de ses enfants cachés, «y compris tout enfant conçu après sa mort, à moins que cet enfant n’ait été reconnu par lui, par écrit.» Cette clause n’est qu’un apéritif en regard du plat de résistance savamment concocté.

Sous surveillance

Les documents, selon The Blast, indiquent que si les administrateurs de la fortune d’Hefner soupçonnent l’un des bénéficiaires de consommer ou de détenir des substances illégales, il peut être suspendu ! Et voir ses droits rétablis après une période de sobriété de douze mois. Et toute dissimulation est impossible car les fiduciaires peuvent exiger un dépistage. Les documents préciseraient aussi : «S’ils pensent qu’en conséquence, le bénéficiaire est incapable de prendre soin de lui-même ou de gérer ses affaires financières, l’héritage sera aussi bloqué.»

S’il était de notoriété publique que l’alcool et les adjuvants en tout genre circulaient allègrement durant les soirées au manoir Playboy, son illustre patron, lui, affirmait détester la drogue. Cependant, certains journaux anglo-saxons se sont gaussés de pareille décision, le businessman ayant été celui qui a décomplexé l’Amérique entière à propos de la libération des moeurs, ainsi que de toutes leurs dérives collatérales. Et a dit un jour en parlant «gros sous» : «Il est parfois bon d’être égoïste sauf si on n’est jamais attentif aux autres.» Charité bien ordonnée…

Cet article est paru dans le Télépro du 3/08/2023.

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