Louise, Stéphanie et Clémentine… Tristes princesses de Belgique

Stéphanie et Rodolphe. Les noces furent flamboyantes, le mariage malheureux. © Getty Images

Qui se souvient des princesses Louise, Stéphanie et Clémentine ? La vie des filles de Léopold II n’eut rien d’un conte de fées ! Ce vendredi à 20h50 sur La Une, «Le Temps d’une histoire» revient sur le destin de plusieurs princesses belges.

Le prochain roi des Belges devrait être une Reine… Ce sera une première dans l’histoire de notre pays. Car jusqu’en 1991, la loi salique ne permettait pas aux femmes de monter sur le trône. Si notre princesse Élisabeth est promise à un bel avenir, ce ne fut pas le cas des princesses qui ont grandi avant elle à Laeken… Vendredi soir sur La Une, «Le Temps d’une histoire» revient sur leurs destins avec «Princesses de Belgique», un documentaire signé Patrick Weber et raconté par Virginie Hocq.

Le petit prince mort

Il était une fois… Louise, Stéphanie et Clémentine. Mais pour les trois filles de Léopold II, la vie ne fut pas un conte de fées ! Le Roi voulait un fils pour lui succéder à la tête de ce petit pays qu’il était en train de faire devenir grand. Il eut un fils, un petit Léopold auquel il tenait comme à la prunelle de ses yeux. Hélas, le prince meurt d’une pneumonie à 9 ans. Léopold II convainc alors son épouse, la reine Marie-Henriette, d’avoir un autre enfant. C’est ainsi que naît la petite dernière, la princesse Clémentine. Quand on lui apprend le sexe du nouveau-né, Léopold est pris d’une telle rage qu’il détruit ses jardins à coup de canne. Une fille ? Ça ne sert à rien !

En hôpital psychiatrique

Dans une famille royale de l’époque, une fille a pourtant une grande valeur : c’est une monnaie d’échange matrimonial. La dynastie belge étant jeune, elle a intérêt à faire de beaux mariages, qui créent des liens avec les grandes familles royales européennes. En 1875, Léopold décide de donner son aînée, Louise, qui a alors 16 ans, à un cousin : Philippe de Saxe-Cobourg Gotha. Les jeunes époux s’installent à Vienne, mais leur mariage est malheureux.

Quand Louise s’éprend d’un officier croate, son mari la fait déclarer folle pour éviter le scandale. La Princesse est internée en hôpital psychiatrique pendant plusieurs années, jusqu’à ce que son amant réussisse à la faire évader. Elle mènera ensuite une vie d’errance… Aujourd’hui, seule l’avenue Louise, à Bruxelles, rappelle le souvenir de cette princesse reniée par son père.

Des noces grandioses

Ce premier mariage malheureux ne refroidit pas le monarque. D’autant que le parti qui se présente pour sa deuxième fille, Stéphanie, est le plus beau qui soit ! Il s’agit de l’archiduc héritier d’Autriche-Hongrie, le fils de l’empereur François-Joseph et de Sissi. Le prince Rodolphe est un don juan invétéré que ses parents ont sommé de se marier avec une princesse de religion catholique et membre d’une famille régnante. Ce sera donc Stéphanie de Belgique.

Les noces sont grandioses, les jeunes mariés ouvrent le bal au rythme d’un orchestre dirigé par Johan Strauss, et Stéphanie donne rapidement un premier enfant à son époux. Mais Rodolphe continue de mener une vie dissolue. En 1889, on le retrouve mort dans un pavillon de chasse à Mayerling. Il a probablement tué sa dernière maîtresse avant de se suicider.

Veuve à 25 ans, Stéphanie n’est plus rien. Elle est cependant tenue de rester à la cour de Vienne jusqu’à ce que sa fille soit majeure. Elle s’en échappe en 1900 pour épouser un comte hongrois dont elle est sincèrement amoureuse. Estimant qu’elle fait une mésalliance, Léopold II lui interdit de franchir les frontières belges.

Loin de Laeken

Devant tant de malheurs, Clémentine, la cadette, refuse tout mariage arrangé. Elle est amoureuse du prince Victor Napoléon, le petit-neveu de Bonaparte, qui vit à Bruxelles. Mais Léopold refuse cette alliance qui pourrait le mettre en délicatesse avec la France républicaine. La princesse attendra donc la mort de son père, en 1909, pour enfin épouser son prince, à l’âge de 39 ans. À sa mort, en 1955, Clémentine demandera à être enterrée en Corse, dans la patrie de Bonaparte. Très loin de Laeken.

Cet article est paru dans le Télépro du 8/12/2022

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